Publié le 20 septembre, 2013
0L’Est Républicain. Bure. Denis Baupin député vert visite le laboratoire. «Je ne suis pas rassuré»
Le vice-président de l’assemblée nationale, élu EELV, est venu visiter le laboratoire de l’Andra à Bure.
«En tant que parlementaire, je vais devoir m’exprimer sur le projet Cigéo, alors je suis allé sur place pour voir de mes propres yeux et poser mes questions», explique Denis Baupin, vice-président de l’assemblée nationale et député Europe écologie les verts (EELV).
Après une journée de visite des installations du laboratoire, il n’est pas ressorti rassuré: «J’ai l’impression que c’est une tentative du lobby nucléaire pour nous faire croire qu’il existe une solution concernant les déchets. Alors que c’est juste un trou à 500 m de profondeur.» Avant de reprendre: «La filière du nucléaire, c’est comme un appartement sans toilettes. Aujourd’hui le nucléaire est constipé, on creuse pour dissimuler.»
Pour l’élu d’Europe écologie les verts, la première priorité consiste à sortir du nucléaire: «Il faudrait stocker les déchets en subsurface, à proximité des centrales, le temps qu’ils refroidissent et que l’on trouve une autre solution grâce à l’avancée technologique».
Le vice-président de l’assemblée nationale conteste Cigéo, car le site de Bure regrouperait 200.000 colis, soit la totalité des déchets de haute radioactivité produits en France. Il y aurait également une partie du nucléaire militaire. «Si un accident se produit, alors qu’il n’y a pas beaucoup de matière radioactive, il sera moins grave que si tout est concentré au même endroit», martèle l’élu. Il redoute également une attaque terroriste à l’aide d’un colis piégé contrôlé à distance. «J’ai peur aussi que l’on mette un peu n’importe quoi dans ses boîtes, pour s’en débarrasser».
De l’expérimentation à l’industrialisation
L’élu vert appréhende également l’industrialisation des procédés mis en œuvre dans le laboratoire d’expérimentation: «On va chercher à diminuer les coûts au maximum, quitte à faire l’impasse sur certaines choses. Et sur le plan humain, au bout du 300e colis une lassitude s’installe et c’est là que se produit l’accident».
Il redoute également le transport, effectué par un prestataire, et la descente des éléments radioactifs à 500 m sous terre. La question de l’accident a aussi été abordée pendant sa visite, avec en toile de fond Fukushima et Tchernobyl. Pour l’élu, les mesures prises par l’Andra ne seraient pas suffisamment précises. «Ce qui a explosé au Japon, c’est l’hydrogène. J’ai demandé comment cela se passerait à Bure si une situation similaire se produisait. On me répond que tout est étudié mais je ne suis pas rassuré. Tous les accidents nucléaires qui se sont produits n’étaient pas censés se réaliser et pourtant ».
Quant à nouvelle forme prise par les débats publics, le vice-président de l’assemblée nationale se réjouit. «Paradoxalement, cette forme de débats en ligne est plus égalitaire que prévu. Même si c’est dommage que les réunions n’aient pas pu se tenir. Mais j’entends aussi le message protestataire, même si je ne partage pas la même stratégie.»