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Publié le 11 juin, 2015

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Retrait de Cigéo du projet de loi Macron : une bonne occasion pour repenser le destin des déchets nucléaires

Communiqué de presse de Denis Baupin du 11 juin 2015

 La suppression en commission spéciale de l’article concernant le centre de stockage de déchets nucléaires « Cigéo » à Bure (Meuse) de la loi Croissance et Activités est une décision de bon sens. Il s’agissait d’un cavalier législatif, n’ayant rien à voir avec l’objet de loi, introduit par amendement au Senat, dont nous demandions la suppression par amendement. Je me réjouis de son adoption
Ce projet (qui vise à créer un centre de stockage censé fonctionner pendant 120 ans en mode ouvert et des centaines de milliers d’années en mode fermé !) n’est pas mûr, comme le reconnaissait d’ailleurs la directrice de l’Andra lors de la Commission d’enquête sur les coûts du nucléaire dont je fus le rapporteur. Il aurait été absurde et irresponsable que le Parlement l’autorise sans débat démocratique et sur la base d’un texte juridiquement inapplicable.

 

De nombreuses questions – et non des moindres – demeurent encore sans réponse concernant CIGEO  :

– Son coût est non identifié. 14 milliards selon EDF, 28 milliards selon l’Andra, mais plus probablement bien plus : un « coût astronomique » pour reprendre les termes employés par Philippe Varin PDG d’Areva, lors de son audition à l’Assemblée Nationale.

– On ne sait toujours pas ce qui sera exactement stocké dans ce site. Comme le rappelle l’ASN, l’inventaire des déchets destiné au site n’est toujours pas arrêté. Certains d’entre eux, entreposés à La Hague posent de gros problèmes.

– En matière de sûreté, l’IRSN a dressé dans son rapport de décembre dernier les nombreuses questions qui restent posées sur le risque incendie, le risque d’explosion, les fuites d’hydrogènes, …

– la définition de la notion de réversibilité du site aurait dû être débattue depuis presque dix ans, depuis l’adoption de la loi Transparence  et Sureté Nucléaire. C’est une question majeure qui soulève des enjeux importants pas uniquement techniques, mais également éthiques. L’amendement adopté à 5 heures du matin au Sénat entendait pourtant trancher cette question à la va-vite, sans même attendre les préconisations que l’Autorité de Sûreté Nucléaire compte rendre publique dans le courant de l’année 2015.

 

C’est le bon sens qui l’emporte. Ce débat doit se tenir, arguments contre arguments, pas de nuit à la faveur d’un amendement furtif. On ne saurait engager les générations futures sur des centaines d’années sans un véritable débat parlementaire.

 

Oui, il faudra trouver une réponse à la question posée par les déchets nucléaires. On peut d’ailleurs s’inquiéter que 40 ans après le lancement de cette industrie, la seule « réponse » trouvée soit de creuser un grand trou pour les cacher dans la croûte terrestre. Profitons du répit obtenu grâce à cet amendement pour mener une réflexion approfondie, ne négligeant aucun scénario, et prenant en compte l’état réel de la filière nucléaire.

 

Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée Nationale

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