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Publié le 7 mai, 2015

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L’écologie réelle – saison 2

Dans une récente tribune, des collègues élu-e-s dressent une longue et convaincante liste de réalisations écologistes concrètes, mises en œuvre dans des collectivités locales, qui améliorent la vie des Français (1). Ces rappels sont nécessaires, tant l’agenda médiatique oublie trop souvent la réalité des choses pour n’en retenir que l’écume.

 

Ce plaidoyer mérite d’être complété par trois observations : la première, c’est que toutes les réalisations citées – pour lutter contre la pollution de l’air et de l’eau, pour isoler des milliers de logements et permettre aux familles de faire des économies d’énergie tout en améliorant leur confort, pour développer les transports du quotidien – oui, toutes ces mesures ont été élaborées, négociées, votées et mises en œuvre dans des majorités de gauche associant notamment écologistes et socialistes. Les écologistes participent activement aux exécutifs de ces collectivités locales : l’écologie qui agit, c’est l’écologie pragmatique, qui recherche les partenariats, qui accepte les compromis.

La deuxième observation, c’est que les réalisations écologistes ne résultent pas de choix exclusifs des collectivités locales. Une grande partie de ces dernières ont été concrétisées grâce à des décisions prises au Parlement, des décisions dont les villes, les intercommunalités, les départements ou les régions se sont saisies pour en faire des opportunités de vivre mieux : c’est le cas, notamment, du Pass Navigo unique.

La troisième concerne le parti pris de cette tribune dans laquelle le choix a été fait de mettre de côté – et c’est bien ainsi – les difficultés, les frustrations et les échecs qu’il faut encaisser aussi à l’échelon local où les contraintes et les désaccords entre partenaires sont également à l’œuvre.

Au-delà, il serait absurde d’affaiblir l’écologie en niant ou en oubliant, pour des combats tactiques, le travail réalisé au Parlement, en lien avec le gouvernement, depuis juin 2012. L’écologie réelle est aussi là.

 

Car l’écologie réelle n’a rien à voir avec les caricatures et les excès de critiques qui enferment trop souvent les écologistes. Au gouvernement hier, au Parlement, les écologistes sont en appui ou à l’origine d’évolutions concrètes. Pour faire avancer la transition énergétique, pour lutter contre la fraude fiscale et les abus de la finance, pour soutenir les ménages et les entreprises dans les évolutions indispensables et permettre ainsi créations d’emplois, préservation du pouvoir d’achat, amélioration des conditions de vie.

La reconnaissance de la santé environnementale, le retrait progressif de la commercialisation des produits chimiques les plus toxiques, l’adoption du principe de sobriété sur les ondes électromagnétiques, la reconnaissance des lanceurs d’alerte : c’est l’écologie réelle !

L’identification des véhicules les plus polluants, y compris neufs, les avantages de circulation et de stationnement réservés aux véhicules les plus sobres et propres, avec au moins 3 passagers, l’aide à la conversion des vieux véhicules diesel en vvéhicules plus propres, neufs ou d’occasion, le rrééquilibrage en cours (enfin !) de la fiscalité sur le diesel et sur l’essence, le programme de recherche industrielle sur le véhicule à 2L aux 100. La motorisation diesel des petits véhicules qui s’éteint progressivement sous le poids des normes anti-pollution et sur le marché de l’occasion, les véhicules diesel qui se vendent moins alors que les véhicules à essence intéressent nos concitoyens : c’est l’écologie réelle !

La mise en place d’une commission chargée d’évaluer le coût de la pollution de l’air, la création d’un « comité de suivi amiante »,  les avancées concrètes pour une politique nationale vélo dans le code de la route, par l’intermodalité avec les transports collectifs et la mise en place d’une indemnité kilométrique vélo : c’est l’écologie réelle !

Le crédit d’impôts pour la transition énergétique, qui finance à 30% les travaux d’isolation des logements, la création du fonds de garantie, l’accroissement des aides de l’agence nationale de l’habitat contre la précarité énergétique, l’appui à la création de sociétés de tiers-investissement, l’extension aux copropriétés du prêt à taux zéro pour financer les travaux d’économie d’énergie, les simplifications nombreuses pour faciliter la réhabilitation thermique des logements, le renforcement des certificats d’économie d’énergie : c’est l’écologie réelle !

La loi sur la biodiversité, l’instauration d’une agence nationale qui en sera en charge, l’interdiction des néocotinoïdes tueurs des colonies d’abeilles, l’agro écologie, le développement des surfaces de production biologique, la suppression de l’usage des pesticides en ville, l’obligation de couvrir les surfaces commerciales soit de végétaux soit de capteurs solaires : c’est l’écologie réelle !

L’accueil par la France de la COP 2015 qui permettra de donner une visibilité formidable aux questions écologiques, qui doit constituer un point d’appui pour tous les écologistes, pour rendre exemplaires les politiques locales, nationales et européennes : c’est l’écologie réelle !

L’adoption de la contribution climat énergie (enfin !) pour accompagner les évolutions de nos comportements et de notre économie -avec une montée en charge progressive (400 millions d’euros en 2014, 2,5 milliards en 2015, 4 milliards en 2016) – : c’est l’écologie réelle !

Le financement par la lutte contre l’évasion fiscale de la baisse des impôts pour 9 millions de ménages cette année (qui représentera plusieurs centaines d’euros) : c’est l’écologie réelle !

La transparence des activités des banques dans les paradis fiscaux, le Fonds de résolution unique pour mettre le contribuable et l’épargnant à l’abri des crises bancaires, le vote double pour les actionnaires de long terme dans les entreprises pour lutter contre la spéculation, le plafonnement des retraites chapeau : c’est l’écologie réelle !

La ddéfinition de nouveaux indicateurs de richesse pour mieux évaluer les effets des politiques publiques et acter la décision lucide du gouvernement de repousser de 2013 à 2017 l’objectif de 3% de déficit (attention à ne pas le clamer trop pour ne pas agacer Bruxelles!): c’est l’écologie réelle!

L’instauration d’une taxe de 2 centimes par litre de gaz oïl pour les voitures puis pour les poids lourds en 2015, qui financera les infrastructures de transports en substitution de feu l’écotaxe : c’est l’écologie réelle !

Un nouveau modèle énergétique, qui fixe pour objectifs le facteur 4 en matière de gaz à effet de serre, la division par deux des consommations énergétiques, le développement du renouvelable – grâce à des simplifications réglementaires et un investissement supplémentaire d’un milliard d’euros -, qui plafonne à 50% la production nucléaire en 2025, le tout enfin gravé dans la loi : c’est l’écologie réelle !

La vérité enfin établie sur l’ensemble des coûts du nucléaire, le plafonnement de la puissance autorisée – moyen de garantir une fermeture de Fessenheim dans la mandature – l’encadrement enfin instauré des conditions de prolongation de réacteurs, les combats remportés pour que le projet CIGEO d’enfouissement des déchets nucléaires ne soit pas instauré au détour de textes de lois, l’instauration du pluralisme à la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) , dans les groupes de travail de l’Autorité de Sureté nucléaire, au conseil d’administration d’EDF, le renforcement des protections des sous-traitants du nucléaire : c’est l’écologie réelle !

L’arrêt de toute exploration et de toute exploitation des gaz de schiste : c’est l’écologie réelle !

Le soutien à la transition écologique des entreprises, qui peut être un atout concurrentiel dans la mondialisation, le soutien à l’économie sociale et solidaire, l’affirmation d’un cadre légal et d’objectifs ambitieux clairs pour l’économie circulaire, les résultats contre l’obsolescence programmée : c’est l’écologie réelle !

 

Ces progrès – et nous pourrions en citer des dizaines d’autres dans les champs de l’économie, des droits sociaux et de nombreux domaines comme l’éducation par exemple avec la refondation de l’école, la réforme de rythmes scolaires, la réforme en cours des collèges, l’éducation et la formation des futurs citoyens aux enjeux de demain – contribuent à la transformation écologique qui fonde notre engagement. Sont-ils suffisants ? Évidemment non. Mais sont-ils négligeables ? Pas plus. Ils vont dans le bon sens. Et si nous sommes encore loin de l’idéal, nous connaissons la direction.

Nous rencontrons bien entendu des échecs et des frustrations dans notre travail parlementaire. Nous regrettons souvent, comme nos collègues des collectivités locales, que les progrès engrangés soient parfois ralentis ou peu compréhensibles par nos concitoyens du fait de décisions incohérentes ou d’hésitations coupables. Tout écologiste en action sait les résistances, les obstacles, la volonté des lobbies qui n’aiment jamais tant les écologistes que lorsqu’ils se rendent eux-mêmes impuissants ou s’enferment dans le rôle de spectateurs contestataires qui exacerbent ainsi le rejet violent du pouvoir.

 

Quelle est aujourd’hui la responsabilité des écologistes ? Cette question, chacun d’entre nous la porte. Et ce n’est pas bardés de certitudes ou en opposant la pureté revendiquée des uns à l’arrivisme supposé des autres qu’on y trouvera les bonnes réponses – celles qui permettront de continuer à faire avancer les idées et les solutions écolos dans les deux ans de mandature qu’il reste à effectuer.

La responsabilité des écologistes c’est de porter un message qui s’adresse à chacune et à chacun, dans une société de plus en plus morcelée, en proie aux tentations du repli et de la stigmatisation permanente de l’Autre. Rappeler que nous respirons tous le même air,  que nous partageons tous la même planète, et que nous avons tous au cœur l’avenir de nos enfants, c’est la responsabilité des écologistes.

La responsabilité des écologistes, c’est de démontrer, par l’exemple, à chaque fois que cela est possible, que l’écologie apporte des réponses concrètes à la crise et n’est pas principalement une compilation de crises de protestation ou de critiques.

La responsabilité des écologistes, c’est d’être lucides devant la situation politique du pays et la montée des extrêmes et d’en tirer les conséquences en refusant le bashing permanent d’un gouvernement avec lequel, par ailleurs, nous concluons régulièrement des compromis positifs sur les sujets qui nous tiennent à cœur, et qui permettent les avancées citées plus haut.

 

Oui, soyons positifs. Mettons en exergue toutes ces avancées négociées, tous les progrès accomplis. Fixons des objectifs ambitieux mais réalistes et prenons nos responsabilités – toutes nos responsabilités. Même quand c’est difficile. Précisément parce que c’est difficile.

 

Éric Alauzet, Denis Baupin, Brigitte Allain, Aline Archimbaud, Corinne Bouchoux, Marie Pierre Bresson, François De Rugy, Jean Desessard, Joël Labbé, François Michel Lambert, Éric Loiselet, Jean Vincent Placé et Barbara Pompili.

 

  • http://www.lejdd.fr/Politique/Loin-des-ambitions-ministerielles-les-ecologistes-agissent-727324

 

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