Publié le 25 mai, 2010
0Grenelle 2 : L’environnement ça commence à bien faire
Certes tout n’est pas à rejeter dans les lois Grenelle 1 et 2. Il y a quelques avancées notables. Mais la France avait tellement de retard que ces lois ne permettent même pas de le rattraper, ce qui déjà n’aurait été qu’un minimum pour un pays qui se glorifiait, il y a peu encore, de guider le monde en la matière (sic).
Comme à Copenhague, comme pour la taxe carbone rejetée par le Conseil Constitutionnel, l’ambition du Grenelle (et notamment des nombreux écologistes qui s’étaient sincèrement engagés dans la démarche) s’est fracassée sur la contradiction profonde dans laquelle se trouvent des dirigeants politiques qui veulent bien « faire de l’environnement », mais à condition que cela ne remettent pas en cause ni un modèle économique qui pourtant craque de toute part, ni la religion de la sacro-sainte croissance, ni les intérêts immédiats de nombreux lobbys plus ou moins bien placés en cour.
Chaque fois le même dilemme est reposé : il n’est pas possible de limiter le réchauffement climatique à hauteur de 2 degrés (et de suivre les conseils prodigués par la communauté scientifique), de réduire nos émissions de gaz à effet de serre ou d’améliorer notre rapport à l’environnement, si on refuse « d’entrer dans le dur » du modèle de développement, si on en reste à une vision de surface. Et chaque fois, le dilemme est tranché de la même façon : l’environnement, ça commence à bien faire, réduisons les ambitions environnementales, privilégions les logiques de court terme plutôt que la vision politique.
Il n’y a que deux issues possibles : soit, à force de reporter systématiquement les mesures nécessaires, c’est la planète qui présentera la note, et nos sociétés seront alors contraintes de s’adapter à des coûts économiques et plus encore sociaux qui pourraient bien mettre à mal l’équilibre même de nos sociétés et nos civilisations ; soit, et c’est au moins en cela que le Grenelle aura pu être utile, démonstration faite qu’on ne peut décidément pas mener une politique écologiste avec des hommes et femmes politiques productivistes (rappelons qu’à Copenhague aucun des chefs d’État présents n’était écologiste), nos concitoyens mettront en situation de responsabilité des écologistes. Espérons qu’il ne sera alors pas trop tard.
À lire : l’explication du vote des députés Verts (par Yves Cochet) et l’appel de l’association Agir Pour l’Environnement à voter contre le Grenelle 2.