Publié le 9 juillet, 2008
0Libération : Logement : Paris voit haut
Le plafond a sauté. Les 37 mètres de hauteur, altitude maximum des immeubles de la capitale, pourront être dépassés. Exceptionnellement, certes, et pas partout. Mais la délibération qu’a votée hier le conseil de Paris sur «l’évolution du paysage urbain parisien sur sa couronne» est un feu vert.
Six sites, tous situés en périphérie de la ville, pourront accueillir des constructions en hauteur. Masséna-Bruneseau (XIIIe arrondissement), Bercy-Charenton (XIIe), porte de la Chapelle (XVIIIe), Clichy-Batignolles (XVIIe), porte de Montreuil (XXe) et porte de Versailles (XVe). Un coup d’œil à une carte confirme qu’on ne fait pas la révolution : ces six petites zones représentent peu de choses sur les 105 km2 de la capitale. «Ce n’est pas un déplafonnement général», rappelait Anne Hidalgo, l’adjointe à l’urbanisme, la semaine dernière.
Politiquement pourtant, c’est lourd. Bertrand Delanoë, maire de Paris, avait tenté de promouvoir l’architecture des hauteurs dès le début de son premier mandat. L’opposition de ses alliés Verts avait enterré le dossier.
Les Verts sont toujours hostiles – Denis Baupin, leur leader, parle de «débat d’image entre Delanoë et Sarkozy» – mais ça ne compte plus. Désormais majoritaire sans eux, le maire a pu faire voter sa délibération par la gauche et quelques élus de droite (centre et indépendants). La «jeune garde» UMP, qui s’était déclarée pro-tours, a voté contre au nom de la discipline de groupe.
De quoi parle-t-on? Côté logement, sociaux et libres, d’immeubles de 50 mètres (l’équivalent de 15 étages) au plus. Au delà, les constructions sont soumises à la réglementation des immeubles de grande hauteur et la mairie ne veut pas de cette contrainte qui renchérit les charges. Pour les équipements publics et les bureaux, on pourrait monter jusqu’à 150 ou 200 mètres.
Côté concertation, Anne Hidalgo promet «une conférence citoyenne». Mais pas de référendum, comme le voudraient les Verts. «C’est utile pour les questions auxquelles il peut être répondu oui ou non, a-t-elle souligné. Mais ce n’est pas pour ou contre les tours qui est au cœur du débat. C’est une évolution urbaine de Paris.»
Il va falloir de la pédagogie. Les tours parisiennes étaient ratées : montées sur une dalle qui rend l’entrée introuvable, esthétiquement pauvres, chères à l’entretien. Les enquêtes auprès des habitants font ressortir qu’elles ont quand même des avantages, dont la vue. Paris va devoir démontrer qu’on peut créer une nouvelle génération de tours. Réussies.
SIBYLLE VINCENDON