Publié le 14 janvier, 2010
0Régionales : Duflot se veut «radicale»
L’ambiance était à la décontraction, hier pour les voeux de Cécile Duflot et des candidats aux régionales d’Europe Écologie, à quelques jours du premier meeting national qui se tiendra samedi à Montreuil (Seine-Saint-Denis). «Oh putain! T’as fait péter la cravate … », lance la secrétaire nationale des Verts à Stéphane Gatignon, tête de liste en Seine-Saint-Denis. Le jeune maire communiste de Sevran, qui constitue une prise d’ouverture de choix, explique, légèrement contrit, qu’il doit ensuite assister aux voeux de son préfet.
Le message est clair. On veut faire de la politique autrement, «séduire les 67 % des Français qui ne font plus confiance à l’institution politique », selon le pédagogue Philippe Meirieu, qui brigue son premier mandat politique comme tête de liste en Rhône-Alpes. Les données d’un premier « baromètre de la confiance politique» publié lundi par le Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po, ont largement inspiré les orateurs. Ils voient dans ces résultats, traduisant une désaffection de la droite qui ne profite pas à la gauche, un terrain à occuper.
Augustin Legrand, le très bouillonnant fondateur des Enfants de Don Quichotte, qui fait ses premiers pas électoraux sur la liste parisienne, s’est ainsi fait le portevoix «des gens, des jeunes en particulier, qui n’ont pas ou peu voté, qui ont été tentés par le bulletin blanc ». «Ici, a-t-il lancé, je n’ai pas le sentiment d’être de gauche ou de droite mais de porter un autre projet de société.» Les élus étaient d’ailleurs un peu chez lui, hier, au Comptoir général, d’anciennes écuries du quai de Jemmapes, au bord du canal Saint-Martin, où sont hébergés des Afghans sans papiers depuis plusieurs jours à l’initiative d’Emmaüs et des Enfants de Don Quichotte.
« Il faut qu’on passe devant le PS pour que les choses changent! », a lancé Augustin Legrand, en évoquant un projet «totalement différent et beaucoup plus radical» que celui des socialistes. Il sait qu’en cas de victoire de la gauche, il lui faudra composer avec eux dans l’exécutif régional. En Ile-de-France, le PS et Europe Écologie ont pris option sur deux salles pour un meeting commun d’entre les deux tours: le Zénith et Bercy. Qu’à cela ne tienne, Augustin Legrand a l’audace de vouloir «faire évoluer en interne» le PS. «Faites-nous confiance! Il peut y avoir un vrai changement, je vous le jure. » À ses côtés Emmanuelle Cosse, venue de la gauche de la gauche, ancienne présidente d’Act Up-Paris et numéro 2 sur la liste parisienne de Robert Lion, l’a soutenu dans ses élans.
Cécile Duflot a cependant repris le micro. Elle sait qu’il lui faut composer, au sein de son alliance, entre un certain nombre de tendances vertes qui vont du rouge à l’orangé.
Elle a ainsi tenu à préciser qu’elle était «pour la croissance, la croissance du bien-être, de la santé, de l’éducation ou de la culture, mais contre le gaspillage et contre une société qui a oublié le partage ».
« Nous devons être radicaux dans le programme sans être agressifs dans la mise en oeuvre », dit-elle, soulignant son intention d’être « pragmatique» dans ses rapports avec le PS. Tout ira donc bien. À condition que les socialistes respectent « le contrat de confiance ».
Cécile Duflot s’en est ainsi prise au maire PS de Toulouse, Pierre Cohen qui a fait évincer le directeur Vert du réseau de transports de l’agglomération, Stéphane Coppey.Son poste était le fruit d’un accord passé avant les municipales de 2008. Denis Baupin, adjoint Vert au maire PS de Paris, qui s’est rendu à Toulouse comme représentant du collège exécutif des Verts, prévient: «Cette affaire n’est pas un épisode local. Elle a une dimension nationale. Nous interrogeons le PS sur les valeurs de la parole donnée. »
Sophie de Ravinel