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Publié le 9 octobre, 2014

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2 EPR d’EDF en Grande-Bretagne : cette technologie est coûteuse, incertaine et obsolète

Bruxelles vient de donner son feu vert. La Commission européenne a donné son accord, mercredi 8 octobre, pour la construction en Grande-Bretagne de deux réacteurs nucléaires de troisième génération (EPR) par le groupe français EDF. Denis Baupin, député EELV et vice-président de l’Assemblée nationale, s’en inquiète.

Le contrat signé entre EDF et le gouvernement britannique pour la construction de deux EPR (réacteurs nucléaires dits de 3e génération) à Hinkley Point a un seul mérite : plus personne ne pourra dorénavant prétendre que le nucléaire est bon marché, surtout pas le consommateur britannique.

Qu’on en juge : le prix garanti du MWh issu de ces réacteurs est d’ores et déjà fixé à 117 euros (probablement autour de 130 euros au moment où il sera mis en service), alors même que le prix de l’électricité est aujourd’hui moitié moindre, et que l’éolien terrestre a d’ores et déjà un coût du MWh qui tourne autour de 70 euros (soit 40% moins cher !).

Qui plus est, alors que le coût de construction des énergies renouvelables ne cesse de décroître, force est de constater que ceux des EPR ont une fâcheuse tendance à exploser : triplement du coût entre le moment de l’achat et celui dorénavant prévu pour la livraison en France comme en Finlande.

Pour les consommateurs britanniques, la douloureuse sera d’autant plus lourde que ce tarif d’achat est garanti pour 35 ans ! Une première historique.

Un manque de lucidité

Cela fait de nombreuses années que les renouvelables font l’objet d’attaques du fait des aides d’État permettant leur développement, mais qui se justifient par le fait qu’il s’agit de technologies émergentes. Et les nouvelles lignes directrices européennes leur enjoignent de s’aligner au plus vite sur le fonctionnement du marché.

Mais là, tout à coup, en matière de nucléaire, rien de tel : alors qu’il est supposé être une technologie mature (on parle même « d’excellence technologique française » (sic), « d’énergie particulièrement bon marché » (re-sic) qui bénéficie du soutien des finances publiques depuis des décennies, le commissaire européen Almunia reconnaît que cette centrale ne pourrait exister sans soutien public !

Quel aveu d’impuissance de cette industrie à devenir un jour compétitive ! Et en conséquence, quel manque de lucidité que de continuer d’y consacrer des fonds publics qui seraient bien plus utiles ailleurs.

Mais les consommateurs britanniques risquent de ne pas être les seuls à sentir passer la facture. Alors qu’EDF parle d’un chantier de 20 milliards d’euros, la Commission européenne le chiffre, elle, à 31 milliards… voire même le chiffre de 43 milliards d’euros !

Les consommateurs vont en payer le prix

Au sein-même de l’entreprise EDF, beaucoup s’inquiètent de l’impact de ce chantier pharaonique sur les comptes d’une entreprise d’ores et déjà très fortement endettée, et qui ne maintient son taux d’endettement en-dessous de la ligne rouge qu’à force d’acrobaties financières.

Comment EDF pourra-t-il à la fois financer le chantier pharaonique britannique, le grand carénage des réacteurs français chiffré à 110 milliards d’euros par la Cour des Comptes (et qualifié de « mur d’investissement » par les syndicats d’EDF) et les investissements nécessaires à la transition énergétique, notamment en matière d’énergies renouvelables ?
Déjà, par le passé, l’expansionnisme international forcené d’EDF a été lourdement payé par les consommateurs français (et continue de l’être par les pannes à répétition des réacteurs, dues au manque d’investissement de l’époque). Tout se met en place pour que le même scénario se reproduise aujourd’hui, et que non seulement les énergies renouvelables, mais aussi les consommateurs français soient les dindons de la farce.

Heureusement pour les consommateurs britanniques et français, l’histoire est loin d’être terminée. Le gouvernement autrichien a d’ores et déjà annoncé son intention d’attaquer la décision de la Commission européenne pour subvention d’État illégale, notamment parce qu’elle constitue une incroyable distorsion de concurrence, dénoncée depuis longtemps notamment par les eurodéputés écologistes.

D’incroyables retards accumulés sur les chantiers

Le tour d’horizon ne serait pas complet si on n’évoquait l’épée de Damoclès qui continue par ailleurs de peser sur la tête des réacteurs EPR : aucun d’entre eux n’a encore commencé à produire le moindre kWh.

La première cause en est les incroyables retards accumulés sur les chantiers (doublés d’erreurs de construction qui pourraient passer pour cocasses si elles ne touchaient des installations aussi dangereuses). Mais la seconde est encore plus problématique : le système de contrôle commande des EPR est aujourd’hui loin d’être validé par l’Autorité de sûreté nucléaire !

Personne ne se risque d’ailleurs aujourd’hui (hors les communiqués de presse officiels destinés à rassurer les marchés) à avancer la moindre date quant à cette validation…

En tout état de cause, ceux qui seraient tentés de construire des EPR, en France ou à l’étranger, sont dorénavant prévenus. Ils se condamneraient à la double peine : investir dans une technologie incertaine et bientôt obsolète, et payer leur électricité à un coût très largement supérieur à celui garanti par les méthodes modernes de production d’électricité, notamment éoliennes.

 

Édité par Sébastien Billard  Auteur parrainé par Morgane Bertrand

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