Publié le 19 juillet, 2008
0Environnement et Stratégie : effervescence Capitale
Paris durable. Transport, logement, énergie… Quelles solutions la ville va-t-elle mettre en œuvre pour résoudre l’équation du Développement durable (DD) ? La réflexion bat son plein. Interview de Denis Baupin.
ES : Que va apporter ce nouveau mandat en termes de DD ?
Denis Baupin : Il s’ouvre dans un contexte très différent du précédent. Les premiers impacts de la crise écologique et énergétique sont visibles. Notamment la flambée du prix du pétrole. Ces changements vont avoir des répercussions lourdes en termes social et économique. Le DD, c’est diminuer les impacts environnementaux, tout en renforçant la solidarité et en rendant notre économie plus robuste face aux crises à venir. Nos solutions doivent y répondre simultanément.
ES : Qu’est-ce qui va changer, par exemple, en termes de déplacements ?
Denis Baupin : Notre plan de déplacement doit être ratifié dans les prochains mois. Il prévoit de développer les transports collectifs et autres modes de déplacement alternatifs à l’automobile.
Comme Vélib l’a montré, cela réduit la pollution de l’air et les gaz à effet de serre, augmente la mobilité de ceux qui ont peu de moyens et crée des emplois dans ces secteurs.
ES : Un projet phare durant la mandature ?
Denis Baupin : La priorité est de développer les liaisons de banlieue à banlieue. La rocade de métro en petite couronne, reliant les lignes de métros et de RER, changera le visage de la capitale. Tous
les élus concernés sont d’accord pour participer financièrement. Seul l’État n’a pas encore dit combien il donnerait… Le chantier est estimé à environ 6 milliards d’euros, soit la moitié
des bénéfices de Total chaque année.
ES : Et pour le logement ?
Denis Baupin : Nous appliquerons notre plan climat en agissant sur la consommation énergétique des bâtiments et en développant les énergies renouvelables. Cette action aura aussi une fonction
sociale (moins de charges locatives). De plus, ce marché crée des emplois non délocalisables. C’est un énorme avantage.
ES : Comment allez-vous procéder ?
Denis Baupin : Les logements sociaux sont la priorité. Avec les bailleurs sociaux, nous explorons plusieurs pistes pour que le financement des réhabilitations ne pèse pas sur le locataire. Ville et
bailleurs vont investir mais l’État doit aussi apporter son aide.
ES : Que faites-vous pour les bâtiments municipaux ?
Denis Baupin : Nous nous devons d’être exemplaires. Nous travaillons par exemple avec la fondation Clinton pour mettre en place un dispositif pour l’isolation des écoles. Ces investissements
rapporteront plus qu’ils ne coûtent, surtout vu le prix de l’énergie. Il nous faut inventer les mécanismes financiers permettant d’amortir le choc de l’investissement par les économies à venir. Ils ne sont pas encore calés mais qu’une ville comme Paris s’y intéresse fera bouger le monde de la finance.
ES : Et les particuliers ?
Denis Baupin : Il s’agit ici d’inciter les propriétaires à réaliser des diagnostics énergétiques, que nous prenons en charge à hauteur de 70 % avec l’Ademe et la Région, et à réaliser les travaux préconisés que nous subventionnons à hauteur de 20 %, en plus des aides existantes. Nous regardons aussi comment impliquer les entreprises. Sur tous ces sujets, c’est l’effervescence.
Nous voulons mobiliser tous les acteurs de la ville ! D’autres thèmes sont également au coeur de nos réflexions, comme l’alimentation (favoriser les circuits courts, les produits de saison…) ou les nuisances (limiter la pollution chimique, électromagnétique…). Pour cela nous allons notamment utiliser le levier des achats de la ville et lancer des débats citoyens.
ES : Comme pour l’eau, d’autres services vont-ils repasser au public ?
Denis Baupin : Je ne suis pas en charge de cette délégation, mais sociétés privées et ville ont souvent des intérêts divergents. Quand la ville gère directement, elle peut bien plus facilement intégrer
des demandes nouvelles plus écologiques. Par exemple, si Vélib’ était en régie municipale, son extension vers la banlieue serait beaucoup plus simple!
E. L.