Publié le 25 mai, 2009
0L’Expansion.com : Les associations regrettent les conclusions trop frileuses du « Grenelle des ondes »
Le « Grenelle des ondes » veut limiter l’usage du téléphone mobile et l’interdire dans les écoles mais se borne à envisager une surveillance pour les antennes-relais.
« Un rendez-vous manqué »
Denis Baupin, adjoint (Verts) à l’environnement à la mairie de Paris, estime que le « Grenelle des ondes » « restera comme un rendez-vous manqué » et regrette que l’Etat n’ait « pas osé prendre ses responsabilités ». Dans un communiqué lundi, Denis Baupin, qui a participé au nom de l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) à la première réunion de travail du « Grenelle des ondes », affirme que « lorsqu’il y a urgence, l’inaction devient coupable ».
Il ajoute que « l’Etat vient malheureusement de botter en touche, laissant l’ensemble des acteurs en situation d’instabilité juridique face au risque sanitaire potentiel des antennes relais ». Selon lui, « face à la carence de l’Etat, la conférence de citoyens organisée par la Ville de Paris constitue dorénavant le prochain rendez-vous », en juin.
Plus de vingt heures de discussion, durant un mois, mais un résultat qui n’est pas à la hauteur. Déçues pour les dix orientations retenues par le gouvernement, les associations ont suspendu lundi leur participation au Comité de suivi chargé de veiller à la mise en oeuvre des conclusions du Grenelle des ondes.
Dans ses conclusions, le gouvernement a tenu à distinguer les téléphones portables, pour lesquels il y a « des incertitudes », et antennes-relais, sur quoi « personne n’a pu conclure qu’il y avait un risque », selon Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, qui supervisait les discussions entre les associations, les opérateurs de téléphonie mobile et les élus, avec Roselyne Bachelot (Santé) et Nathalie Kosciusko-Morizet (Economie numérique).
Pour les téléphones portables, les trois ministres ont suggéré « une démarche de précaution pour les citoyens ». Elles souhaitent ainsi que l’usage des téléphones par les enfants dans l’enceinte des écoles primaires soit interdit, ce qui est déjà le cas dans certaines écoles. Elles suggèrent aussi que les opérateurs proposent « une offre ‘SMS exclusive’, sans service ‘voix' », et mettent au point des téléphones « rendant l’usage de l’oreillette indispensable », sans haut-parleur. L’Association française des opérateurs mobiles (Afom) s’est dite « ouverte » à ces propositions.
Pour les antennes, les ministres défendent le « principe d’attention », parce que, disent-elles, il faut répondre aux inquiétudes du public et mettre à sa disposition une « large information ». Mais elles soulignent d’emblée qu’actuellement « une révision de seuils réglementaires n’est pas justifiée d’un point de vue sanitaire ».
Des expérimentations dans des villes volontaires
En attendant la publication en septembre d’une étude de l’agence sanitaire concernée (Afsset), elles prônent « un suivi raisonné des seuils d’exposition » au moyen de modélisations mathématiques qui établiraient l’impact sur la qualité du service d’une réduction des seuils. « Le cas échéant », des expérimentations pourraient être menées dans des lieux sensibles de villes volontaires, comme Courbevoie ou Pau. « C’est indispensable pour clarifier le débat », a dit Chantal Jouanno.
L’association des maires des Grandes Villes de France (AMGVF) a souhaité lundi que des expérimentations de diminution des champs d¹exposition soient lancées « dès cet été » et « à l’échelle des villes ». La ville de Grenoble s’est portée candidate. Jean-Marie Danjou, délégué général de l’Afom, s’est dit favorable au développement de la concertation avec les communes, afin qu’il y ait une « sécurisation juridique » des opérateurs. « Trouvons une procédure qui permette que les litiges ne se règlent pas devant les tribunaux », a-t-il dit.
Les associations Priartem et Agir pour l’environnement se sont déclarées « déçues et en colère », estimant que certaines avancées mentionnées dans la synthèse des débats ont été « rabotées » dans les propositions et regrettant qu’il n’y ait pas de « décisions concrètes ». Pour Stephen Kerckhove, de Agir pour l’environnement, ce Grenelle manifeste « une volonté d’enfoncer des portes ouvertes ». Janine le Calvez, de Priartem, a noté que l’interdiction de l’usage du portable dans les écoles était une demande faite par les associations « en 2001 » et que « ça devrait aller de soi ».