A l'Assemblée logo-nouvel-obs

Publié le 11 juin, 2014

0

Nucléaire : les députés appellent l’Etat à prendre en main la filière

Le rapport de la Commission parlementaire remis ce matin invite « le politique » à se « saisir de la question des coûts et, plus largement, de la stratégie industrielle des grands acteurs de l’électricité ».

En plein flottement sur le calendrier de la loi sur la transition énergétique, la commission d’enquête parlementaire sur le coût du nucléaire remet ses conclusions au président de l’Assemblée, Claude Bartolone, mardi 10 juin. Présidée par le socialiste François Brottes, avec pour rapporteur l’écologiste Denis Baupin, la commission présente son travail comme « un exercice de clarification » autour de la promesse électorale de François Hollande de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française d’ici 2025. Mais c’est une impression d’opacité extrême qui en ressort, tant le rapport pointe les difficultés à accéder à données chiffrées fiables.

Le prix de l’électricité a vocation à s’envoler

En toile de fond : le prix de l’électricité. La France propose encore le prix le plus bas en Europe : 0,15 euro le kwh dans l’Hexagone contre 0,20 euros en moyenne dans la zone euro, et jusqu’à 0,27 euro en Allemagne qui a choisi de sortir du nucléaire. Mais, comme l’a déjà annoncé la Cour des comptes, ce tarif attractif ne pourra pas durer. Pour preuve : entre 2010 et 2013, le coût de l’énergie nucléaire a augmenté de 20,6%, selon les magistrats. Les tarifs réglementés ont, eux, augmenté de 5% en le 1er août 2013 et prendront encore 5% le 1er août 2014.

Or selon la Commission parlementaire, le coût de l’énergie nucléaire a encore vocation à augmenter car la filière française se porte fort mal. A l’échelle mondiale, le marché du nucléaire est atone et souffre d' »une érosion de la rentabilité économique ». A l’échelle nationale, le parc vieillissant engendre des frais de maintenance de plus en plus élevés. Et, quel que soit le scénario choisi pour réduire la part du nucléaire (fermer les centrales, les laisser vieillir, construire des EPR) : ça coûtera cher.

Le démantèlement des centrales coûte cher

Les opérations démantèlement des centrales, mais aussi la gestion des déchets nucléaires, restent très difficiles à provisionner puisque les coûts ne sont toujours pas clairement évalués. La Commission sonne l’alarme : « Il nous est apparu dommageable que depuis 15 ans aucune évaluation globale n’ait été effectuée concernant les coûts et les bénéfices globaux » du retraitement des combustibles usés à La Hague et la fabrication du Mox à Marcoule.

Le prolongement des centrales coûte cher

La Cour des comptes a évalué une prolongation de la durée de vie des centrales françaises au delà de 40 ans, à 110 milliards d’ici 2033, sans compter les investissements nécessaires pour la sûreté dont on a commencé à voir la couleur ces derniers mois… La commission ajoute à cela l’incertitude concernant le coût de l’assurance du risque nucléaire, aujourd’hui assuré ‘gratuitement’ par l’Etat : « A minima, cela constitue une forme de subvention qui mérite d’être intégrée dans le coût de l’énergie nucléaire si on veut la comparer à d’autres énergie (…). Cet exercice se heurte cependant à des difficultés méthodologiques pour évaluer le cout de l’accident »

Un développement du nucléaire coûte cher

Dérive du budget, calendrier flottant… La Commission parlementaire s’inquiète enfin de l’impossibilité actuelle de chiffrer le coût du kwh produit par le premier réacteur de 3e génération à Flamanville : « EDF a indiqué oeuvrer à une optimisation de l’EPR (…) mais les coûts en restent inconnus ».

Pamphlet anti-nucléaire pour l’opposition et une partie de la gauche – le député Patrice Carvalho du groupe GDR parle d’un texte « instrumentalisé pour justifier une idéologie partisane » – , le rapport de la Commission parlementaire relève pourtant une certitude : « La France est entrée dans une période d’augmentation durable des coûts de l’énergie en général, de l’électricité en particulier. »

Il demande donc au « politique » de « se saisir de la question des coûts et, plus largement, de la stratégie industrielle des grands acteurs de l’électricité ».

Par Louis Morice

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Tags:



Comments are closed.

Retour en haut ↑
  • Les lettres d’informations 2012 – 2016

    Retrouver lettres infos
  • Sur LinkedIn


  • Sur Twitter

  • La 10e circonscription de Paris

    La cironscription

  • Assemblée nationale

    Lien vers l'Assemblée nationale
  • Videos

    Type d'erreur: "Forbidden". Message d'erreur: "The request cannot be completed because you have exceeded your quota." Domaine: "youtube.quota". Raison: "quotaExceeded".

    Did you added your own Google API key? Look at the help.

    Enregistrez-vous sur YouTube si l'id PLFPJ8pb7j8TzcLYtMX5KgcvoGE29XlsKH appartient à playlist.Consultez les FAQ du plugin ou envoyez des messages d'erreur à support .