Publié le 2 juin, 2009
0France 3 : D. Baupin était invité du 19/20 lundi 1er juin
JEAN-JACQUES CROS Alors c’est une actualité qui est moins dramatique que ce qu’on vient de voir avec l’accident, mais quoi que, on va le voir. Demain, 30 ans d’AIRPARIF avec toutes les procédures d’alerte, etc. Avec nous Denis BAUPIN, bonsoir.
DENIS BAUPIN Bonsoir.
JEAN-JACQUES CROS Vous êtes adjoint au maire de Paris en charge du développement durable, de l’environnement du plan climat. 30 ans d’AIRPARIF ça se fête?
DENIS BAUPIN Ca se fête parce que c’est un appareil qui est vraiment très intéressant, très utile, pour la collectivité, qui nous permet de savoir quelle est la qualité de l’air en Ile de France, mais c’est en même temps un anniversaire qui montre que depuis 30 ans on sait que l’air est pollué par qu’il reste extrêmement pollué.
JEAN-JACQUES CROS Alors AIRPARIF il Y a trois missions, il y a mesurer, prévoir et aussi informer les gens pour qu’ils changent leur comportement. Est-ce que les trois sont assumés avec succès ?
DENIS BAUPIN Informer aujourd’hui ça se fait quand on sait qu’il y a des pics de pollution. Mais c’est pas tellement AIRPARIF qui est en cause, aujourd’hui la réglementation mise en place par l’Etat, les ordonnances et tout ça font en sorte que aujourd’hui on limite beaucoup l’information, on attend d’être vraiment sur que l’air est très pollué, et on n’anticipe pas. Nous ce que nous souhaiterions c’est qu’on anticipe. C’est-à-dire quand grâce à Météo France on sait qu’on risque d’avoir des épisodes de pollution importants, parce qu’on sait que la pollution c’est à la fois les émissions des véhicules et en même temps la météo, quand on sait qu’il risque d’y avoir un épisode de pollution, qu’on prévienne les gens de façon à ce que d’une part les victimes potentielles puissent s’adapter, mais aussi qu’on puisse éventuellement mettre en place des mesures pour restreindre les sources de pollution.
MARLENE BLIN Ca veut dire qu’il faudrait réduire la vitesse des automobilistes sur des périodes beaucoup plus larges qu’à l’heure d’aujourd’hui?
DENIS BAUPIN Alors c’est pas seulement la vitesse, mais prenez par exemple les camions, au début on a de plus en plus … c’est des pics de particules fines, des particules fines c’est émis par les moteurs diesel, et c’est donc beaucoup de camions et beaucoup de véhicules diesel mais aussi beaucoup de camions; la discussion que nous avons aujourd’hui avec le préfet de Police, c’est de savoir si on ne devrait pas expérimenter lorsqu’on sait qu’il va y avoir un pic de pollution, de dire: les poids lourds, sauf ceux qui vont vraiment dans le coeur de l’agglomération, ceux qui sont simplement en transit, eh bien ne peuvent plus passer par l’A86 ou par le périphérique, mais doivent contourner par les autoroutes nationales de façon à ce qu’on diminue les risques pour la population.
JEAN-JACQUES CROS Ca veut dire que là quand on annonce qu’il ya des seuils d’alerte ça ne modifie pas suffisamment le comportement pour que ce soit sensible sur la pollution?
DENIS BAUPIN Aujourd’hui on s’en tient à des recommandations aux automobilistes pour leur dire de baisser la vitesse sur le périphérique et franchement personne n’a fait de mesure parce que tout le monde sait bien que si on mesurait on constaterait l’inefficacité complète de ces indications.
JEAN-JACQUES CROS Alors vous attribuez la responsabilité à l’automobile. Il y a des désaccords là-dessus, il y a des économistes ou des chercheurs qui pensent que c’est aussi par exemple la pollution industrielle qui serait majoritairement responsable.
DENIS BAUPIN En Ile de France il y a très peu de pollution industrielle et en tout cas plus vous approchez du centre de l’agglomération, là où habite les gens, plus la part de la pollution due à l’automobile est évidente notamment quand on parle des particules fines. Il faut bien voir que aujourd’hui quand même on parle de questions qui ne sont pas que théoriques, ce que nous disent les médecins c’est que vivre dans un air toxique comme celui de Paris ça veut dire que vous, moi, nous aurons 9 mois de durée de vie en moins parce que cet air est toxique.
Et qu’on pourrait améliorer donc cette qualité de vie commune parce que nous réduirions la pollution due aux véhicules.
JEAN-JACQUES CROS Là vous parlez de particules fines, alors au départ AIRPARIF s’en prenait, si j’ose dire, à l’ozone, le dioxyde d’azote, au monoxyde de carbone, maintenant tout ça c’est dépassé, on va beaucoup plus loin.
DENIS BAUPIN C’est dépassé, ce serait bien exagérer, parce qu’on n’est toujours pas aux normes de qualité de l’air, que recommande l’Organisation Mondiale de la Santé ou l’Union européenne. A Paris et dans l’agglomération nous sommes au dessus des normes c’est à dire que nous avons une moindre qualité de l’air que ce qu’il faudrait, sur ces polluants que vous avez cités. Et en plus il y a les particules fines sur lesquelles on sait que le travail a été relativement moins effectué jusque là, et qu’on est très mal placé en France parce que nous avons le parc de véhicule le plus diésélisé du monde, parce qu’on a un des constructeurs français qui est spécialise du diesel, et donc que la fiscalité du gazole a favorisé l’utilisation du diesel.
JEAN-JACQUES CROS Alors là vous évoquez des normes qui sont internationales, au niveau des autres métropoles…
DENIS BAUPIN Oui mais justement on a les européennes dans une semaine, c’est l’occasion pour les gens aussi de voir ce que peuvent faire leurs députés européens pour améliorer ces normes. Alors je ne donnerais pas l’indication sur ce qu’il faut voter parce que je ne suis pas là pour ça, mais qu’en même temps ça prouve bien l’utilité de l’Europe. C’est-à-dire que c’est l’Europe qui définit les normes concernant les véhicules.
JEAN-JACQUES CROS Merci Denis BAUPIN d’avoir été avec nous.