Publié le 4 mai, 2010
0« Sur tout l’hiver, j’ai chauffé cinq jours »
Trois contre une. C’est le cours des ampoules basse consommation depuis ce matin. L’opération «Echange d’ampoules» permet aux Parisiens les plus modestes de troquer une incandescente usagée contre trois basse consommation (lire ci-contre). Coup de pouce aux Parisiens souffrant de précarité énergétique, le dispositif permettra de mieux appréhender «ce fléau qui touche de plus en plus de nos concitoyens». Thibaut* est de ceux-là. Il a 26 ans, est étudiant et ne peut s’offrir de… chauffage.
10 % du budget pour mal se chauffer
«Sur tout l’hiver, j’ai chauffé cinq jours, la température est descendue à 12°C.» En colocation avec un ami dans le 14e, il brûle 10% de son budget en électricité. «Si on avait chauffé normalement, ça serait monté à 20%». Un effort qui n’aurait de toute façon pas été rentable: Thibaut n’a qu’un petit radiateur, pas de quoi chauffer l’appartement. En acheter un ? «Trop cher.» Le jeune homme a «souvent eu mal à la gorge.» Et encore, l’appartement est «sain».
Ce n’est pas le cas de tous les précaires de l’énergie. « Bien souvent, un logement mal chauffé va être humide, calfeutré et malsain », explique Marie Moisan, chargée de mission au Comité de liaison énergies renouvelables. Situation aggravée par des équipements vétustes ou insuffisants». Ce mal est difficile à combattre, car les victimes peu identifiées. Sont précaires, les foyers qui consument 10% de leur budget en énergie ou qui se privent au péril de leur santé, mais aucun chiffre n’existe sur Paris. La Ville estime que les ratios sont les mêmes qu’au plan national: 13% de la population. Pour Emmanuel Poussart, d’Energies durables en Ile-de-France, les quartiers populaires du nord et de la ceinture sont les plus touchés. Comme les personnes âgées, les familles monoparentales ou nombreuses, et les jeunes travailleurs vivant en foyer. Du côté de la Mairie, on espère que l’opération «Echange d’ampoules» permettra «d’identifier les plus précaires et les moins informés car «le phénomène ne peut que s’aggraver».