Publié le 1 octobre, 2007
0Question sur la traque aux sans-papiers posée cette après-midi par Denis Baupin en Conseil de Paris
Loi après loi, on renforce l’arsenal juridique pour criminaliser toujours davantage les plus faibles, les plus précarisés, obligés de se terrer, de se laisser exploiter par les patrons voyous qu’on évite pourtant de poursuivre, de voir leurs enfants terrorisés à l’idée d’être raflés à la sortie de l’école.
Une nouvelle étape est franchie avec les tests ADN : la médecine est maintenant mise à contribution, dans cette vaste machine à sélectionner, où l’être humain pèse si peu au regard de l’administration et de ses chiffres imposés. Les plus grands scientifiques, tel Axel Kahn, s’insurgent contre ce détournement des progrès de la science au service de la régression de l’humanité.
Car cette politique de « bunkerisation » de la France est à rebours de l’Histoire. Au moment où la conscience planétaire n’a jamais été aussi grande, au moment où les informations, les capitaux, les marchandises, circulent à la vitesse de la lumière d’un continent à l’autre, la France tenterait de se réfugier derrière une nouvelle ligne Maginot. Victime une nouvelle fois du syndrome du nuage de Tchernobyl, la France croit pouvoir pratiquer la politique de l’autruche face à l’évolution du monde. Evolution qui ne pourra qu’entraîner toujours plus de migrations, ne serait-ce que suite aux catastrophes climatiques qui frapperont prioritairement les plus pauvres. Plutôt que de tenter de s’enfermer égoïstement derrière ses frontières, la France devrait plutôt s’interroger sur la meilleure façon de prendre sa juste part des conséquences du mal-développement planétaire, dont elle porte une part significative de la responsabilité.
Vous me direz, M. le Préfet, que vous ne faites qu’appliquer les lois, de même que les fonctionnaires de police. C’est vrai, même s’il y a façon et façon de les appliquer.
Et c’est justement sur ce point que porte mon interpellation. La presse s’est fait l’écho de réunions tenues par le sinistre Hortefeux, convoquant un certain nombre de Préfets, dont celui de Paris, pour leur « remonter les bretelles », car ils seraient en passe de ne pas atteindre les objectifs chiffrés de reconduites à la frontière qui leur ont été fixés. Voilà au moins un langage qui a le mérite de la clarté. Beaucoup plus clair que l’humanité et la fermeté officiellement affichées lorsque M. Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Il ne reste que la fermeté et la brutalité des statistiques, bien loin de l’esprit républicain au nom duquel on prétend agir.
Pouvez-vous donc, M. le Préfet, nous indiquer quels sont les objectifs qui vous ont été fixés par le ministre ? Combien d’étrangers résidents à Paris devez-vous expulser d’ici la fin de l’année ? Combien d’opérations de police seront donc organisées dans les semaines à venir, dans les quartiers les plus métissés de la capitale en priorité, afin de rafler les personnes concernées ? A combien de bavures du type de celles qui ont déjà conduits à des défenestrations de personnes terrorisées vous attendez-vous dans cette période ? Quel est votre « quota de perte » ?