Publié le 27 novembre, 2013
2Gaz de schiste : un rapport très partial et très partiel
Communiqué de presse de Corinne Bouchoux et Denis Baupin
Denis Baupin, Vice-Président de l’Assemblée Nationale, et Corinne Bouchoux, Sénatrice, membres de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) se sont opposés à l’adoption par ce dernier, hier, d’un rapport visant à relancer une n-ième fois le débat sur les gaz de schiste en France, sur la base d’un parti pris idéologique minimisant impacts environnementaux et économiques.
Alors même que l’objet du rapport portait sur la recherche en techniques alternatives à la fracturation hydraulique, les rapporteurs les renvoient toutes à d’improbables études ultérieures, et confirment qu’aucune ne se révèle pertinente d’un point de vue environnemental et économique. Mais ça n’est que pour mieux se consacrer à l’apologie d’une fracturation hydraulique, repeinte pour l’occasion en vert, présentée comme ayant finalement des impacts dorénavant maîtrisables… mais sans jamais préciser à quel coût et au regard de quels critères.
Membres de l’Opecst, nous avons contesté les conclusions de ce rapport sur le fond et sur la forme.
Sur le fond car il présente avec un a priori positif systématique l’usage des gaz de schiste, négligeant :
– leur impact négatif en matière de Gaz à effet de serre, alors même que la France vient de se voir confier la conférence climat de 2015
– l’engagement du Président de la République de réduire de 30% notre dépendance aux fossiles d’ici 2030, qui passe par une transition énergétique sobre en fossile
– l’absence de pertinence économique, alors même que le rapport mentionne les études reconnaissant que le modèle économique américain des gaz de schiste n’est pas reproductible en France, que l’exploitation en France n’aurait aucun impact de baisse des prix du gaz, et que l’interdiction de la fracturation hydraulique n’a pas d’impact économique négatif.
Sur la forme également en soulignant le caractère partial du choix des auditions menées. Plus de 80 % des personnes auditionnées sont favorables aux gaz de schiste et l’on peine à trouver la présence d’experts critiques.
Malgré quelques précautions de langage, entre minimisation des risques et « euphémisation » des dangers, ce rapport prend par ailleurs le risque de banaliser l’utilisation de techniques dangereuses et irresponsables. Des techniques comme l’utilisation du propane sont promues sans aucun bilan de rendement ni évaluation des substances toxiques introduites ou libérées en sous-sol. Le rapport ne fournit aucune cartographie précise sur la faisabilité éventuelle de prospections et de futures exploitations sur l’ensemble du territoire. Les nappes phréatiques, forêts, terres cultivables, zones habitées ne sont jamais prises en compte, tout comme la limite des réserves, la brièveté de l’exploitation éventuelle, en comparaison avec l’énergie dépensée pour la fracturation et les dommages irréversibles pour l’environnement et l’eau potable.
L’intérêt de ce rapport restera donc d’avoir fait la démonstration, par ceux-là mêmes qui en faisaient la promotion, qu’il n’existe pas de technique « propre » d’utilisation des gaz de schiste. Une raison de plus de s’engager dans une transition énergétique qui tourne le dos aux énergies fossiles et fissiles et devrait consacrer ses recherches aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.
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J’ai été auditionné le 24 octobre en tant qu’expert indépendant. Je n’ai pas la copie complète de leur rapport, mais je constate que mon témoignage n’aura pas réussi à infléchir un aveuglement volontaire pro-fracturation hydraulique. L’expérimentation qu’ils retiennent ne mènera à rien: la fracturation en soi crée des problèmes sans solution.
Marc Durand, Doct-ing en géologie appliquée