Publié le 16 janvier, 2014
0La Croix : Un rapport parlementaire dessine la voiture écologique du futur
Le député EELV Denis Baupin et la sénatrice UMP Fabienne Keller présentent jeudi 16 janvier leur rapport sur les « véhicules écologiques du futur ». Explication
Le modèle automobile classique a-t-il vécu ?
« Le secteur automobile est en pleine mutation, assure Denis Baupin au vu des nombreuses auditions réalisées à l’occasion de la rédaction du rapport réalisé avec la sénatrice Fabienne Keller et présenté jeudi 16 janvier à l’Assemblée nationale. Nous allons vivre l’équivalent du passage de la machine à écrire à l’ordinateur. » Pour les deux parlementaires, le modèle de l’automobile à moteur essence ou gazole, grande et puissante, est en voie d’épuisement. Trop cher, à l’achat et à l’usage, elle voit ses ventes diminuer structurellement, entraînant de graves difficultés pour la filière automobile.
Aujourd’hui l’âge moyen de l’acheteur d’un véhicule neuf s’élève à… 54 ans. Les jeunes s’en détournent, qui préfèrent s’évader sur leurs smartphones. Polluante, génératrice de gaz à effet de serre, la voiture classique ne répond surtout plus à ses objectifs de mobilité : stationnée 95 % du temps, elle se voit le plus souvent bloquée dans les embouteillages et confrontée en ville au manque de places de parking.
Pour autant, les transports collectifs et le vélo ne peuvent combler à eux seuls les besoins de mobilité. « J’en suis un grand partisan, mais beaucoup de gens ne peuvent se passer d’un véhicule, notamment dans les zones périurbaines en plein développement, reconnaît Denis Baupin. Reste que l’automobile doit évoluer. »
À quoi pourrait ressembler la voiture de demain ?
En matière de motorisation, les deux rapporteurs ne souhaitent pas privilégier une piste plutôt qu’une autre, d’autant, souligne le rapport, « que les technologies ne sont pas fixées ». Électricité, hydrogène, air comprimé, gaz, agrocarburant…, « aucune de ces techniques ne s’impose comme “la” solution d’avenir », assure Denis Baupin.
Une opinion partagée par les services de l’État, qui souhaitent voir coexister les différentes filières. « Le critère qui m’importe, c’est l’utilisation de carburants d’origine renouvelable, comme le bio-méthane ou les agrocarburants de deuxième ou troisième génération », précise Denis Baupin.
Autre piste à laquelle travaillent très sérieusement les deux constructeurs français, Renault et PSA : la voiture ne consommant que deux litres aux 100 km.
Quelles sont les autres pistes envisagées ?
Pour les rapporteurs, cette approche purement technique est cependant insuffisante : changer simplement de motorisation ne réglera pas les problèmes de congestion en milieu urbain. Ils plaident notamment pour l’invention d’un nouveau véhicule urbain, type quadricycle, plus léger que les véhicules classiques actuels, moins gourmand en carburant, moins polluant et moins encombrant. « De ce point de vue, l’offre actuelle des constructeurs est beaucoup trop classique », regrette Denis Baupin.
Enfin, les deux rapporteurs plaident pour le passage d’une logique du véhicule à une logique de la mobilité. Ils prennent ainsi note du développement important des services d’auto-partage ou de covoiturage, facilités par les nouvelles technologies de l’information. « Il faut soutenir la diffusion de ces nouvelles pratiques, qui ne concernent pour le moment qu’une petite partie de la population », assure Denis Baupin.
Les rapporteurs proposent ainsi de « récompenser » les nouveaux comportements vertueux. Par exemple en réservant une voie de circulation sur les autoroutes urbaines aux transports collectifs mais aussi aux véhicules contenant au moins trois personnes. Ceux-ci pourraient, de même, bénéficier d’une réduction aux péages.
EMMANUELLE RÉJU