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Publié le 19 septembre, 2007

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Décidemment, le « lib » de Vélib dérange

A entendre les commentateurs autorisés, les cyclistes feraient « n’importe quoi » ! Renseignements pris, il semblerait que les commentateurs autorisés ne soient pas cyclistes ! S’ils l’étaient, ils constateraient au contraire que les cyclistes (en dehors de cas pathogènes) ont un comportement rationnel, pragmatique et dans la très grande majorité des cas particulièrement responsable et prudent vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres. Ce que traduit d’ailleurs la courbe des accidents.

Ce qui est vrai, par contre, c’est qu’apparaît aujourd’hui plus que jamais la totale inadaptation d’un code de la route, conçu pour les voitures, à la nouvelle organisation des villes de moins en moins automobile, et de plus en plus multi-modales. On pourrait multiplier les exemples, qu’ils concernent la remontée de file, le tourne-à-droite au feu, le double-sens cyclable, etc. qui montrent les adaptations devenues indispensables de la réglementation.

Ce n’est sûrement pas en accroissant la répression qu’on trouvera la réponse. On notera d’ailleurs que ce gouvernement, si prompt à dégainer la répression dès que la question sécuritaire est posée, a cette fois décidé de frapper les victimes potentielles ! Si zèle répressif il devait y avoir, gageons qu’il devrait plutôt concerner ceux qui mettent en danger les cyclistes : véhicules de plus en plus gros, mal garés, notamment sur les aménagements cyclables, grillant les feux rouges, etc.

La rédaction d’un code de la rue n’en est que plus urgente. C’est la raison pour laquelle le Club des Villes Cyclables et la FUBICY tiennent ce mercredi une conférence de presse commune afin de demander au gouvernement d’intégrer la place du vélo dans le Grenelle de l’Environnement, dont il est actuellement exclu. 7 mesures prioritaires y sont présentées, dont, en premier lieu, l’aboutissement du code de la rue au plus tard à la mi-2008.

Les résistances sont nombreuses. Elles sont avant tout culturelles. Les « cyclophobes » n’ont pas désarmé. Certes Vélib est apparu inattaquable, même pour les plus conservateurs d’entre eux. La sécurité des cyclistes est donc devenue un astucieux cheval de Troie pour combattre le « lib » de Vélib, que les utilisateurs (de plus en plus nombreux : plus de 4,5 millions d’utilisations en 2 mois ; plus de 100 000 par jour en septembre !) auraient pris au premier degré : « lib » comme liberté, voire comme libertaire ! Une insulte évidente à ceux qui conspuent tous les matins mai 68. Un vent mauvais soufflerait sur la capitale. Où va-t-on si le 4×4 hors de prix reste bloqué dans les embouteillages ou derrière un feu rouge, alors que pour 29 euros par an on pourrait s’affranchir de ces obstacles, le sourire aux lèvres, et avec le sentiment d’améliorer sa qualité de vie et celle des autres ?

Derrière cette question apparemment anecdotique se cachent donc des enjeux bien plus importants sur la ville que nous voulons bâtir, sur les droits et devoirs des uns et des autres, sur les comportements vertueux ou polluants que la société entend encourager ou décourager. De nouveaux rapports de force commencent à s’instaurer dans l’espace urbain. Dans cette phase transitoire, notre rôle est de peser pour que ce changement aboutisse le plus rapidement possible.

Denis BAUPIN

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