Notre dernière journée à Tokyo a été l’occasion de conforter nos impressions sur la situation japonaise.
Une rencontre avec des députés et maires membres du parti au pouvoir (PLD) mais ouvertement anti-nucléaires est venue confirmer que le débat sur la poursuite ou l’arrêt du nucléaire est dorénavant un débat fondamental qui traverse l’ensemble de la classe politique japonaise, et où s’affrontent, selon nos interlocuteurs, l’ancienne classe politique liée à l’industrie nucléaire, et une génération plus jeune qui mise sur la transition énergétique et les énergies renouvelables.
Notre déjeuner passionnant avec l’ancien Préfet de Fukushima, Eisaku Sato, lui aussi clairement anti-nucléaire, fut l’occasion de confirmer l’emprise exercée par le « village nucléaire » (le lobby) sur les institutions et la politique japonaise, aux dépens de la démocratie et de la transparence, dans un mélange malsain entre le MITI (le ministère de l’économie et de l’industrie) et l’industrie nucléaire, assez proche de ce qu’on peut connaître en France, et qui est pour beaucoup dans la gestion scandaleuse de la catastrophe de Fukushima, comme dans la résistance actuelle au changement : l’ex-premier ministre Naoto Kan notamment n’a pu y résister durablement.
La partie la plus originale de notre journée nous a amené à passer 1h30… dans un supermarché, en compagnie de familles japonaises, nous montrant comment ils tentent de limiter les dégâts sanitaires liés à la catastrophe nucléaire pour leurs enfants, en choisissant soigneusement leurs aliments. Sur la base du travail du « Save the Children Network », les parents repèrent les flashcodes des aliments dans les rayons pour retrouver leur source, et ainsi éviter les produits les plus risqués, selon leur risque de contamination radioactive. Le père français d’une petite franco-japonaise nous explique aussi les efforts considérables que lui et sa femme ont effectué pour identifier les aliments mangés par leur enfant à la crèche – malgré la résistance des autorités – puis finalement réussir à changer de crèche, pour une qui accepte que les parents apportent les aliments de leur enfant, afin d’être sûrs de leur origine. Plus angoissant encore, ces parents nous montrent les graphiques qu’ils ont réalisé pour faire circuler l’information, et qui montrent notamment à quel point les normes mises en place par les autorités japonaises sont scandaleusement dangereuses pour la santé, puisque ces normes permettent d’accepter des niveaux d’irradiation 15 fois supérieurs à ceux autorisés en Ukraine après la catastrophe de Tchernobyl !!!!
Nous terminons cette dernière journée par une conférence de presse commune avec les Verts japonais – et notamment l’une de leurs 4 porte parole, élue de Tokyo, Nao Suguro – l’occasion de montrer aux nombreux journalistes japonais présents en quoi l’alliance des partis écologistes français et japonais est fondamentale pour pousser nos gouvernements respectifs à sortir du nucléaire. Je ne me prive pas de l’occasion pour fustiger l’ingérence de François Fillon, présent ce jour au Japon, qui tente de forcer la main aux Japonais afin qu’ils n’abandonnent pas le nucléaire (compléments à venir ainsi que déclaration commune rendue publique).
Ce dernier jour se termine par un dîner avec les Verts japonais, l’occasion aussi de remercier nos accompagnateurs, Toshiki Mashimo et notre candidate locale aux Législatives Janick Magne, sans lesquels nous n’aurions jamais pu réussir à ce point ce voyage.
Denis Baupin
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Déclaration commune EELV / Greens Japan (traduction française en cours)
Europe Ecologie Les Verts and Greens Japan (Midorino Mirai) express its great condolences to Fukushima and ambition to accelerate Green politics
2011/10/22
Europe Ecologie Les Verts
Greens Japan (Midorino Mirai)
March 11th is one of the turning points of the energy politics in our history, which indicates the end of the nuclear era. We strongly regret that we couldn’t put an end this until the catastrophic disaster of Fukushima Daiichi nuclear power plant occurred, and extend our deepest condolences to the affected people. To avoid another Fukushimas, we, Europe Ecologie Les Verts of France and Greens Japan, express its ambition to accelerate Green politics in both countries and all over the world.
Germany has decided the abolition of all nuclear power plants until 2021. Switzerland followed Germany. Italy had a referendum and it concluded with 94% of vote in favor of continuing no-nuke policy. The end of the nuclear era is consisted of an overwhelming unstoppable stream which covers all over the world. The upcoming generation has a right to enjoy renewable energy, which is the obligation of our generation led by Green politics. We should not force nuclear waste nor unexpected radioactive exposure on the next generation any more.
France is the second largest and Japan is the third largest nuclear power plants country. Our decision on nuclear politics has enormous influence to the world. The end of nuclear era is not only our desire but also the requirement of the world and the history. Since we know that nuclear power plants lead us a catastrophic influence not only to human beings but also to every kind of natural environment, and not only when there is a severe accident but also even when they are operated “under control”, we, Green Party of France and Japan, hand in hand, challenge to the national elections with an ambition to turn both countries and the world Green.
Eva Joly
Europe Ecologie Les Verts
Nao Suguro
Midorino Mirai