Publié le 31 mars, 2010
010 000 à 12 000 déplacements de camions épargnés par an !
Mis en oeuvre sous la précédente mandature, ce projet fait aujourd’hui la démonstration de sa pertinence.
Date de parution: 25.03.2010 Jeudi 25 Mars 2010
Croissance verte Monoprix s’appuie sur le train pour approvisionner Paris
Depuis plus de deux ans, l’enseigne de distribution des groupes Galeries Lafayette et Casino associe train et camions au gaz naturel pour livrer une partie des marchandises à ses magasins de la capitale. Elle tire un premier bilan de cette expérience.
Fin 2004, la Direction régionale de l’équipement de l’Ile-de-France, le conseil régional, la Mairie de Paris et Réseau Ferré de France (RFF) ont cherché une alternative au camion pour faire entrer des marchandises dans la capitale. Monoprix, dont les magasins sont principalement situées en centre-ville, s’est très vite intéressé au dossier. Après un appel d’offres lancé aux transporteurs, Fret SNCF a été retenu, notamment parce qu’il possédait une des rares plates-formes intra muros permettant, sans travaux, un transfert de marchandises du fer à la route: la halle Gabriel- Lamé, près de Bercy, dans le 12e arrondissement. Un site bien positionné par rapport aux entrepôts de Monoprix, situés à 35 kilomètres au sud-est de Paris, à Combs-la- Ville.
Depuis la mise en oeuvre du dispositif, en novembre 2007, par VFLI, une filiale de la SNCF, «la fiabilité est au rendez-vous. Les trains bénéficient des mêmes priorités que les TGV», déclare Claude Samson, responsable de Samada, filiale logistique de Monoprix. L’enseigne a choisi de faire entrer par cette voie toutes ses marchandises générales non alimentaires et ses boissons sans alcool, ce qUI représente 200.000 palettes par an. Les commandes sont préparées de jour puis chargées sur un train qui fait le trajet entre 20 heures et 20 h 45. A la sortie de Bercy, la halle Gabriel- Lamé ne sert qu’en « cross docking », c’est-à-dire pour un transfert immédiat des marchandises, sans stockage. 22 camions de 14 tonnes et 4 de 7 tonnes, motorisés au gaz naturel pour véhicule (GNV) et loués à Bourgey Montreuil (Geodis), y prennent le relais dès 7 heures du matin pour livrer les boutiques jusqu’à Il heures. Ces mêmes camions ont préalablement fait entrer, avant les premiers bouchons du petit matin, les produits frais venant de Wissous et de Gennevilliers. Le recours au train évite la traversée de l’agglomération aux heures de pointe par 10.000 à 12.000 camions dans l’année. ‘
Surcoût de 15 % à 20 %
Aujourd’hui, Monoprix dessert par cette combinaison 94 magasins dans Paris et en proche banlieue, ce qui lui permet de remplir, 5 jours sur 7 et 52 semaines par an, un train complet de 18 à 20 wagons. Le bilan environnemental est forcément positif, d’autant que la locomotive diesel utilisée affiche des performances équivalentes à la norme Euro 4 des camions et est équipée d’un filtre à particules. Les véhicules au GNV améliorent aussi le bilan. Au total, les émissions de polluants ont baissé de 50 % et celles de C02 de 47 % par rapport à un transport classique en camions. Le bilan économique paraît a priori moins favorable. Une palette transportée de cette manière subit un surcoût de 15 à 20 %, qui est dû pour près de moitié à la rupture de charge (la manutention entre le train et les camions à Bercy), et, pour le reste, à l’absence de variabilité des coûts d’un train (à chaque fois qu’il est mal rempli, le coût unitaire des palettes transportées grimpe) ainsi qu’à la location à la SNCF «à un prix parisien» des 4.000 m2 de Bercy. Monoprix absorbe une partie de ce surcoût en optimisant les tournées de livraison de, ses camions, qui passent moins de temps dans les bouchons. « Nous bénéficions aussi de retombées d’image très positives auprès de notre clientèle parisienne, très sensible aux questions environnementales, explique Claude Samson. Quand les prix du gazole remonteront et que des mesures draconiennes seront prises par les grandes villes pour réduire la circulation des camions, nous serons très en avance sur nos concurrents. »
En attendant cette échéance, les responsables logistiques de Monoprix cherchent à mieux exploiter la plate-forme de Bercy, qui ne sert qu’entre 21 heures et 10 heures du matin. La distribution de Casino, le groupe auquel appartient Monoprix, utilise déjà le site. Mais l’objectif de Claude Samson est surtout de trouver des entreprises d’autres secteurs d’activités qui pourraient avoir besoin de cet espace à d’autres heures. Il envisage aussi d’y faire passer ses produits d’épicerie sèche. Enfin, Monoprix veut garder son image de pionnier des transports propres. En relation avec l’association Club Demeter environnement et logistique et en négociant avec Ports de Paris, elle mène des tests pour une utilisation de la Seine comme autre voie alternative massifiée d’entrée dans Paris. Mais Claude Samson reconnaît que les solutions qui paraissent bien adaptées à la capitale « ne seront pas forcément reproductibles dans d’autres grandes villes ». OLIVIER NOYER