Publié le 23 avril, 2007
0Enseignements d’un premier tour
Aujourd’hui, face à la coalition Sarkozy Le Pen – déjà inscrite dans les faits puisque Sarkozy a repris le programme de Le Pen – et à la menace extrême qu’elle fait peser sur la démocratie on ne peut prendre de risque. Il faut que Ségolène Royal l’emporte au second tour. Pour cela, il ne suffit pas d’obtenir la consigne de vote des candidats du premier tour : il faut que Ségolène Royal convainque leur électorat qu’elle peut être non seulement la candidate du Parti Socialiste, mais de l’ensemble de la gauche et des écologistes.
Les électeurs qui ont mis le bulletin de vote Dominique Voynet dans l’urne ce dimanche, sont ceux qui, convaincu par sa campagne pugnace jusqu’au bout, ont résisté au chantage du vote utile. Ce sont les plus convaincus de l’impératif écologique. Si Ségolène Royal veut obtenir leur suffrage, il faut qu’elle démontre qu’elle sera une présidente « utile » pour affronter la crise écologique. Il lui reste deux semaines pour prendre clairement position sur l’EPR et le nucléaire, sur la lutte contre le dérèglement climatique, les OGM, les autoroutes, mais aussi sur la proportionnelle, les minima sociaux, les sans-papiers.
A Paris, comme dans les autres grandes villes, le phénomène vote utile a été amplifié. Il serait vain d’en tirer des enseignements qui dépasseraient le cadre d’une élection nationale extrêmement personnalisée. Au moment où les enjeux locaux seront posés, il nous reviendra, à nous écologistes, de démontrer que le vote Vert est bien un vote utile au niveau législatif et municipal. Gageons que la question se posera largement différemment qu’à l’élection présidentielle : autant à cette dernière les Verts ne pouvaient prétendre avoir une élue, autant l’utilité d’un groupe parlementaire est clairement perceptible et, au niveau municipal, la preuve de l’utilité d’élus en responsabilité n’est plus à faire. Il nous faudra montrer aussi au cours de ces campagnes que Les Verts n’ont rien perdu de leur capacité à « déranger », à poser les problèmes de façon différente des partis traditionnels, à faire des propositions dérangeantes parce qu’indispensables.
Enfin, au-delà des échéances électorales des semaines à venir, nous aurons à nous interroger sur l’inquiétant glissement à droite du paysage politique, au lendemain de cette élection : la reprise du discours de Le Pen par Sarkozy, le score de Bayrou, les thématiques retenues par la candidate socialiste, les scores de la gauche non-socialiste, en disent long sur la montée en puissance de valeurs individualistes et de repli sur soi, et sur la nécessité de reconstruire une capacité à faire prévaloir les valeurs collectives de solidarité, d’humanité, d’universalité qui sont les nôtres.