Publié le 22 mai, 2007
0Le consensus en trompe l’œil de M. Sarkozy
Touché par la grâce présidentielle, serait-il devenu le « père de tous les Français », à l’écoute des plus pauvres, soucieux de l’avenir de la planète, garant de la paix civile ? Il est à craindre, malheureusement, que la vérité soit plus crue. Fin analyste des nouveaux impératifs de la vie démocratique quinquennale française, greffés sur les traditions présidentialistes de la Vème République, il ne lui a pas échappé qu’il pouvait, en lissant son image pendant 5 courtes semaines, réaliser un véritable hold-up sur l’Assemblée Nationale pour 5 longues années.
A en croire les sondages, il semblerait que ce pari soit en bonne voie : la machine infernale du scrutin majoritaire, cumulée à l’inversion du calendrier électoral, et au savoir-faire machiavélique du nouveau Président pourraient conduire à une vague bleue du type de celle de 1993. M. Sarkozy aurait alors les mains libres, sans contre pouvoir parlementaire, pour mettre tranquillement en œuvre son projet dévastateur. Ceux qui se seraient laissés aller à croire à la subite conversion de l’UMP au dialogue social, à l’ouverture ou à la crise écologique n’auraient plus que leurs yeux pour pleurer…
Constatons malgré tout que si M. Sarkozy peut ainsi paraître crédible dans son opération de séduction, c’est que son opposition est aujourd’hui aux abonnés absents et lui laisse ainsi le champ libre. Quand d’anciens ministres de M. Jospin (Kouchner mais aussi Allègre) peuvent impunément rejoindre le gouvernement de M. Fillon, ce n’est pas forcément qu’ils renient leurs convictions : c’est peut-être aussi parce que l’atlantisme de l’un et l’insupportable scientisme de l’autre avaient trop longtemps été considérés comme compatibles avec une gauche en panne de valeurs. Ou quand nombre d’ONG environnementales en viennent à considérer comme un évènement d’être reçues par un Président de la République pro-nucléaire, pro-incinérateur, pro-OGM et pro-autoroutes, c’est peut-être aussi parce que nous n’avions pas su, nous écologistes, convaincre nos partenaires de gauche d’avancées suffisamment fortes pour que les associations se sentent définitivement proches de ce bord de l’échiquier politique.
Tout cela en dit beaucoup sur le long travail de reconquête et de reconstruction qui nous attend pour les années qui viennent.