Publié le 5 juin, 2009
0Terra Eco : D. Baupin – « Les villes sont plus engagées que les Etats dans la lutte contre le changement climatique »
Le sommet international des villes sur le changement climatique a réuni 300 municipalités du monde entier du 2 au 4 juin au Danemark. A quelques mois du sommet de Copenhague, la rencontre visait à réaffirmer le rôle primordial des acteurs locaux dans la lutte internationale contre le changement climatique. Denis Baupin, adjoint du maire de Paris, était à Copenhague.
Quel est le résultat de cette rencontre ?
Avec l’ensemble des villes participantes, nous avons décidé de lancer un message commun en direction des Etats. Il s’agit de montrer que d’ores et déjà, les villes agissent et s’engagent à continuer à agir. Nous demandons que notre action soit reconnue dans la déclaration de Copenhague de décembre, que les Etats facilitent notre travail en nous attribuant des compétences supplémentaires. Par exemple, en France, il faudrait que la loi Grenelle puisse inclure le droit pour les villes de créer des zones à basses émissions ou fixent des contraintes aux propriétaires pour la réhabilitation de leurs immeubles. Enfin, nous demandons des mécanismes pour financer nos actions. Un système de bonus-malus par exemple qui pourrait récompenser les villes qui s’engagent davantage.
Le plan climat de Paris a-t-il mis Paris en position de leader ?
Je ne veux pas prétendre que Paris est la ville la plus exemplaire. Toutes les villes agissent avec leurs propres moyens, selon leur situation. Mais c’est vrai qu’avec le Plan climat nous avons déjà des sentiers bien engagés. Lors du mandat précédent, nous sommes parvenus à baisser de 9% les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. Aujourd’hui, nous engageons aussi un travail sur le bâtiment. Sur le bâtiment public d’abord, notre ambition est de réduire de 30% les gaz à effet de serre et la consommation énergétique en 2020. Nous nous sommes aussi engagés à réhabiliter un quart des 220 000 logements sociaux de la ville à raison de 4500 par an.
Pour les copropriétés des 100 000 immeubles privés de la ville, nous nous engageons à prendre en charge 70% du coût des diagnostics énergétiques et à accorder des aides aux propriétaires les moins riches. Déjà, plusieurs centaines de propriétés ont demandé des diagnostics. Enfin, notre objectif est aussi de créer une agence du climat à Paris à l’horizon 2009. Les habitants pourront y trouver toutes les informations sur les aides de la ville, de la région ou de l’Etat en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Les rencontres entre villes vous permettent-elle d’apprendre les unes les autres de votre expérience ?
Il y a pour nous une dizaine d’autres villes qui sont aussi très investies. A Copenhague par exemple, il y a de grosses éoliennes directement dans la ville, aussi grosses que celles que l’on trouve chez nous près des autoroutes. Je ne dis pas qu’il faudrait en installer de pareille à Paris mais c’est quand même emblématique. A Los Angeles, ils se sont engagés à remplacer leurs ampoules de rue par des LEDS sur une période de cinq ans. Le Japon réfléchit, comme nous, à l’installation de mini-hydroliennes dans les fleuves.
L’avantage c’est que les villes n’ont pas le même niveau d’avancement, les mêmes moyens techniques, économiques. Elle ne sont pas à la pointe dans les mêmes domaines, donc nous pouvons apprendre les uns des autres. En tout cas, toutes ces villes sont plus engagées que les Etats. Grâce à notre action, nous pouvons mettre la pression sur les dirigeants en vue du sommet de décembre.
Karine Le Loët
Journaliste web à Terra Eco.