Publié le 26 septembre, 2007
0Grenelle de l’environnement ou Grenelle atomique ?
Tout est déjà connu de l’inanité de cette proposition : la faible part du nucléaire aujourd’hui dans l’énergie planétaire (moins de 5%) ; l’incapacité du nucléaire à fournir l’énergie nécessaire pour les principales sources d’émission de gaz à effet de serre, à commencer par les transports ; les réserves limitées d’uranium ; l’incapacité à gérer les déchets ; l’inadaptation d’un système hyper centralisé quand les besoins sont au contraire très décentralisés ; les risques d’accidents majeurs d’autant plus importants qu’il y aurait course à la rentabilité et multiplication des centrales dans des conditions de sécurité très variables d’un pays à l’autre ; et, last but not least, risque de prolifération de l’arme atomique, la fable sur la soit-disant étanchéité entre nucléaire civil et militaire ayant depuis longtemps fait long feu…
Le calendrier de cette déclaration est pour le moins préoccupant. On est à quelques semaines d’un Grenelle de l’environnement, dans lequel la grande majorité des écologistes (associatifs et politiques ; à l’exception notable du Réseau Sortir du Nucléaire et des Faucheurs Volontaires) ont décidé d’investir leurs forces, sans naïveté, mais avec la volonté d’obtenir des avancées attendues depuis longtemps , vu le grave retard accumulé par la France dans les politiques environnementales. Si ces éventuelles avancées devaient se payer d’une relance de l’énergie atomique, non seulement en France mais au niveau planétaire, le prix serait exorbitant, donc totalement inacceptable.
C’est pourtant le piège que semble aujourd’hui nous tendre le Président de la République, avec sa rouerie et son culot habituels. Les écologistes impliqués dans le Grenelle n’ont évidemment pas dit leur dernier mot. Ils ne serviront pas de caution écologique à la relance de la prolifération nucléaire . Ils ne manquent pas d’atout, y compris l’arme ultime (j’allais dire « l’arme atomique » !) que constituerait un retrait pur et simple du Grenelle. La fin de l’histoire n’est pas encore écrite. Je ne doute pas que les écologistes sauront, au moment opportun, ne pas se désunir et prendre à témoin l’opinion publique.
Denis Baupin