Publié le 24 avril, 2009
0Matin Plus : Un derrick près du périph
Un forage géothermique est en cours dans le nord-est de Paris. Quelque peu oubliée ces dernières années, cette technique fait son retour. Elle consiste à puiser la chaleur dans le sol.
Un derrick en plein Paris, l’image n’est pas banale. Installé dans le quartier de la porte d’Aubervilliers (19e), il n’a pas pour but de faire jaillir de l’or noir, mais de récupérer une énergie verte: l’eau chaude souterraine. Puisée à 1800m dans une nappe souterraine, elle doit permettre de satisfaire en partie aux besoins de chauffage du site Paris-Nord-Est, entre la porte de la Chapelle et celle de la Villette, zone en cours d’aménagement. L’objectif est de fournir plus de la moitié des besoins en chauffage du secteur, grâce à une eau à 57degrés. Un procédé qui porte un nom: la géothermie.
«La géothermie a connu son heure de gloire après le premier choc pétrolier de 1973, explique Jean-Christophe Allué, directeur général adjoint de la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), qui exploite le gisement. Mais sur les 54 forages d’origine en Ile-de-France, il n’en reste plus qu’une trentaine aujourd’hui», les autres ayant été abandonnés, souvent en raison de lacunes techniques. Avec l’évolution des technologies, la Région entend désormais mettre à profit cette manne souterraine.
«Nous prévoyons de lancer six nouveaux forages dans les trois ans à venir et de réhabiliter six anciennes exploitations, indique Michel Vampouille, vice-président du conseil régional chargé de l’environnement. Outre le fait qu’elles sont un moyen de réduire les rejets de gaz à effet de serre, ces opérations sont rendues économiquement intéressantes par l’augmentation du prix du pétrole. Elles permettent de fournir de l’énergie à un coût stable.»
Paris l’a bien compris et souhaite, dans le cadre de son Plan climat, adopté en 2007, parvenir à ce que 25 % des consommations énergétiques de son territoire proviennent des énergies renouvelables (géothermie, solaire, etc.) à l’horizon 2020. «Nous disposons de ressources naturelles sous-exploitées depuis des années qui nous permettraient de produire notre propre énergie, souligne Denis Baupin, adjoint au maire chargé du développement durable. Nous sommes en train d’étudier la possibilité d’étendre la géothermie au quartier des Batignolles (17e).»
La géothermie à Paris Nord-Est
Nombre de logements concernés : environ 12 000.
Alimentation des premiers usagers : courant 2010.
Coût du chantier : 31 millions d’euros pris en charge à plus de 80 % par la Compagnie parisienne de chauffage urbain, avec l’aidede la Région et de l’Ademe.