Publié le 15 décembre, 2006
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Plus inattendue est la morbide insistance d’autres médias, plutôt situés plus à gauche, sur le boulevard St Marcel, censé incarner l’horreur de l’insécurité routière. Libération y consacre deux pages sous le titre inquiétant de « boulevard de la peur », repris d’une newsletter de la droite extrême. Certes, l’aménagement du boulevard St Marcel est nouveau dans Paris (mais existe dans de nombreuses autres villes), et on peut sans doute encore en améliorer la lisibilité. Mais il est aussi le résultat d’un travail mené pendant deux ans, et qui a conduit à sa validation notamment par plusieurs services de l’Etat, dont la Préfecture de Police en charge de la sécurité routière.
Deux accidents mortels ont eu lieu sur ce boulevard. Les victimes traversaient en dehors des passages piétons et alors que le feu était vert pour les véhicules. Malgré tout, nous cherchons comment mieux anticiper et de prévenir ce type d’accident. On ne peut que comprendre la douleur des familles. Mais on ne peut que dénoncer l’instrumentalisation répugnante de cette douleur par le maire du 5ème, juriste de profession (il y a bien longtemps), et qui tente de convaincre le mari d’une victime de porter plainte contre le Maire de Paris et moi-même.
Mais on peut aussi s’étonner de la focalisation de certains médias, oubliant négligemment de rappeler que depuis 2001 la mortalité due à l’insécurité routière a chuté à Paris bien plus que partout ailleurs. On peut s’étonner par exemple que personne ne s'intéresse aux Champs Elysées, véritable autoroute urbaine, et dont la compétence échappe à la ville de Paris (car sous tutelle Préfecture de Police), qui cumulent vitesse excessive et accidents, parfois mortels. N’est-ce pas plutôt sur ces axes infernaux que devraient se concentrer les inquiétudes ?
Quelques jours après le second accident mortel sur St Marcel, il y a eu un mort sur le boulevard Montparnasse. Le Parisien s’est précipité pour dénoncer les couloirs de bus. Mal lui en a pris : l’accident avait eu lieu sur la partie du boulevard où il n’y a pas de couloir, parce que la Préfecture de Police l’a refusé pour le bus 92. Malgré nos demandes, le Parisien a refusé tout démenti. On aurait même pu penser qu’avec des couloirs de bus, permettant au piéton de faire une pause sur un îlot au milieu de la traversée, l’accident aurait pu être évité, et une vie de plus épargnée. Mais cela n’intéresse visiblement pas ceux pour lesquels les accidents ne sont pas dus à la vitesse de circulation automobile et aux comportements inciviques des automobilistes, mais aux élus qui tentent de l’endiguer.