Publié le 15 avril, 2010
0France Inter 18h, Voies sur berges : invité D. Baupin
INTER SOIR 18H00 – Le 14/04/2010 -18:01 :38
Invité: Denis BAUPIN, adjoint Verts mairie de Paris
ERIC DELVAUX
A Paris, c’est un peu la surprise du chef, Bertrand DELANOË a présenté ce matin un plan de reconquête des voies sur berges. Rendre aux piétons et aux vélos les axes de bords de Seine, un projet un peu dans l’esprit de ce qui existe déjà notamment à Lyon, notamment à Bordeaux. Encore faut-il que la préfecture de Paris donne son aval, le temps d’étudier les risques d’embouteillages, car 35 000 véhicules utilisent quotidiennement les quais de la capitale. Quelle place pour la voiture dans les villes? C’est le coup de fil du 18h00 d’INTER Bonsoir, Denis BAUPIN.
DENIS BAUPIN
Bonsoir.
ERIC DELVAUX
Adjoint Verts à la mairie de Paris. Interdire les voitures sur les quais parisiens, c’est une de vos vieilles revendications. Pourquoi n’avez-vous pas été consulté pour ce projet?
DENIS BAUPIN
Aujourd’hui, je ne suis plus en responsabilité sur les déplacements dans la capitale. Mais ça fait, comme vous le dites, longtemps que les écologistes proposent de reconquérir les berges de la Seine pour en faire profiter l’ensemble de la population et pas simplement y faire passer des voitures. C’est
un site prestigieux qui est classé au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Aujourd’hui, le projet annoncé par le maire de Paris, c’est un projet qu’on peut qualifier d’ambitieux et qui, pour nous, va dans le bon sens, même si ce n’est qu’un pas vers cette reconquête définitive.
ERIC DEL VAUX
Est-ce que le but non avoué, ce ne serait pas finalement de dissuader les automobilistes de prendre leur voiture en créant de nouveaux embouteillages?
DENIS BAUPIN
Pas en créant de nouveaux embouteillages, pour ça, il faut qu’il y ait un renforcement des transports collectifs, ce qui accompagne ce type de projet. Mais l’idée de tout le monde aujourd’hui, de tous ceux, si on écoute ce que nous disent les scientifiques sur le déréglement climatique, sur la crise pétrolière, sur les questions de pollution de l’air, c’est que, en effet, il faut inciter les gens à passer de l’automobile vers les transports collectifs, c’est inéluctable, c’est un élément qu’il faut mettre en place. Vous constatez d’ailleurs que dans toutes les villes du monde, vous avez cité un certain nombre de villes françaises qui ont reconquis leurs berges, mais aussi, vous regardez ce qui se passe à Londres,
ce qui se passe à Rome, ce qui se passe à Berlin, dans toutes les villes du monde, aujourd’hui, on cherche, en effet, à inciter à moins utiliser la voiture, parce que trop de voitures dans la ville, c’est l’asphyxie.
ERIC DELVAUX
D’accord, mais encore faut-il des moyens pour réguler ce trafic, je parlais de 35 000 véhicules qui roulent sur les voies sur berges chaque jour. Est-ce qu’il y aura, par exemple, des trams pour compenser le trafic?
DENIS BAUPIN
D’abord, le projet qui a été présenté par le maire de Paris est un projet qui ne va reconquérir que partiellement ces berges de la Seine …
ERIC DELVAUX
Quatre kilomètres en gros.
DENIS BAUPIN
Voilà. Nous, nous aurions souhaité que ça aille au-delà. C’est possible de l’accompagner en matière de transports collectifs parce que la ligne 1 de métro, qui longe la Seine, va être automatisée. La ligne de RER A – excusezmoi, c’est très parisien – qui longe aussi la Seine, elle va passer à deux étages, donc elle va pouvoir accueillir plus de passagers. On peut mettre en place des navettes fluviales sur la Seine. Donc, il y a possibilité de ref,lforcer l’offre de transports collectifs, pas forcément pour que chaque usager-qes voies sur berges actuel aille sur les transports collectifs, mais pour dégager globalement
les axes de circulation de Paris, qui permette justement qu’on récupère les berges de la Seine.
ERIC DELVAUX
Le fait – je reviens à ma première question ~ le fait que les Verts ne soient pas, n’aient pas été consultés pour ce projet, ça ne provoque pas plus d’indignation chez vous …
DENIS BAUPIN
C’est-à-dire que nous avons fait part au maire de Paris de notre regret de ne pas avoir été associés. Je pense qu’on aurait pu rendre le projet encore plus écologique qu’il ne l’a été là. Mais le plus important aujourd’hui pour nous, ce n’est pas la question politicienne de savoir si on est associé ou pas. La
question, c’est: Qu’est-ce qu’on fait concrètement pour les Parisiens? Qu’estce qu’on fait pour l’avenir de Paris? Nous considérons que là, il Y a un pas en avant qui est significatif, qui, pour nous, est un pas important, qui va changer l’image des berges de la Seine, c’est-à-dire que, dorénavant, on ne pensera
plus que c’est une autoroute. Mais que, peut-être, là où on a franchi une marche, peut-être qu’on aurait pu en franchir deux, d’ores et déjà.
ERIC DEL VAUX
Il faut encore l’aval de la préfecture. Juste une dernière question: C’est à quelle échéance ?
DENIS BAUPIN
Le maire de Paris a annoncé que ce serait pour dans les deux ans qui viennent. Mais vous avez noté d’ailleurs qu’il y a besoin de l’accord de la préfecture de police, ça, de notre point de vue, c’est quand même extrêmement regrettable. C’est-à-dire que la ville de Paris, alors que c’est la capitale, est la
seule ville de France où les élus ne sont pas décideurs sur leur propre voirie. Donc, d’une certaine façon, moi, j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, le projet qui a été présenté s’est un peu autocensuré par rapport à l’ambition qu’il aurait pu avoir, justement à cause de ce contrôle de la préfecture de police, dont l’ambition à Paris est surtout de faire passer les voitures.
ERIC DELVAUX
Ainsi vont les institutions de la capitale. Merci beaucoup, Denis BAUPIN. Adjoint Verts à la mairie de Paris.
Pour réécouter : http://sites.radiofrance.fr/play_aod.php?BR=10493