Publié le 5 mars, 2013
020Minutes : « Diesel: Pourquoi ce carburant est devenu le plus utilisé en France »
CARBURANT – Avant de devenir l’ennemi à abattre, le diesel a longtemps été soutenu par l’Etat français. Pourquoi? «20 Minutes» fait le point…
Ils sont devenus les ennemis à abattre. Les véhicules roulant au gazole et produits avant 2011 sont tenus responsables de bien des maux: ils nuisent à l’environnement, à la santé de l’être humain, mais aussi aux emplois de nos raffineries et même au budget de l’Etat –le gazole étant moins taxé que l’essence.
Du coup, le gouvernement cherche les moyens de réduire le nombre de ces véhicules. Il étudie différentes pistes, comme une hausse de la fiscalité ou encore une prime à la conversion. Et c’est pour lui un vrai casse-tête, d’abord parce que ce carburant est le plus utilisé en France. Et de loin. Les motorisations diesel représentent 60% du parc automobile et les véhicules diesel les plus anciens –plus de 12 ans- pèsent pour 27% du parc en circulation… Mais comment en est-on arrivé là, alors que le diesel représentait moins de 5% des immatriculations en 1980?
Nucléaire, chocs pétroliers et CO2
Par une succession de facteurs. A commencer par les chocs pétroliers des années 1970. L’accès aux carburants étant plus incertain, il fallait optimiser la consommation. Une garantie offerte par le gazole, et ce, malgré le fait que le litre de diesel nécessite davantage de pétrole brut pour sa production.
D’après Denis Baupin, député d’Europe Écologie Les Verts, le choix diesel aurait même été initié quelques années avant: «C’est parce que le général de Gaulle a lancé le parc nucléaire français que Peugeot notamment a été incité à produire massivement des véhicules destinés à écouler la surproduction de gazole».
Les considérations environnementales ont également joué. Le réchauffement climatique est devenu un enjeu international et la France, mais aussi l’Europe, ont cherché à neutraliser les responsables: les gaz à effet de serre. Ils ont focalisé leur attention sur ce seul aspect environnemental –ne pensant pas aux particules fines- et ont donc encouragé les motorisations diesel -moins émettrices de CO2 que les véhicules essence-, en décidant de moins taxer le gazole.
Lobbying des constructeurs
Sentant ce vent tourner en faveur du gazole, les constructeurs français ont quant à eux fortement misé sur cette technologie en axant leurs recherches sur son amélioration. Des investissements colossaux ont été réalisés et avec succès: les Français ont été de plus en plus séduits par les véhicules diesel, certes plus chers à l’achat, mais moins onéreux à l’utilisation.
La diésélisation du parc français s’est accélérée alors même que les rejets de ces moteurs étaient déjà pointés du doigt pour leur impact néfaste sur l’environnement et la santé. Mais «comme les fabricants de tabac hier (…), les dirigeants de l’industrie automobile française ont privilégié la rentabilité immédiate à la protection de la santé, alors que, dans le même temps, d’autres pays comme le Japon interdisaient purement et simplement ces véhicules»,avance Denis Baupin.
Les constructeurs continuent d’ailleurs d’investir dans le diesel en inventant de nouveaux équipements pour le dépolluer… Mais cela a un coût. Qui devient de plus en plus insupportable pour les petites citadines, comme le reconnaît le directeur R&D du groupe PSA Peugeot Citroën. Lors du dernier Mondial de l’automobile, il expliquait à 20 Minutes: «Si on anticipe un rééquilibrage en faveur des moteurs essence, c’est donc en raison du coût supplémentaire que représentent ces nouvelles technologies: si le diesel va continuer à monter sur des grosses voitures, il existe aujourd’hui pour des petites voitures circulant en ville des moteurs à essence performants et pas très chers».