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Publié le 23 juin, 2008

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Journal d’un écolo 14-22 juin 2008

Du Conseil National Inter-Régional des Verts au Salon des Energies Renouvelables en passant par le Conseil de Paris, retour sur une longue semaine bien remplie !

Conseil national des Verts (14 et 15 juin) : un pas vers le rassemblement

Comme à chaque CNIR, nombre de débats et de votes (Voir ici le compte-rendu du CNIR des 13-14 juin). Mais l’un marque une étape importante dans la prise de conscience d’un nécessaire dépassement des Verts actuels. Dans le cadre des prochaines Européennes, nous choisissons de mettre sur la table une offre politique : inviter Dany Cohn Bendit, Nicolas Hulot et José Bové à nos Journées d’Eté de Toulouse, afin d’envisager la constitution de listes communes aux Européennes. Ce vote concrétise la démarche engagée depuis quelques semaines autour de l’appel « Rassembler les écologistes » initié notamment par Bernard Jomier, et signé par des centaines d’adhérents et cadres Verts. Une première étape est franchie. Pour nombre d’entre nous, signataires de la contribution « Face à l’urgence, réussissons l’union des écologistes » , comme je le rappelle à la tribune du CNIR, si ce rassemblement s’opère à l’occasion des Européennes, ça ne peut être un coup médiatique sans lendemain. C’est au contraire le ban d’essai d’un rassemblement au sein d’une organisation politique, qui pourrait s’opérer à l’occasion d’un Congrès de l’Union des Ecologistes en 2009, élément indispensable de la reconstruction de la crédibilité des écologistes politiques.

Pollution électromagnétique (14 et 15 juin) : les médecins se mobilisent et la Ville de Paris nous donne raison
Dimanche 15 juin, le JDD publie (voir ici l’appel de 20 cancérologues) sur les dangers potentiels d’un usage immodéré du téléphone portable et donnent des conseils de bon sens pour limiter les risques. Un pavé dans la mare, en direction de tous ceux qui prétendent que, faute de risque avéré, aucune mesure ne serait à prendre. Quelques jours plus tard, d’ailleurs, l’Académie de médecine, conformément à sa tradition d’alignement sur les lobbies industriels communiquera sur le thème « circulez, il n’y a rien à voir », ce que dénonceront à juste titre dans un communiqué (voir ici le communiqué) Agir pour l’Environnement et Priartem.

Hasard du calendrier, c’est le lendemain de cet appel qu’a lieu un Conseil de Paris, où, comme d’habitude, le groupe des Verts fait de nombreuses propositions, et notamment le vœu sur le Wifi (voir ici le vœu ) que je présente pour demander qu’une étude soit menée sur la réglementation en vigueur selon les pays, pour limiter les risques du Wifi. Alors que, jusque là, la ligne officielle de l’Hôtel de Ville tendait plutôt, elle aussi, vers le « circulez, il n’y a rien à voir », l’exécutif propose pour la première fois, en réponse à ma proposition, un vœu qui non seulement entérine l’étude demandée (et donc la justification implicite de mesures de précaution) mais aussi, comme je l’avais demandé, l’organisation d’une conférence de citoyens sur les ondes électromagnétiques et la santé. Une opportunité à saisir pour faire progresser l’application du principe de précaution en la matière (à suivre à l’automne).

Vélo et nudité (6 et 15 juin) : la Préfecture de Police revendique la répression, soutenue par nombre d’élus

A l’occasion du même Conseil de Paris, je saisis l’opportunité de la séance des questions d’actualité pour interroger le Préfet de Police, au nom du groupe des Verts, sur la répression des cyclistes par les forces de police. Comme d’habitude, on a droit de la part du Préfet de Police, mais aussi de l’exécutif municipal, à un discours stéréotypé sur la l’obligation pour les cyclistes de respecter un code de la route qui n’est pas fait pour eux et un rappel strict à l’ordre ! On entend même cette réflexion particulièrement ubuesque selon laquelle les mêmes règles doivent s’appliquer à tous (sic) : à quand les voitures sur les trottoirs ? 😉 Oui, il faut des règles, et qu’elles soient respectées par tous, mais à condition qu’elles soient équilibrées et légitimes, donc différentes selon la dangerosité (notamment pour les autres) du véhicule et la fragilité de l’usager. C’est tout le sens du « code de la rue ».

Moins rituelle est la partie de ma question portant sur la cyclonudiste. Quelques jours plus tôt, avait lieu la Fête du Vélo. Deux manifestations étaient organisées par les associations. Celle du dimanche, organisée par MDB, a permis de mesurer la capacité nouvelle de mobilisation des cyclistes : plus de 2000 cyclistes (voir ici les photos de cette manifestation) ont convergé de toute l’Ile-de-France et ont traversé Paris. Mais c’est surtout celle du samedi, organisée par Vélorution, la cyclonudiste, qui avait suscité l’intérêt des médias, et surtout une volonté répressive inacceptable de la Préfecture de Police.
Le niveau des réponses à mes questions en dit long sur l’incapacité des pouvoirs publics à répondre à une interpellation aussi dérangeante que cette action purement non-violente. Mais l’ambiance dans l’Hémicycle aussi.
Visiblement il suffit de parler de nudité au conseil de Paris, particulièrement après le repas, pour qu’une partie de l’hémicycle soit tout émoustillée ! Que de beaufisme et de sexisme dans les réflexions entendues !
40 ans après mai 68, l’ordre moral résiste toujours.

Quelques jours plus tard, est rendu public en Australie un rapport qui apporte de l’eau à notre moulin, démontrant l’intérêt de l’utilisation du vélo pour l’équilibre des comptes sociaux. A quand le remboursement de l’achat de vélo par la Sécu ?

Autre information concernant un sujet proche : l’annonce, par le Maire de Paris, de la création d’un syndicat intercommunal pour Autolib ! Ce qui nous a été refusé pour Vélib, pourtant bien plus écologique, serait donc possible pour Autolib. Encore un combat pour les prochaines semaines, comme je le souligne dans mon communiqué (voir ici le communiqué)

Plan Climat : innover dans les technologies et les mécanismes financiers (16 et 19 juin)
La mise en œuvre du Plan Climat adopté à la fin de la dernière mandature va nécessiter beaucoup de volonté politique, car les résistances sont nombreuses. Mais elle nécessitera aussi d’inventer des réponses pragmatiques, qui permettent de dépasser les contradictions. 2 exemples :
– investir dans l’isolation thermique coûte cher, mais l’investissement est largement compensé par les économies d’énergie réalisées les années suivantes (particulièrement quand le coût de l’énergie ne cesse de croître). Encore faut-il inventer des mécanismes financiers qui intègrent cet équilibre global et minimise en conséquence l’effort à accomplir lors de l’investissement, qu’il concerne les particuliers (le plan « 100 000 immeubles » du plan climat), ou la collectivité (les logements sociaux et les bâtiments publics : écoles, gymnases, etc.).
– le recours aux énergies renouvelables est devenu consensuel sur le principe – une avancée impressionnante aux regards des décennies où nous passions pour des hurluberlus passéistes. Encore faut-il inventer l’intégration urbaine du solaire et de l’éolien dans une ville dont le patrimoine doit être protégé.
Deux bonnes surprises cette semaine sur ces points : une rencontre avec la Fondation Clinton, dont l’un des grands objectifs et de lutter pour le climat, et qui démontre un grand professionnalisme, une capacité importante à mettre en relation des collectivités qui s’affrontent aux mêmes difficultés, et peut ainsi faire profiter les uns et les autres des solutions qui s’inventent sur ces deux fronts. Et une visite le jeudi 19 juin au Salon des Energies Renouvelables (voir ici l’article de l’Usine Nouvelle sur ce salon) dont j’ai clôturé la demi-journée d’ouverture et où ce qui marque le plus est le foisonnement de stands, de professionnels, etc. On y trouve certes de tout, mais c’est indéniablement la preuve d’un secteur économique en pleine expansion.

Le bio à l’assemblée (16 juin)
Un petit tour mardi 16 juin au soir, à l’apéro organisé par Yves Cochet et d’autres députés, en présence de Jean-Pierre Coffe, et de nombreux associatifs, à l’initiative d’Agir pour l’Environnement, pour une dégustation de produits bio. Des nombreuses interventions, la confirmation d’un double constat : l’intérêt pour le bio est clairement sorti de la marginalité ; pour autant, le décalage entre la demande et l’offre (désespérément faible) n’en est que plus patent. D’où l’importance que les pouvoirs publics mettent en place les mécanismes nécessaires. La présence de députés de la majorité comme de l’opposition, est de ce point de vue un signe d’espoir.

Lutte contre le bruit : passer de la mesure à l’action (17 juin)

Hasard du calendrier, c’est le mercredi 17 juin que se réunissent pour la première fois, depuis les municipales, deux organismes dans lesquels je siège dorénavant. Le matin, se réunit le conseil d’administration de Bruitparif. L’occasion de constater les efforts accomplis pour mesurer ce qui est considéré par les Franciliens comme la première nuisance. Et l’après-midi la Commission consultative de l’environnement de l’Héliport d’Issy Les Moulineaux. Quel décalage ! Là, le constat est clair : élus et associatifs, défendant à des degrés divers la tranquillité des riverains, pèsent de bien peu de poids face à un lobby industriel et administratif bien peu enclin à la transparence, et encore moins à l’auto-critique. Les chiffres qu’on nous présente montrent la faiblesse des moyens de contrôle. Et surtout, les quelques informations soutirées, à force de question, quant au nombre des vols effectués, montrent une évolution exactement inverse à celle que la charte signée l’an passée aurait dû entraîner (charte que la Ville de Paris a refusé de signer vu la faiblesse des engagements pris). A peine signée, la charte se révèle donc inapplicable, faute de volonté réelle de l’Etat (via la DGAC) de restreindre les vols. Ma question, sur la façon dont l’Etat compte se doter des moyens permettant de faire respecter sa charte, reste évidemment sans réponse.

Raison de plus pour que la Ville de Paris se dote d’un Plan de Prévention Bruit dans l’Environnement (PPEB), dans la suite du « plan bruit » adopté lors de la dernière mandature. Une délibération en préparation pourrait lancer son élaboration à l’automne.

Pollution automobile : l’Etat freine des 4 fers, malgré les alertes des médecins (18 et 19 juin)
Le jeudi 19 juin, c’est à dans une nouvelle instance que je siège pour la première fois : le Conseil Départemental de l’Environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST). Une de ces nombreuses instances alibi, où élus et associations sont censés apporter une caution environnementale aux projets de l’Etat. Et le premier dossier abordé va en donner une confirmation plus vraie que nature. Il s’agit d’émettre un avis sur un arrêté (fourni sur table, donc non consultable à l’avance !) concernant la mise en œuvre du PPA (plan de protection de l’atmosphère, prévu par la loi sur l’Air de 1996 !), dans le domaine des PDE (plans de déplacements des entreprises). Ce PPA est loin de m’être inconnu car au cours du mandat précédent, nous avons beaucoup bataillé, Yves Contassot et moi, pour tenter de faire du PPA un document utile, c’est-à-dire ne se contentant pas d’enfiler des mesures inefficaces, visant surtout à ne contrarier aucun intérêt industriel, et ce malgré les alertes de plus en plus pressantes des médecins. Faute d’obtenir gain de cause, nous avions convaincu, tant le conseil de Paris que le conseil Régional, de donner un avis défavorable au PPA. Ce qui n’avait pas empêché l’Etat de l’adopter.

Les PDE sont cependant une des rares mesures susceptibles d’avoir un impact positif… d’où l’empressement de l’administration à vider la mesure de tout contenu ! D’emblée, on nous précise que l’arrêté interdépartemental concerne toute l’Ile de France, qu’il a déjà été soumis aux 7 autres CODERST, et signé par les Préfets concernés ! Autant dire qu’on nous invite à être une simple chambre d’enregistrement.

Malgré tout, je décide de faire mon travail sérieusement, et de faire les remarques qui me semblent nécessaires, comme si cela pouvait avoir un impact. Un rapide coup d’œil à l’arrêté montre très vite ses incohérences, y compris juridiques ! La principale porte sur le mécanisme retenu pour sélectionner les « générateurs de trafic », c’est-à-dire les employeurs ayant obligation de mettre en œuvre un PDE : la même règle s’applique pour tout le territoire, qu’on soit au cœur de Paris ou au fin fond de la Seine et Marne, et ne prend en compte aucun des critères depuis longtemps connus comme incitatifs à l’usage immodéré de l’automobile comme l’existence de parkings gratuits sur les lieux de travail, l’existence de voitures de fonction, le parc automobile de l’entreprise, ou encore les horaires de travail !

Résultat : on nous explique qu’en fait, pour Paris, seules 6 « entreprises » parisiennes sont concernées, parmi lesquelles la Ville de Paris (pour laquelle le Plan de Déplacements de Paris et le Plan Climat prévoient justement l’élaboration d’un plan de l’administration parisienne), la RATP, le CCAS, la Banque de France… mais aucun service de l’Etat, pas même la Préfecture de Police ! A mes questions pressantes sur cette carence, on tente bien de me répondre que l’arrêté examiné ce jour ne porte que sur les entreprises privées… ce qui se heurte vite à la réalité des « entreprises privées » citées ci-dessus ! Puis on finit par exhumer un décret qui prévoit un mécanisme dérogatoire pour les services de l’Etat, dont il ressort qu’ils doivent élaborer eux aussi un plan de déplacement de l’administration pour fin 2008 : au vu de la totale méconnaissance de cette obligation par ceux-là même qui sont censés la mettre en œuvre, il y a fort à parier qu’à la fin de l’année les plans de déplacement de la Préfecture de Police et autres services parisiens de l’Etat auront conservé leur statut purement virtuel.

L’ensemble des réponses des services à mes remarques sera à l’aune de celle-là : inconsistantes. Au moment où le Préfet, de mauvaise grâce, se décide à soumettre au vote l’avis sur l’arrêté, je tente, sans illusion, une dernière proposition : qu’on ne se contente pas d’un vote pour ou contre, mais qu’on émette des recommandations, notamment sur les aspects juridiques où les services ont bien été contraints de reconnaître les erreurs du texte. Refus du Préfet. Je voterai donc contre, mais les choses sont bien faites : l’Etat a une solide majorité qui lui permet de garantir un avis favorable. La suite aux prochains épisodes…

Mais l’actualité concernant la pollution automobile ne se limite pas à cette lugubre instance. Ce jeudi est rendu public un rapport de l’InVS démontrant une bonne fois pour toutes la nocivité des particules fines pour la santé.

Et le vendredi, c’est le ministre du Budget qui se permet de critiquer le coût soit disant trop élevé du bonus malus sur les voitures. Certes, en tant qu’écologiste, on ne peut que regretter que l’argent des contribuables serve, à hauteur de 200 millions d’euros, à subventionner l’achat de voitures, serait elle moins polluantes. Et ce d’autant plus qu’on sait depuis plusieurs mois que le bonus malus souffre d’un effet pervers majeur : parce qu’il n’est assis que sur les émissions de CO2, et pas sur les particules fines, il a boosté la vente de véhicules diesel !

Clairement, ce bonus-malus est mal ciblé. Mais ce n’est pas ce que lui reproche M. Woerth. Serait-il mieux ciblé et plus efficace, cela ne retirerait rien à la critique du ministre du Budget : cela coûte trop cher… sous-entendu pour une mesure environnementale ! Certes, 200 millions ne sont pas rien. Mais que M. Woerth ne s’est-il alors élevé contre les cadeaux fiscaux de l’été 2007, dont le coût était 75 fois plus élevés, ou contre les niches fiscales dont le coût pour l’Etat est 365 fois plus élevé ! Non, ce sont uniquement les mesures environnementales qui sont toujours trop coûteuses et doivent donc être remises en question.

Quelques semaines avant l’examen du projet de loi Grenelle, le ton est donné.

Décroissance ou a-croissance

Vendredi 20 juin, je déjeune avec Serge Latouche, auteur, entre autres, de « Petit traité de la décroissance » ; « Le pari de la décroissance » ou encore « Survivre au développement » Il m’avait soutenu lors des élections municipales, et nous avions convenu de trouver plus de temps pour discuter. L’occasion d’échanger sur la nécessaire décroissance (quel que soit le terme qu’on lui donne, et les précisions sémantiques permettant d’atténuer le caractère caricatural du terme) de nos économies, de nos gaspillages, de nos pollutions, sur les carences de la droite et de la gauche en la matière, et les énormes résistances de l’économie et des médias à tout ce qui induirait un changement total de nos schémas mentaux.

La Turquie est dans l’Europe !
Dernière nouvelle de la semaine passée : la qualification de la Turquie pour la demi-finale de l’Euro. Qui osera maintenant prétendre que la Turquie n’est pas en Europe ? Manquerait plus qu’elle gagne !

Denis Baupin, dimanche 22 juin 2008

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