Interview de D. Baupin en réaction aux déclarations de B. Delanoë dans le JDD

Que pensez-vous des déclarations de Bertrand Delanoë dans le jdd mettant en garde les Verts contre la surenchère et l'outrance ?

Je regrette que progressivement le candidat socialiste se laisse aller à un discours aussi agressif et condescendant. Quel est son objectif ? Veut-il gouverner seul ? Nous avons passé l'âge où le maître d'école nous dit que nous avons été trop turbulents et nous donne des bonnes et des mauvaises notes. Un partenariat ça implique le respect réciproque. Nous ne sommes ni dans la surenchère, ni dans l'outrance : nous défendons des convictions qui sont moins indexées sur les sondages que sur l'état de la planète. Elles sont fortes et dérangeantes et remettent en question toute une génération de certitudes. Mais je constate que sur nombre de propositions « outrancières » les socialistes ont fini par nous écouter au cours de ces 7 années. Nous avions simplement un temps d'avance et eux un temps de retard.

Que répondez vous à Bertrand Delanoë sur le chiffrage de votre projet ?

Qu'il a mal lu notre projet. Nous ne proposons pas une carte fruits et légumes par personne, mais par famille. Ceci étant le chiffre de 9 millions ne correspond pas au coût de la carte fruits et légumes, mais au surcoût de cette carte par rapport au chiffrage du Revenu Parisien Universel. Le chiffrage global de notre projet est donc exact. Mais si le candidat socialiste souhaite un débat contradictoire sur nos chiffrages et surtout les mesures proposées contre la pauvreté et la malbouffe, nous y sommes prêts. En tous cas, je note que le candidat socialiste est plus prompt à chiffrer notre projet que le sien. On attend toujours de savoir combien coûtera Autolib aux Parisiens, alors que les services de la Ville travaillent dessus depuis un an, quel sera le niveau des tarifs pour l'usager, si cela concurrencera les taxis, et quel sera le montant de la hausse de fiscalité : 2 fois un montant à un chiffre, ça fait combien ? Nous avons pris le risque de présenter nos chiffres. J'espère que ceux qui se qualifient un peu vite de bons gestionnaires rendront bientôt publics les leurs.

Et quant aux signaux envoyés au MODEM ?

Les bras m'en tombent. Au moment où on annonce une victoire triomphale de la gauche à Paris, quel serait le sens de cette inflexion vers la droite ? On ne me fera pas croire que les anciens adjoints de Tiberi et anciens co-listiers de Panafieu en 2001 qui se sont recyclés au Modem sont devenus de gauche. Faire dépendre d'eux une majorité, c'est forcément prendre le risque que la politique menée soit plus à droite, donc plus éloignée de ce qui souhaitable pour Paris. Je ne suis pas sûr que les électeurs de gauche aient envie de donner un tel chèque en blanc pour le second tour au candidat socialiste. En tous cas, nous nous sommes défavorables à cette dérive vers la droite.