Publié le 29 juin, 2013
0Le risque sismique de Fessenheim sous-évalué : stop au dumping en matière de sûreté nucléaire
Communiqué de presse du 26 juin 2013
Le Conseil d’État a rejeté aujourd’hui un recours déposé par des associations et communes suisses, allemandes et françaises sur la centrale de Fessenheim. Et il a argumenté sa décision en indiquant qu’il a « écarté l’argument selon lequel le risque sismique aurait été sous-évalué »… Or, cette position est l’exact inverse de ce que le directeur de l’IRSN a affirmé le 30 mai dernier en séance de l’Assemblée Nationale !
Qui faut-il donc croire en matière de sûreté nucléaire, le Conseil d’État ou l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire ?
Le directeur de l’IRSN, lors du débat sur la sûreté nucléaire organisé en séance de l’Assemblée Nationale le 30 mai, avait en effet déclaré qu’il était avéré que « il y a un aléa sismique supérieur à ce qui avait été retenu à la conception » ! Il répondait à la question que je lui avais posée portant sur la différence d’évaluation faite sur la sûreté de cette centrale de part et d’autre de la frontière.
En effet, une étude rendue il y a quelques mois au ministère de l’environnement du Bade-Wurtemberg concernant Fessenheim concluait que cette centrale ne pourrait continuer de fonctionner si elle était située de l’autre côté du Rhin, à quelques kilomètres de là, du fait même du risque de séisme, et cela parce que le référentiel de sûreté utilisé en Allemagne est plus rigoureux que le référentiel français !!
A l’heure où l’Union Européenne, et notamment les gouvernements français et allemand, appelle de ses vœux une politique commune de l’énergie, comment peut-il perdurer une telle différence d’appréciation quant à la sûreté des réacteurs ? Alors même que le directeur de l’IRSN, qui appelait il y a quelques mois, après l’accident de Fukushima, à un « changement de paradigme » en matière de sûreté nucléaire, et qu’il reconnaît que le risque sismique a été sous-évalué à Fessenheim, comment peut-on continuer à prétendre cette centrale sûre ?
Il y a dorénavant urgence à clarifier ces différences d’approche en privilégiant le principe de précaution. On ne peut faire de dumping en matière de sûreté nucléaire. La France doit entendre ce que dit l’IRSN : puisque le risque sismique a été sous-évalué, Fessenheim n’est pas une centrale sûre, et on ne peut attendre 2016 pour la fermer.
Denis Baupin
Vice-président de l’Assemblée Nationale