Publié le 27 janvier, 2010
0La pollution entre en campagne
27 janvier 2010
Mercredi 27 janvier, la qualité de l’air oscillait entre médiocre et mauvais en Ile-de-France selon les mesures d’Airparif, organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air dans la région. A 9 h 24, l’association a déclenché une procédure d’alerte, pour un pic de pollution dû à une forte présence de particules en suspension. A défaut d’être protégés, les Franciliens sont informés.
Pourtant l’association, qui demandait en 2009 le renouvellement de neuf de ses instruments de mesure d’oxyde d’azote (pollution automobile), a reçu une fin de non-recevoir de l’Etat. Ce dernier lui a accordé le remplacement d’un seul appareil. En visite dans les locaux d’Airparif, mardi 26 janvier, Cécile Duflot, tête de liste régionale d’Europe Ecologie en Ile-de-France, n’a pas manqué l’occasion de souligner ce désengagement de l’Etat et le “double discours de Chantal Jouanno”, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie et tête de liste UMP à Paris pour les régionales.
Airparif fait partie d’un réseau de 34 associations indépendantes, réparties sur le territoire français et chargées de surveiller la qualité de l’air, prévoir les épisodes de pollution, évaluer l’impact des mesures de réduction des émissions et informer les autorités et les citoyens. Le réseau est né suite à la loi sur l’air de 1996, dont l’article 1 souligne le “droit reconnu à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé”
“Les associations fonctionnent sous une gouvernance quadripartite au sein de laquelle sont représentés, à part égale, les représentants des consommateurs, les industriels, les élus des collectivités territoriales et l’État”, explique Christian Hutin, président de la Fédération des associations agrées de surveillance de la qualité de l’air et député socialiste du Nord. “Le financement est assuré par l’État, les collectivités et les industries via une taxe sur la pollution atmosphérique. Malheureusement, en décembre 2009 nous avons appris que nous étions devenus des opérateurs d’État, chargés d’une mission de service public. Cette politique gouvernementale de mise sous tutelle des associations pourrait rompre l’équilibre de fonctionnement des associations. Elle pourrait également mettre à mal la confiance des acteurs pour un organisme qui a encore l’obligation de publier tous ce qu’il constate”, souligne l’élu.
Une prise de contrôle de l’État que regrette également Cécile Duflot dans un communiqué : “Les opérateurs de l’État seront soumis au non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite, ainsi qu’à une baisse de 10 % du budget sur 3 ans. La qualité de la surveillance et de l’information aux habitants est dangereusement mise en cause.”
Par communiqué interposé, Valérie Pécresse, tête de liste majorité présidentielle en Ile-de-France, répond que “Tout autant que les socialistes, les Verts sont responsables du retard coupable de la région capitale en matière de lutte contre la pollution… Il faut dire qu’en la matière, le désengagement de la région ne fait aucun doute : depuis 2004, le budget de la politique de l’air a chuté de 91 %.”
Pourtant, depuis 2000, c’est bien la part de l’État qui a nettement baissé dans le financement de Airparif. Alors qu’il assumait 48,31 % du budget en 2000, sa part a baissé jusqu’à 29,31 % en 2008.
Quant à la région Ile-de-France, elle finançait 10,58 % en 2000 ; sa part est passée, en 8 ans, à 17,52 %. Le financement d’Airparif par l’ensemble des collectivités locales (dont la Ville de Paris) était de 33,63 % en 2008, devant celle de l’État.
Eric Nunès