Publié le 23 avril, 2008
0Question d’actualité posée par Denis Baupin et les élu(e)s du groupe Les Verts
Monsieur Le Préfet de Police,
Ma question porte sur les conditions du respect de l’Etat de droit sur le territoire parisien, le 7 avril dernier.
Ce jour-là, 3 000 policiers et militaires français ont été déployés dans la capitale, officiellement pour protéger le passage de la flamme olympique.
Mais ce n’est pas la flamme qui faisait l’objet de toutes leurs attentions. C’était un tissu jaune soleil, aux rayons rouges et bleu.
En Chine la possession du drapeau tibétain peut entraîner un an de prison. Force est de constater que, le 7 avril sur le territoire français, les autorités Chinoises ont réussi à faire de ce drapeau un objet hautement subversif.
Partout dans Paris, les forces de police ont mené avec zèle une vaste opération de nettoyage pour faire disparaître du champ de vision toute personne qui, pour exprimer son attachement aux Droits de l’Homme et refuser que le régime chinois s’approprie les valeurs de l’olympisme, osait brandir ce drapeau.
Fouilles multiples, confiscations des drapeaux mais aussi interventions musclées se sont multipliées.
A peine arrivé à la Tour Eiffel, dont il est administrateur, notre collègue Sylvain Garel s’est vu entouré de policiers à la demande des services chinois, comme s’il était un délinquant.
J’ai moi-même été interdit d’entrer dans la station de métro Trocadéro parce que porteur d’un drapeau tibétain.
Et, de la fenêtre de l’hôtel de Ville, nous avons assisté à cette scène incroyable : les forces de police faisaient refluer du parvis les défenseurs des droits de l’homme et facilitaient l’accès des porteurs de drapeaux chinois.
De même, toute la France a été choquée de voir ces images où un journaliste de la télévision publique a été interdit de faire son travail par la police française, à la demande des services chinois, dans une ville où la liberté de la presse n’avait pas, à ma connaissance, été abrogée.
On nous dit même que tout au long de la journée, ce sont toutes les décisions concernant le parcours de la flamme qui auraient été prises par les autorités chinoises ! Et que c’est pour cela que la police française aurait été incapable de protéger la flamme… notamment quand elle a été éteinte, dans les mains mêmes de David Douillet.
Si cela était avéré, comment ne pas considérer qu’il s’agirait bel et bien de ce qu’un responsable syndical de la police a qualifié d’abandon de souveraineté sur le territoire national ?
Pouvez-vous donc nous confirmer, monsieur le Préfet, si comme les médias nous l’ont montré, c’était bien aux ordres du très efficace ambassadeur de Chine que les forces de police françaises devaient obéir ?
Si oui, pouvez vous nous indiquer dans quel cadre législatif cette délégation de pouvoir lui a été accordée ?
Pouvez-vous nous indiquer qui a donné instruction de confisquer les drapeaux tibétains, personne ne pouvant croire que les mêmes agissements observés sur la totalité du parcours soient le fruit du hasard ?
Pouvez-vous nous indiquer où en est l’enquête administrative annoncée et le cas échéant quelles en sont ses conclusions ?
Enfin, pouvez-vous nous indiquer qui étaient ces hommes en survêtement bleu qui entouraient la flamme ? S’agissait-il bien, comme évoqué par les médias, de membres des mêmes forces de sécurité qui démontrent chaque jour au Tibet leur savoir-faire démocratique ?
Le Japon vient de leur interdire l’accès à son territoire.
Alors, pourquoi la France a-t-elle accepté une telle violation de son Etat de droit ?
Denis Baupin