Sarkozy en campagne reste le VRP du nucléaire - Denis Baupin

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Publié le 25 novembre, 2011

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Sarkozy en campagne reste le VRP du nucléaire

Le discours de Nicolas Sarkozy de ce jour restera probablement dans l’histoire comme la meilleure anthologie des poncifs les plus éculés sur le nucléaire. On savait que le Président avait tenu à faire de son mandat celui d’un VRP du nucléaire – un bien mauvais VRP d’ailleurs –, allant même jusqu’à vouloir vendre une centrale à Khadafi. Mais il franchit aujourd’hui toutes les limites de la caricature en prétendant que la sortie du nucléaire conduirait à un retour au Moyen-Age ! Son amie Angela Merkel, de même que nos voisins italiens, suisses, belges, espagnols, etc. apprécieront sans nul doute le compliment !

Le poncif sur lequel Nicolas Sarkozy s’est le plus étendu est celui selon lequel le nucléaire assurerait la compétitivité. Si tel était le cas, la France étant de loin le pays le plus nucléarisé du monde, nous devrions être sans conteste le plus pays le plus compétitif du monde. Au vu des courbes de chômage, chacun peut bien constater qu’il n’en est rien et de très loin.

Certes le kWh électrique français est maintenu artificiellement bas, en faisant porter par le contribuable les dépenses de recherche, de sécurité, de gestion des déchets, de démantèlement des installations. En déduire que payer l’électricité à son juste coût entraînerait des délocalisations massives est un mensonge grossier. Si tel était le cas, comment expliquer que toutes les entreprises allemandes très consommatrices d’électricité ne se soit pas aujourd’hui délocalisées en France ? Or, à l’inverse de ce que dit le Président, en Allemagne il y a 2 fois plus d’emplois dans le papier qu’en France, 4 fois plus dans la chimie, 2 fois plus dans l’acier, 4 fois plus dans les métaux non ferrés, toutes industries électro intensives.

Autre poncif : la sortie du nucléaire supprimerait des emplois. Certes, Sarkozy se garde de reprendre le chiffre de Proglio (1 million d’emplois menacés) que même Anne Lauvergeon a contesté. Mais même son chiffre de 250 000 emplois dans l’industrie nucléaire constitue déjà un doublement des chiffres officiels (120 000). Pour autant, prétendre que ces emplois seraient directement menacés par une sortie progressive du nucléaire est une grossière approximation : non seulement il restera pendant longtemps des dizaines de milliers d’emplois dans le nucléaire (pour les installations encore en service une vingtaine d’années, pour le démantèlement, la gestion des déchets, etc.) mais surtout les alternatives au nucléaire seront bien plus créatrices. Rien que dans le domaine des renouvelables, l’Allemagne a d’ores et déjà créé 370 000 emplois, soit 50% de plus que l’évaluation présidentielle des emplois nucléaires français.

C’est bien sûr dans ce domaine des alternatives que le discours présidentiel se fait le plus discret. Difficile d’évoquer les économies d’énergie quand on présente un budget qui réduit les aides à la réhabilitation thermique des logements… alors que c’est pourtant le domaine où on pourrait le plus soulager la facture énergétique des ménages. Difficile d’évoquer les énergies renouvelables quand on démantelé les uns après les autres les dispositifs qui auraient permis l’émergence d’une filière industrielle française.

Silence encore plus assourdissant encore sur la sûreté des installations, et particulièrement sur le MOX et le retraitement, les installations qui aggravent encore l’insécurité nucléaire. On aurait pourtant aimé entendre le Président au lendemain d’un rapport de l’IRSN dont les conclusions sur l’ensemble des installations françaises font froid dans le dos, tant elles soulignent la fragilité de nos installations nucléaires… et alors même que ces audits ont purement et simplement fait l’impasse sur les risques terroristes, de chute d’avion ou encore les erreurs humaines.

Le discours du futur candidat Sarkozy aura donc été marqué par une orientation profondément idéologique : celle selon laquelle la France, arc-boutée sur son nucléaire civil et militaire – la référence à Hiroshima en prétendant un consensus politique vieux de 65 ans était de ce point de vue explicite – aurait raison contre le reste du monde. Bien au contraire, s’en tenir à cette ligne risquerait bien de faire rater à la France le grand virage énergétique et industriel que sont en train de prendre la plupart des pays du monde. Nous le regretterions longtemps. Dès 2012 engageons la sortie du nucléaire.

Denis Baupin

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