Publié le 4 septembre, 2008
0journal d’un écolo : 21 au 29 août 2008
Journées d’été des Verts : un formidable espoir est né
Les Journées d’Eté ont constitué un moment fort dans l’histoire des Verts. Une étape majeure a été franchie – et avec quel enthousiasme ! – pour que les Européennes soient l’occasion d’un rassemblement extrêmement stimulant de la galaxie écologiste. Européennes, dont on peut tous espérer qu’elles soient le prélude d’un big bang fondateur pour la galaxie de l’écologie politique.
Que Dany Cohn Bendit, José Bové et des responsables associatifs (dont Nicolas Hulot par video interposée) parlent aussi publiquement d’une envie de convergence politique est déjà un évènement. Que chacun fasse un pas vers l’autre, notamment en reconnaissant les limites de sa proche démarche en l’absence des autres, est un gage extrêmement positif. Car la condition de la réussite est que personne ne prétende être en capacité de donner des leçons aux autres.
En même temps, comme me le confiait Dany, ce type de démarche est par définition fragile. C’est déjà le cas en ce qui concerne les Européennes. Ça l’est encore plus si notre ambition est d’aller au-delà de cette élection.
Nous savons tous par expérience que c’est parfois d’un détail que peut survenir l’échec. Raison de plus pour rester mobilisés, vigilants, et participer activement à la mise en place du dispositif qui commence à se dessiner et se déclinera localement. Cette déclinaison locale est une condition du succès des Européennes. C’est une condition impérative si nous voulons que le rassemblement engagé soit irréversible une fois celles ci passées.
Pendant ces Journées d’Eté, un rayon de soleil est apparu dans le ciel de l’écologie politique. A nous d’en faire le premier signe du printemps !
La guerre des empires
Une fois encore, les horreurs de la guerre font la « une » de l’actualité. Une fois encore, c’est la conception archaïque des Etats-nations qui en est le déclencheur. Mais derrière, une fois encore, ce sont les impérialismes qui tirent les ficelles.
Au vu des événements intervenus en Géorgie, nombre de commentateurs s’inquiètent : « est ce le retour de la guerre froide ? » « Pas du tout » assurent les décideurs occidentaux « la guerre froide était le combat entre deux idéologies ».
Certes, on n’est plus à l’époque de l’URSS. Mais peut on se permettre une incongruité ? Et si le combat entre idéologies n’avaient été qu’un déterminant second, un justificatif donné aux populations de part et d’autre pour les embrigader, et que l’essentiel n’était finalement qu’une éternelle lutte de domination, archaïque, d’empires concurrents pour la suprématie mondiale et l’accaparement des ressources ?
Le boucher de la Tchétchénie, ancien dirigeant du KGB, qui dirige la Russie, était paraît-il devenu plus respectable et démocrate aux yeux des dirigeants occidentaux depuis qu’il était passé de l’étatisme dictatorial soviétique au capitalisme autoritaire productiviste. Qu’il s’affronte ouvertement aux intérêts occidentaux (plus soucieux des droits des Géorgiens que des Tchétchènes) change-t-il l’ampleur de ses crimes ?
Et en face, les dirigeants du « monde libre » à la façon Oncle Sam sont ils plus en situation de donner des leçons de liberté des peuples et de souveraineté quand ils massacrent les Droits de l’Homme à Guantanamo, envahissent l’Irak sous des prétextes depuis reconnus comme fallacieux ?
Certes, face à l’écroulement de l’empire soviétique, l’empire occidental a eu longtemps le vent en poupe. Mais l’impérialisme agressif de l’administration américaine depuis 8 ans, sous couvert de développement de l’Otan, a surtout eu pour stratégie d’encercler la Russie (en Géorgie, en Ukraine, mais aussi en Afghanistan) humiliant les Russes, et tentant de s’assurer le contrôle maximum des ressources
Au moment où « le chef du monde libre » sombre dans une fin de règne calamiteuse, quoi de surprenant que Poutine redresse la tête, profitant de sa supériorité militaire et marque des points ? Qui pouvait être assez naïf pour croire qu’il se laisserait ainsi encercler et dominer sur des territoires périphériques aux enjeux énergétiques aussi stratégiques ?
Alors, oui, il faut condamner avec la plus grand énergie les actes de guerre russes unilatéraux – ce qui n’interdit pas de s’interroger sur le statut de l’Ossétie et de l’Abkhasie et le droit de leurs peuples, comme celui des minorités géorgiennes de ces territoires – mais on n’est crédible que si parallèlement on condamne avec la même énergie les actes de guerre unilatéraux des deux autres empires, les USA en Irak, et la Chine au Tibet ou au Darfour.
Et, l’Union Européenne là-dedans ? On aimerait la croire différente, ne serait-ce qu’elle constitue une part de notre idéal. On aimerait qu’elle soit le bloc continental qui montre qu’on peut privilégier la coopération plutôt que la domination, qui montre que les droits des peuples et de la personne humaine passent avant la compétition économique. Mais comment le pourrait-elle ? Tant qu’elle constitue le pilier d’un impérialisme (l’Otan) face à l’autre – puisque la quasi-totalité des pays membres de l’UE sont dans l’Otan, et pour certains participent à ses opérations militaires notamment en Afghanistan – comment peut-elle jouer le rôle crédible de médiateur ? Surtout quand parallèlement elle se met en posture de dépendance énergétique vis-à-vis de l’autre bloc, et qu’enfin elle choisit, par le biais de son président en exercice, de privilégier les accords commerciaux aux respects des Droits de l’Homme en se prostituant à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin, en refusant de rencontrer le Dalaï Lama, et même d’interdire la manifestation devant l’ambassade de Chine à Paris le 8 août dernier .
Si l’Europe veut un jour « jouer dans la cour des grands » avec le rôle « non impérialiste » que tant voudrait lui voir jouer, il est plus que temps :
– Qu’elle s’autonomise vis-à-vis de l’Otan
– Qu’elle renforce son autonomie énergétique, non pas en s’engouffrant dans le tout-nucléaire de Sarkozy (dont l’été, du Tricastin au Fréjus, est venu rappeler la dangerosité), mais en faisant de l’efficacité énergétique et des renouvelables un enjeu stratégique majeur (même Obama l’a compris)
– Qu’elle rende son économie plus robuste en relocalisant ce qui peut l’être de façon cohérente
Construire une civilisation post-pétrole solidaire, c’est non seulement bon d’un point de vue environnemental, social et économique – comme nous l’écrivions dans les Echos < insérer le lien > – ça l’est aussi d’un point de vue géopolitique !
Journées d’été des Verts : les Verts au travail
C’est un lieu commun. Et pourtant, chaque année les Journées d’Eté des Verts constituent un moment fort et galvanisant, même après 20 ans de militantisme au sein du parti, par la richesse des échanges, et surtout le sentiment que, quand nous reléguons la politique politicienne et nous consacrons vraiment à la politique au sens noble, nous partageons tant de convictions communes, mais aussi de savoir-faire, malheureusement encore trop mal utilisés. Quelques exemples, au gré de mes participations aux divers ateliers et plénières.
– la plénière d’ouverture jeudi matin, consacrée à la mobilité en ville : un choix judicieux. Il suffit d’entendre ce que nous disent les experts du climat (sur l’accélération du dérèglement climatique), les géologues du pétrole (sur l’épuisement de la ressource) ou les médecins (sur les conséquences de la pollution de l’air) pour être confortés dans le fait que nous avons eu raison, au cours du dernier mandat municipal, d’engager une mutation salutaire dans les villes où nous étions en responsabilité (Lille, Grenoble, Besançon, Nantes, Paris et maintenant Toulouse). Les témoignages des élus à la tribune conforte évidemment ce point de vue et permettent de mettre en évidence les différentes facettes de cette politique, et leur complémentarité. Pour ma part, j’y interviens en tant que Président du Club des Villes Cyclables (mon mandat s’achevant le 25 septembre prochain) et c’est l’occasion de souligner à quel point la transformation de l’image du vélo, notamment sous l’effet d’innovations technologiques telles que les vélos partagés (vélib and co), a modifié les comportements : c’est bien dans nos têtes que se situent nombre de résistances au changement. Démontrer qu’être écologiste c’est être moderne, dans la ville qui bouge, dans la ville solidaire, est sans doute l’un de nos défis prioritaires. Et de rappeler que les politiques de déplacement écologiques sont bien à la conjonction des différentes piliers du développement durable : bonnes pour l’environnement, plus juste socialement (en renforçant le droit à la mobilité de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture), dynamique d’un point de vue économique (en créant des dizaines de milliers d’emplois) et améliorant la qualité de vie (des rues plus calmes, des usagers en meilleure santé s’ils font régulièrement du vélo).
– Une plénière du Cedis (formation des élus) sur le dérèglement climatique qui nous permet de rappeler l’extrême urgence à agir, mais là aussi que Les Verts, là où nous sommes en responsabilité, agissent, mettent en œuvre des solutions concrètes, et même inventent… y compris pour concevoir une nouvelle ingénierie financière ! Car concevoir des politiques d’investissement écologique, qui permettront de faire demain des économies d’énergie (et d’éviter des coûts très lourds de réparation des catastrophes), c’est aussi mettre au point les outils permettant de les financer de façon pérenne. Là encore, d’Ecolo en Belgique, à la Région Ile-de-France (Mireille Ferri) ou à l’Ile St Denis (Michel Bourgain), des réponses sont expérimentées, et ces journées d’été sont l’occasion de les partager.
– L’atelier sur les « copropriétés » est de la même veine : là aussi on échange sur les leviers nous permettant d’adapter nos préconisations politiques à la situation particulière des copropriétés, à leurs mécanismes de décision complexes, sur les aides potentielles des pouvoirs publics, etc. L’expertise de Charles Rémy, qui dans le 13ème gère sa copro depuis de nombreuses années, nous permet de mettre en évidence les synergies possibles entre élus et copropriétaires écologistes, soucieux de faire évoluer les bâtiments où ils vivent vers la sobriété énergétique.
– De même j’aurais volontiers participé à l’atelier où je devais intervenir sur « villes et campagnes », organisé par la commission agriculture, s’il n’y avait eu une incompatibilité d’agenda. Pour autant l’organisation d’une telle réunion montre que la préoccupation que je tente de porter à Paris (comment nourrir la capitale à partir de son bassin territorial ?) est partagée ailleurs, signe de coopérations potentielles là-aussi.
– Deux autres ateliers, enfin, m’ont particulièrement intéressé. L’un concernait les suites du congrès mondial des Verts de Sao Paulo et était organisé par Patrick Farbiaz et Catherine Grèze, chevilles ouvrières de la présence française au sein de l’internationale verte. L’occasion de rendre compte de ce moment fort, notamment d’un point de vue émotionnel, et aussi de relever les faiblesses persistantes de notre mouvement au niveau planétaire face aux enjeux qu’il est censé relever. L’autre était l’occasion de retrouver Christophe Derenne, l’organisateur des EGEP (Etats Généraux de l’Ecologie Politique) en Belgique francophone, qui présentait Etopia, l’outil dont s’est doté Ecolo pour poursuivre son action, sorte de Fondation des Verts belges francophones. Un projet que les Verts français devraient se dépêcher d’imiter en remplacement de la Fondation René Dumont.
Un pas vers le code de la rue
Au cœur de l’été, vous n’avez pu manquer la décision gouvernementale instaurant le gilet fluorescent (porté par Lagarfeld sur tous les écrans !). Par contre, d’autres décisions au moins aussi importantes pour la sécurité routière sont passées inaperçues. Et pourtant elles méritent toute notre attention puisqu’elles constituent des avancées très concrètes vers le code de la rue que nous appelons de nos vœux.
Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes concernant les politiques cyclables au niveau national pour que nous ne nous félicitions pas ouvertement et sans retenue de celles qui sont intervenues le 1er août dernier à l’occasion d’un décret modifiant le code de la route (voir ci-dessous).
Je suis particulièrement heureux et fier que le Club des Villes Cyclables puisse revendiquer ces victoires, car c’est à notre initiative, lors de notre Congrès de 2005 que le Club a lancé en France une initiative en faveur de la création du code de la rue. C’est à notre demande que Dominique Perben, alors ministre des Transports, a mis en place un groupe de travail sur le code de la rue. Alors que ce groupe de travail menaçait de s’embourber dans les méandres de l’administration, nous avons repris l’initiative lors de notre Congrès de Lyon en demandant unanimement que le principe du double-sens cyclable soit entériné dans toutes les rues à 30 km/h ; demande que j’ai relayé auprès de Dominique Bussereau lorsque je l’ai rencontré quelques semaines plus tard, et qui m’avait donné son accord.
Même si ces décisions ne constituent pas encore un « Code de la Rue » en bonne et due forme, elles constituent des avancées majeures, attendues depuis longtemps par nos collectivités.
Téléchargez le décret n° 2008-754 du 1er août 2008.
Un bonus pour le vélo
Ci-dessous, le communiqué de presse que j’ai publié cette semaine, en tant que Président du Comité de Promotion du Vélo. C’est le premier étage d’une campagne de lobbying en direction du gouvernement pour la mise en place d’une fiscalité favorable à l’usage du vélo.
Projet de Loi de Finances pour 2009 : Pour un bonus vélo
L’extension du système de « bonus-malus » visant à favoriser l’achat de voitures moins polluantes à d’autres familles de produits, dans le cadre du projet de Loi de Finances pour 2009, est une bonne nouvelle. Le Comité de promotion du vélo revendique que la fiscalité incitative soit aujourd’hui élargie et que le vélo, mode de déplacement à part entière et non polluant par excellence, plébiscité par beaucoup de citadins mais grand oublié du Grenelle de l’Environnement, soit pris en compte.
« L’impact du bonus-malus automobile depuis huit mois sur les comportements des Français prouve l’efficacité des mesures agissant à la fois sur le pouvoir d’achat et sur l’encouragement de nouvelles pratiques de consommation, a déclaré Denis Baupin, Président du Comité de promotion du vélo. Cependant, si les mesures visant à encourager l’achat de véhicules moins polluants sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes pour réduire de façon significative la pollution et son corollaire de nuisances et de méfaits sur la santé. Il faut agir pour un meilleur report de la voiture sur les autres modes de transport. Le vélo est, avec la marche, le mode le plus adapté aux déplacements de proximité : non polluant, non consommateur de pétrole et bon pour la santé. Et combiné avec les transports publics, il offre aussi une solution efficace et économique pour les distances plus longues. »