Publié le 30 avril, 2007
0Un vrai moment de démocratie
Dans toutes les grandes démocraties européennes, il est de coutume que les formations politiques destinées à constituer une majorité, prennent le temps de dialoguer, de passer des compromis, de définir leur programme d’action collectivement, une fois les résultats des élections (le plus souvent à la proportionnelle) connus. En France, rien de tel. Au nom du prétexte quasi monarchique selon lequel la Présidentielle serait la rencontre d’un homme avec le peuple, il serait dégradant de dialoguer, compromettant de passer des compromis, pour tout dire indigne de notre démocratie prétendument éclairée de prendre en compte les messages que les français ont adressé lors du premier tour de scrutin.
En prenant l’initiative de ce débat, Ségolène Royal a marqué un point, et en l’acceptant, François Bayrou a donné un signal important confirmant que ceux qui veulent faire bouger le système sont plus nombreux que ceux qui veulent le bloquer… même si la panique qui a saisis le camp d’en face, cherchant frénétiquement par tous les moyens, y compris les plus indignes, à empêcher le débat, montre que les freins au changement restent nombreux chez ceux qui ont tout à perdre à plus de démocratie.
On est pourtant encore loin d’un véritable « débat participatif présidentiel ». Le fait de ne réunir que deux des acteurs, en oubliant que la candidate représente aujourd’hui bien plus que le parti socialiste, de se limiter à un simple échange sans véritable discussion approfondie, de n’évoquer à aucun moment certains enjeux majeurs tels que le dérèglement climatique, etc. montrent les limites de l’exercice. Mais le fait même qu’il ait existé, que le débat ait principalement porté sur le fond, qu’il ait permis un échange où l’objectif n’était pas d’envoyer l’interlocuteur au tapis mais de mettre clairement sur la table convergences et divergences, constitue déjà un évènement.
Quel que soit le résultat du 6 mai, dont on ne saurait trop rappeler qu’il oppose un ennemi de la démocratie à la candidate du rassemblement de la gauche et des écologistes, ce débat fera date.