Newsring : Les pouvoirs publics ne peuvent pas se laver les mains de ce problème, et encore moins le subventionner
Aujourd’hui, tous ceux qui n’ont pas de véhicule diesel subventionnent les véhicules diesel. La vraie question est : y-a-t-il une véritable pertinence à ce que nous financions tous le poison en train de nous tuer à petit feu ? Il ne s’agit pas de présenter la chose comme une taxation qui serait indue mais de supprimer une injustice qui consiste à subventionner les véhicules les plus polluants. Les pouvoirs publics ne peuvent pas se laver les mains de ce problème de santé publique, et encore moins le subventionner. Imaginez un instant payer un impôt qui subventionnerait les fabricants de tabac ou Monsieur Servier… Je ne pense pas que cela serait accepté par la population.
300 euros par an et par ménage français
La Cour des Comptes n’a fait que rappeler la position qu’elle avait déjà prise en 2007, lorsque Philippe Seguin en était président. Ce dernier avait alors dit qu’il fallait supprimer ces niches fiscales pour le diesel. Si l’on additionne les niches fiscales du diesel et le coût des sur-importations de gazole, cela coûte environ 300 euros par an et par ménage français. Je ne suis pas certain que les Français aient tous envie d’être mis à contribution.
Hervé Mariton nous dit qu’il s’agit d’une instrumentalisation visant à justifier une augmentation d’impôts. Mais s’il avait eu le courage de traiter cette question de santé publique, il n’y aura plus besoin de la traiter aujourd’hui. Ceux qui ont été dix ans au pouvoir et n’ont rien fait pour régler ce problème, sont aujourd’hui mal placés pour donner des leçons.
Arnaud Montebourg, défenseur du «Made in vieille France»
J’ai déjà souligné ce problème en 1996 sous le gouvernement Juppé, quand Corinne Lepage faisait sa loi sur l’air. Je reposé cette question sous le gouvernement Jospin, Chirac et Sarkozy. Je la repose aujourd’hui sous celui de Jean-Marc Ayrault, indépendamment des questions fiscales même si je trouve en effet aberrant que l’on dépense de l’argent pour subventionner le poison.
Arnaud Montebourg est le défenseur du «Made in vieille France». S’il balaye l’idée d’une fiscalité spécifique sur le gazole, il doit sûrement aussi considérer que le Minitel et le Concorde sont du «Made in France» et qu’il faut les préserver ! Je croyais notre ministre s’était présenté comme l’homme de la Vie République, aujourd’hui c’est plutôt celui de la IIIe République. Pour Arnaud Montebourg, le nucléaire et le gaz de schiste sont l’avenir, quant au diesel il ne faut pas y toucher… Etonnant pour un homme qui défend Petroplus, un raffineur sur le point de fermer précisément à cause du diesel. C’est parce que le parc français est bien trop dieselisé que nous sommes aujourd’hui en surcapacité de raffinage. Nos raffineries produisent de l’essence en trop grande quantité par rapport à nos besoins. Pour défendre Petroplus aujourd’hui, il faudrait commencer par réduire la dieselisation du parc français.
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Évidemment, faire subventionner une consommation (individuelle) par la totalité des contribuables (qu’ils soient « non imposables » ou pas) n’est pas acceptable. Mais c’est pourtant l’habitude, puisque ce sont les pauvres (nombreux) qui financent les caprices des riches (les « happy few »), et les citoyens qui financent les guerres que se font les fauteurs de guerres…
Utilisateur d’une vieille Renault Espace (de 1994) diesel, car je n’ai pas les moyens d’un véhicule récent et que j’ai besoin de place pour transporter mes enfants, je ne devrais rien dire sur ce sujet scabreux.
Une seule chose pourtant. Quand j’ai acheté cette vieille bagnole (la précédente, du même âge, m’avait abandonné sur le bord de la route, moteur fumant), c’était en pleine prime à la casse. Et j’ai vu partir au pilon des voitures de 8 ou 10 ans, en bon état, ayant assez peu roulé, et qui m’auraient bien convenu. Il ne s’agissait pas de mettre sur la route des voitures moins polluantes, mais de garantir les marges des constructeurs d’automobiles, et j’ai dû me contenter de ce que j’avais les moyens de m’offrir. Alors, il ne m’en faut pas beaucoup plus pour avoir une idée assez précise des véritables intentions de nombre d’hommes politiques qui laissent entendre qu’ils ont quelque poids sur le destin des peuples. Et je plains ceux qui vivent dans l’illusion que le peu qu’ils font est toujours une avancée…
Habitant Nantes, j’ai une certaine pratique du vélo dans une ville qui se dit (et se croit peut-être) « cyclable », qui se gausse de son titre de capitale verte de l’Europe alors que c’est plutôt du bleu-marine qui occupe les rues les jours de manifestation anti-NDDL, où l’ancien (et l’actuel, et la future) maire a fait du clientélisme un des beaux-arts.
Ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage.
RHulot (sans rapport avec l’autre)
PS. En 2007, j’ai voté Vert (Voynet) au 1er tour, et Royal au second. En 2012, sûrement mieux informé, j’ai voté Vert (Joly) au premier tour, mais nul au second. D’où une formule dont j’ai la (non)modestie de me croire l’auteur: Nous avons commis l’erreur de porter au pouvoir ceux qui se disaient nos amis, ils n’ont pas fini de nous le faire payer.