Publié le 2 février, 2009
0Le Parisien : Quand la ville veut se chauffer à l’eau
Peu utilisée jusqu’ici, la géothermie fait son apparition dans la capitale. La mairie de Paris veut en effet chauffer un quartier du XIX e arrondissement de cette façon.
Branle-bas de combat dans le XIX e arrondissement : cette semaine, de grands travaux de forage vont débuter sur le terrain du futur quartier Claude-Bernard. Pas question d’aller puiser du pétrole, mais… de l’eau chaude ! La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) a décidé d’aller chercher dans le sous-sol l’eau chaude du « dogger », une couche géologique située à 1 700 m environ de profondeur.
« C’est un système que nous exploiterons à chaque fois que cela est possible »
Cette eau à 57 o C permettra à la compagnie de chauffer 10 000 à 15 000 logements du futur quartier dès 2010. Une grande première dans la capitale ! Jusqu’ici, la géothermie était sous-exploitée à Paris. Pourtant, le potentiel est réel .
« Désormais, c’est un système que nous exploiterons à chaque fois que cela est possible. Après Claude-Bernard, nous allons tenter le coup aux Batignolles (XVII e ) », explique-t-on au cabinet de Denis Baupin, adjoint (Verts) au maire en charge du développement durable. La géothermie est à tout point de vue une énergie verte. Dans le XIX e , elle évitera la production de 14 000 tonnes de CO2/an puisque la chaleur sera produite à 75 % à partir d’énergies renouvelables.
Une première expérience en 1964. Quelques tentatives de géothermie, plus modestes, ont déjà eu lieu. La Maison de la radio a choisi la géothermie pour se chauffer dès 1964. Sous le bâtiment circulaire du XVI e arrondissement, un tuyau plonge à 700 mètres dans une eau chaude à la température de 27° o C. Deux tours du Front de Seine (XV e ) ont aussi eu recours à ce système en 1990. Aujourd’hui, ces systèmes doivent être modernisés.
Un succès aléatoire. Si des cartes géologiques permettent d’identifier les zones exploitables rien ne peut garantir le succès de l’opération à 100 %. Dans le XIII e arrondissement, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) avait donné la quasi-assurance qu’il existait un gisement sous le futur écoquartier de la Gare de Rungis. La société en charge de l’aménagement, la Semapa, avait donc l’espoir d’utiliser la géothermie pour chauffer des immeubles de ce secteur, qui doit être l’une des vitrines écologiques de la capitale. Mais les sondages réalisés en mars 2007 ont révélé une mauvaise surprise : le débit de la nappe dans laquelle il fallait puiser l’eau chaude était insuffisant.
« Nous ne devrions pas rencontrer ce type de problème dans le XIX e : il y a un puits géothermique à La Courneuve et des forages ont été réalisés du côté de la Villette : ce sont autant de garanties de réussite », assure Michel Galas, responsable du service ingénierie travaux de la CPCU.
Marie-Anne Gairaud