Conseil de Paris : question d’actualité relative aux droits des femmes et à la fermeture du centre IVG de Tenon (20e)
Monsieur le Maire,
La manifestation nationale pour les droits de femmes ce samedi a rappelé l’actualité et l’acuité des atteintes aux droits des femmes, et des inégalités dont elles sont victimes, dans notre pays et à travers le monde. Ces inégalités sont nombreuses, leur traduction est quotidienne… La crise économique et sociale ne fait que les exacerber.
L’un de ces droits, celui de disposer de son corps, acquis de haute lutte, est de fait remis en question. On assiste à une remise en cause progressive de l’accès à la contraception et à l’avortement. L’écart entre les principes affirmés par la loi et leur application ne cesse de se creuser.
Au nom d’économies budgétaires, le gouvernement ferme des services hospitaliers considérés comme non rentables, aux dépens des patient(e)s et du service public. La loi Hôpital Patients Santé et Territoires, renforce la Tarification à l’activité, et la logique comptable des hôpitaux, en favorisant les actes prestigieux. Le projet de loi de finances 2010 menace de remettre en question les moyens dédiés à l’information et l’éducation à la sexualité.
L’IVG fait partie de ces actes médicaux présentés comme non rentables et non gratifiants pour les médecins. Il est de plus en plus difficile à Paris d’obtenir une consultation, dans des délais impératifs, auprès d’un service hospitalier ; les femmes sont de plus en plus nombreuses à dépasser les délais légaux ce qui les met hors la loi et les contraint à partir à l’étranger pour avorter. La logique implacable et cynique de la rentabilité budgétaire se révèle plus dévastatrice encore que les intégristes religieux.
Alors que les besoins sont évidents – 12 000 IVG sont pratiquées chaque année à Paris – on assiste à un démantèlement progressif des centres IVG dans toute l’Ile de France. Le Planning Familial, par la voix de sa secrétaire générale notre ancienne collègue Marie-Pierre Martinet, l’Association Nationale des Centre d’IVG et de Contraception et la CADAC dénoncent les récentes fermetures des centres des hôpitaux Jean-Rostand (Ivry-sur-Seine), Tenon (Paris 20e) et Broussais (Paris 14e), ainsi que celle à venir d’Avicenne (Bobigny), alors qu’à elles seules, ces quatre structures ont réalisé environ 2.800 IVG en 2008.
C’est au cœur de l’été que le centre IVG de Tenon a été fermé. Il est transféré à l’hôpital Saint-Antoine, dont la maternité réputée est appelée à fermer elle aussi ! Cette politique de regroupement est menée au détriment de la qualité et de la spécificité de l’accueil des femmes, et des conditions de travail des personnels.
Depuis des semaines, les femmes du 20ème en subissent ces conséquences parfois dramatiques en termes de délais d’attente, pour une prise en charge. Un collectif unitaire s’est constitué. Il s’oppose à la fermeture et a occupé les lieux. Il rassemble élus, associations, et personnels mobilisés.
Par cette question, M. le Maire, nous tenons à exprimer notre préoccupation face à ce démantèlement des services de santé de proximité, qui porte notamment atteinte au droit à la contraception et à l’avortement. Et nous vous demandons, en tant que Président du Conseil d’administration de l’AP-HP d’intervenir auprès de la direction pour qu’elle revienne sur cette logique qui touche notre région et en particulier sur la fermeture du centre d’orthogénie de Tenon.
Denis Baupin
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