Publié le 11 septembre, 2013
1Rapport de l’Office Parlementaire sur la Transition Énergétique : une vision archaïque
Communiqué de presse de Denis Baupin et Corinne Bouchoux
L’Office Parlementaire d’Evaluation Scientifique et Technologique (OPECST) a adopté hier soir par 5 voix contre 2 son rapport sur la Transition Énergétique. Nous tenons ici à exprimer les raisons qui nous ont amené à voter contre ce document.
Elles sont d’abord de forme : découvrir sur table un document de 235 pages (dont la transmission préalable nous avait été refusée), non amendable, sur un sujet aussi important et conséquent, est non seulement contraire à toute rigueur scientifique, mais aussi à tout fonctionnement démocratique, particulièrement au sein d’un organisme émanant de deux chambres parlementaires attachées au débat, au droit d’amendement et d’élaboration collective. Quel recul par rapport au Débat National sur la Transition Énergétique (DNTE) qui, pendant 8 mois, a permis à des centaines d’acteurs politiques, associatifs, économiques… de débattre et confronter leurs points de vue. Nous estimons comme une demande minimale que les usages évoluent rapidement au regard des pratiques de nos assemblées afin d’avoir le temps matériel de lire auparavant les rapports et de les amender.
Mais elles sont plus encore de fond : le choix revendiqué de ce rapport est de remettre en question l’engagement du Président de la République, à savoir : réduire d’un tiers la puissance nucléaire à l’horizon 2025. Pour ce faire, les auteurs font l’impasse sur la question pourtant cruciale de l’efficacité énergétique sur laquelle la France a pourtant pris des engagements internationaux, et qui est au cœur des transitions énergétiques de nos voisins. Les scénarios énergétiques existants (Négawatt, Ademe, etc.) largement étudiés au sein du DNTE, sont évincés sans analyse étayée. Seul un scénario propre à l’OPECST, datant de 2011, non présenté dans le présent rapport, et qui fait le pari d’un nucléaire « raisonné » (oxymore ?) prolongé pendant 1 siècle, et paré de toutes les qualités trouve grâce aux yeux des auteurs. Les alternatives, elles, sont présentées comme coûteuses, peu sûres, etc. sans même qu’une analyse multicritère approfondie vienne expliciter cet a priori. Quant à l’interaction entre transition énergétique et décentralisation elle n’est pas réellement traitée.
Ce rapport apparait donc avant tout comme une occasion ratée. Là où il aurait été possible d’analyser à quel point la transition énergétique peut être facteur d’innovation technologique (smart grids, stockage, efficacité énergétique des moteurs, etc.), de dynamisme économique, d’investissement sur les territoires, de filières industrielles, de création d’emplois, etc. préférence est donnée au conservatisme (rebaptisé « donner du temps au temps ») alors même que le statu quo se traduit aujourd’hui par une dépendance énergétique croissante (près de 70 milliards d’euros d’importation), des millions de précaires énergétiques, et un coût de la filière nucléaire en croissance exponentielle pour une sûreté dégradée (cf rapports de la Commission de Régulation de l’Energie, de la Cour des Comptes et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire). Décidément, ce rapport n’est pas à la hauteur des enjeux et des attentes, par excès de précipitation et la non prise en compte suffisante du respect du principe du contradictoire.
La transition énergétique est nécessaire pour des raisons écologiques, sociales, économiques. Elle mériterait d’échapper aux visions par trop archaïques.
Denis Baupin, Vice-Président de l’Assemblée Nationale
Corinne Bouchoux, Sénatrice
Membres EELV de l’OPECST
Contact presse : Catherine Hurtut, 06 24 61 46 61
Image licence creative commons : OhWeh
Un rapport assez inquiétant. En attendant d’en savoir plus (publication), on voit que ces gens là veulent non seulement prolonger les réacteurs actuels, dont 24 su 58 auront déjà atteint les 30 ans d’ici deux mois, mais aussi en construire de nouveaux pour faire durer le nucléaire encore plus d’un siècle.
En dehors du risque encouru, cela est un contresens économique.
Dans dix ans, l’électricité photovoltaïque coûtera déjà moins cher que celle du nucléaire ancien.
Une tendance à voir ici, comparé au tarif standard réglementé :
http://energeia.voila.net/solaire/solaire_tarif_bleu.htm
Dans moins de vingt ans, en ajoutant du stockage en cycle quotidien pour le solaire résidentiel et des petites entreprises, ce sera aussi moins cher que le vieux nucléaire.
Pour le nouveau nucléaire, style EPR, c’est hors de prix. Faudrait-il le subventionner comme en Grande-Bretagne ?