Publié le 16 juin, 2009
0L’Humanité : Les Verts mettent le cap sur les régionales de 2010
Historique. Les Verts, réunis en conseil national interrégional (CNIR), ce week-end, à Paris, n’y vont pas par quatre chemins. Les résultats aux élections européennes d’Europe Écologie, 16,28 %, sont qualifiés d’historiques par les responsables, persuadés qu’ils sont, comme le souligne leur motion votée à l’unanimité, « que l’écologie politique peut devenir désormais une force politique incontournable et majeure ». Pour Cécile Duflot, secrétaire nationale, qui commence par lâcher un : « Putain, ça fait du bien ! », la démarche « de rassemblement bien au-delà des Verts » et les propositions « écologistes pour l’Europe » ont permis, face à la « convergence des crises », d’apparaître « comme une force crédible ». L’ampleur de l’abstention, près de 60 %, en ce qu’elle exprime de rejet de l’Europe actuelle, de crise de confiance vis-à-vis des politiques et amplifie tous les déplacements de voix, n’a pratiquement pas été abordée. Si ce n’est, concernant le vote écologiste d’électeurs socialistes, qualifié de « marginal », alors que la porosité entre les deux électorats est une réalité.
D’autant que, comme le PS, les Verts, malgré ou grâce à des têtes de listes apparemment aussi diverses que José Bové et Daniel Cohn-Bendit (absents tout comme Eva Joly à la réunion des Verts), souhaitent la mise en oeuvre du traité de Lisbonne, copie conforme du projet de constitution européenne jugée libéral par les Français en 2005 et rejeté comme tel par un vote majoritaire. Euphorie, donc, au conseil national, au vu des résultats et du nombre d’élus, quatorze. Même si d’aucuns, comme Pascal Durand, porte-parole d’Europe Écologie, prévient : « Nous abordons maintenant la partie la plus difficile », ou Denis Baupin, adjoint (Verts) à la mairie de Paris, qui enfonce le clou : « Tout ne se passe pas autour de nous, nous sommes d’une extrême fragilité, notre score n’est pas reproductible en toutes circonstances. »
Pour les Verts, il s’agit de construire cette nouvelle force politique. Dans cet objectif, Yannick Jadot, de Greenpeace, partie prenante du rassemblement d’Europe Écologie, avertit : « Notre patrimoine de 2,8 millions de voix disparaîtra si une seule des composantes du mouvement le privatise. » Il a appelé à poursuivre « la démarche d’ouverture ». Ce que confirme Barbara Feledziak, jeune femme de trente ans sans appartenance politique, ayant rejoint Europe Écologie à l’occasion d’un débat. « S’ils sont assez intelligents pour continuer l’ouverture, je reste, sinon je fais autre chose », dit-elle.
Au-delà des rendez-vous européens que se fixent les Verts, comme celui de Copenhague, en décembre 2009, sur les questions climatiques, l’objectif essentiel sont les élections régionales de 2010. Celles-ci pouvant être, selon les dirigeants écologistes, l’occasion de transformer l’essai des européennes. Pour ce faire, le maître mot des Verts est « autonomie ». Ainsi, dans toutes les régions, ils présenteront au premier tour des listes de rassemblement « autonomes ». Pour quelles alliances au deuxième tour ? Si d’aucuns se sont prononcés, lors de ce Conseil, en faveur de choix clairs sur des rassemblements à gauche au deuxième tour, d’autres, dans les couloirs, ont été moins affirmatifs sur le caractère exclusif de ceux-ci. Au-delà de la forme et des contours du rassemblement, les questions du contenu politique de celui-ci devra être précisé. Les Verts veulent se convaincre que ce résultat électoral n’est pas un accident.
Max Staat