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Publié le 16 mai, 2007

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Faire gagner nos idées

Il est bien trop tôt pour dire où cette reconfiguration nous conduira. Les élections législatives apporteront dans quelques semaines une partie des réponses. Mon intuition est que le système politique français pourrait bien se redessiner à l’image du paysage de nos voisins européens, en 5 pôles :

  • un pôle d’extrême droite : espérons-le définitivement contenu en-dessous de 10%
  • un grand parti de droite populaire voire populiste : en France l’UMP, en Allemagne la CDU, en Italie Forza Italia
  • un pôle de centre-gauche et social-démocrate : l’avenir nous dira en combien d’organisations le MODEM, le PRG, et la majorité sociale démocrate du Parti Socialiste se regrouperont, mais il n’y a pas la place pour autant de structures
  • un pôle écologiste
  • un pôle « gauche de la gauche » : là encore, l’avenir dira si des multiples organisations d’extrême-gauche, du parti communiste, et de l’aile la plus « orthodoxe » du Parti Socialiste naîtra un parti unique ou se maintiendra une constellation d’organisations

Dans cet espace politique, ma conviction, profondément ancrée, est la pertinence de l’existence d’un pôle écologiste. Je reste perplexe face à la débandade de certains de mes amis, exaspérés par la difficulté à faire émerger cette organisation, et inquiets du score du premier tour de la Présidentielle qui ont déjà  (ou pensent à) jeté le bébé avec l’eau du bain, qui en rejoignant Bayrou, qui sensibles aux sirènes de l’appel à un « grand parti de gauche » (ritournelle de cadres du PS en difficulté), qui tentés par la poursuite de l’aventure Bové sous d’autres formes. Chacun est libre de ses choix personnels. Je leur souhaite de rester fidèles à leurs convictions, même si je ne pense vraiment pas que leur choix soit le plus utile à leurs idées.

Car la campagne qui vient de se dérouler n’a pu que confirmer notre conviction : l’écologie politique n’est pas soluble dans les partis traditionnels. Lutter frontalement contre le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, le gaspillage énergétique, la prolifération des risques technologiques majeurs (nucléaire, OGM, produits chimiques), etc. implique de s’affranchir non seulement d’idéologies qui font de la croissance l’alpha et l’omega de toute stratégie économique, mais aussi d’affronter des lobbies industriels et économiques qui résisteront brutalement à toute remise en question de leurs pouvoirs et leurs acquis. Face à ces enjeux, mais aussi pour que face à ces nouvelles contraintes, nous sachions apporter des réponses solidaires, par la définition de droits politiques et sociaux nouveaux, il y a besoin d’une écologie politique indépendante.

Comme toute aventure collective, construire une force politique est loin d’être un long fleuve tranquille. L’histoire de la construction du parti des Verts est finalement assez courte (30 ans) au regard des autres familles politiques, mais elle est déjà riche de nombreux chaos, de victoires, d’échecs, de remises en question mais aussi de rigidités. Pourtant, je reste convaincu que, malgré ces difficultés, l’aventure doit impérativement se poursuivre.

J’ai eu l’occasion, dans la conclusion Tout voiture, No future (éditions L’archipel) de dire comment j’imagine que ce parti doit tirer les enseignements de son histoire pour se révolutionner et devenir une véritable force politique structurante. Il dispose, de mon point de vue, de 3 atouts : ses idées ne cessent de progresser dans la société, au fur et à mesure que les dégâts annoncés du productivisme se concrétisent ; il dispose d’un réseau d’élus locaux motivés, expérimentés, qui font la démonstration au quotidien de l’utilité des Verts ; il s’inscrit dans une structuration internationale de l’écologie politique qui démontre que, quels que soient les soubresauts franco-français, le besoin d’une force écologiste est patent.

Pour faire gagner nos idées, il lui faut faire face à 2 défis : réussir à convaincre durablement l’électorat de la pertinence d’une force écologiste non seulement au niveau local mais aussi au niveau national, bien au-dessus des 1,57% du premier tour de la présidentielle ; et transformer profondément une organisation au bilan énergétique tellement défavorable, rongé qu’il est comme beaucoup d’autres partis par la place prise par la politique politicienne, que l’essentiel de l’énergie est consacré à l’appareil et non au projet.

Faire gagner nos idées, dans les années qui viennent, ça reste possible si nous acceptons de relever ces 2 défis. Il nous restera aussi, et ce n’est pas le moindre des enjeux, à clarifier notre positionnement stratégique dans ce nouveau paysage politique, face à une droite dure, durablement installée au pouvoir. Car, quels que soient nos désaccords avec eux, il nous faut trouver des partenaires avec lesquels construire des coalitions. J’avais publié dans Libération, en 2003, une tribune intitulée « Parti unique, NON, Olivier à la Française, OUI » (1) (à l’image de la coalition dorénavant au pouvoir en Italie). A l’époque, c’était un peu iconoclaste. Au regard de la recomposition en cours en France, c’était peut-être prémonitoire.

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