Il n'y a pas de fatalité à l'échec de Copenhague, par Denis Baupin - Denis Baupin

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Publié le 20 novembre, 2009

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Il n’y a pas de fatalité à l’échec de Copenhague, par Denis Baupin

Du 7 au 19 décembre prochain se tiendra à Copenhague l’une des plus importantes conférences internationales depuis la deuxième guerre mondiale. Pourtant, les chefs d’Etat semblent se résoudre à un échec annoncé. Comme si on pouvait négocier avec le climat…

Car le diagnostic posé par les scientifiques du monde entier est sans équivoque : le climat a commencé à se détériorer. Hausse des températures, multiplication des cyclones, incendies majeurs, sécheresses, canicules, inondations, fonte des glaces, etc., les symptômes confirment tous que nous entrons dans une zone de turbulences comme l’Homme n’en a jamais connu. D’ores et déjà, l’ONU chiffre à 300 000 le nombre de victimes chaque année. Pas pour dans vingt ou cinquante ans : des victimes dès aujourd’hui. Et les prévisions pour demain sont bien plus terribles encore : dérèglement des précipitations, systèmes agricoles remis en question, déplacement des insectes, des maladies, montée des eaux, etc. et donc misère, famines, déplacements massifs de population par centaines de millions.

Ce scénario n’est pas celui du prochain film catastrophe des studios hollywoodiens. C’est celui que raconte la quasi-totalité des scientifiques mondiaux, conférence après conférence. Et même, chaque fois, plus leurs connaissances s’affinent et s’affirment, plus le tableau s’assombrit.

Les dirigeants politiques de ce monde n’ignorent rien de ce constat. Mais, comme figés dans des postures d’un autre temps, ils semblent incapables de réagir, et tentent de reporter à demain les décisions, comme si le mauvais rêve allait tout à coup s’achever !

Certes les enjeux sont majeurs et les problèmes complexes. Il faut dans le même temps réduire nos émissions de gaz à effet de serre et nos consommations énergétiques, réduire notre vulnérabilité face aux premières catastrophes inéluctables, et accueillir plus de deux milliards d’êtres humains supplémentaires d’ici à 2050 !

Les solutions sont pourtant connues. Tout d’abord, les pays industrialisés doivent réduire de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. C’est ambitieux, mais c’est possible pour autant qu’on consente à donner la priorité aux transports collectifs, à l’isolation thermique des bâtiments, aux énergies renouvelables, etc. Parallèlement, deuxième enjeu majeur, il faut permettre aux pays en voie de développement non seulement de passer à un mode de développement moins énergivore, mais aussi d’anticiper l’impact du dérèglement climatique et d’enrayer la déforestation. L’enjeu est avant tout budgétaire, une dette écologique estimée à 150 milliards d’euros par an, à la charge des pays responsables des gaz à effet de serre depuis le début de l’ère industrielle, dont ceux de l’Union européenne. La somme est certes conséquente, mais ne représente qu’un dixième des dépenses annuelles d’armement ! Sans oublier, parallèlement, une évolution indispensable de la gouvernance planétaire et des droits de propriété intellectuelle pour permettre les indispensables transferts de technologie.

Que les négociations soient ardues est plutôt une bonne nouvelle. Cela prouve qu’on touche au « dur », au modèle de développement et aux injustices planétaires. Et la mutation n’est jamais chose aisée. On peut comprendre que les dirigeants préfèreraient disposer d’un plan B ! Malheureusement pour eux, il n’existe pas.

Dernière issue : espérer que, le temps passant, d’autres craquent, cèdent, exonérant les plus rigides de tout effort. C’est ainsi que les Etats sont aujourd’hui engagés dans une véritable course de lenteur… une sorte de poker menteur où il n’y aurait que des perdants ! Car, pendant que les Etats tergiversent, ce sont des millions de tonnes de gaz à effet de serre qui continuent de partir dans l’atmosphère, dont le poison atmosphérique mortel se fera sentir pendant des décennies. Un bien lourd héritage de souffrances supplémentaires pour les générations futures, victimes du manque de courage politique de nos dirigeants actuels, de leur incapacité à créer la confiance.

Tout espoir n’est pourtant pas perdu. En ce mois de novembre 2009, l’Histoire est venue nous rappeler qu’il y a vingt ans, des citoyens résolus ont changé la face du monde en quelques heures, là où les dirigeants, de l’Est comme de l’Ouest, n’osaient pas décider. Les Berlinois de l’Est ont su leur forcer la main, montrer où était le sens de l’Histoire.

A notre tour, dans le mois qui vient, jusqu’au 17 décembre, d’écrire l’Histoire, de dire qu’il n’y a pas de fatalité à l’échec, à condition d’oser, d’oser franchir le mur, et prendre le beau risque de la confiance et de la fraternité.

Denis Baupin est maire adjoint de Paris, membre de l’exécutif des Verts.

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