Publié le 31 janvier, 2011
0« Une SEM Energie avant la fin 2011 »
LE MONITEUR MAGAZINE
A l’occasion de l’ouverture au public de l’Agence parisienne du climat, entretien avec Denis Baupin, adjoint au maire de Paris en charge du développement durable, sur la mise en oeuvre du Plan climat dans la capitale.
Quelles sont les missions de l’Agence parisienne du climat que vous présidez ?
Adopté en 2007, le Plan climat vise une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre et des consommations énergétiques d’ici à 2020. L’agence, qui fonctionne comme un guichet unique, a un rôle de mobilisation des acteurs du territoire sur ces questions. Une équipe de 25 personnes, dont 18 conseillers info énergie, cofinancés avec l’Ademe, informe, conseille et sensibilise le public, pour l’instant par mail et par téléphone (1). Dans quelques semaines, après avoir été officiellement créée par un vote en Conseil de Paris, elle assurera des permanences sur tout le territoire parisien. Nous voulons faire de l’agence le lieu du brainstorming permanent sur les politiques énergétiques et climatiques. Nous avons mis en place quatre groupes de travail, qui ont déjà commencé à se réunir.
En décembre, le Conseil de Paris a adopté un voeu sur la création d’une SEM Energie. Quand pourrait-elle être créée ?
Nous espérons la créer avant fin 2011. Après avoir envisagé de créer une SEM parisienne, l’idée d’une structure réunissant la région, la Ville de Paris, les principales intercommunalités, les départements intéressés… s’est peu à peu imposée. Cette SEM aurait deux objets : la production d’énergies renouvelables et le tiers investissement pour la rénovation thermique des bâtiments. Contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis ou en Allemagne, ce mécanisme n’existe pas en France, probablement parce qu’il mobilise des capitaux publics importants. Dans une étude pour la Ville de Paris et la région, la Caisse des dépôts retient deux positionnements possibles : celui de conseil en tiers investissement ou celui de tiers investisseur. La SEM Energie pourrait débuter par du conseil puis, si la pertinence et l’efficacité du dispositif sont avérées, passer à la seconde étape.
En attendant la création de cette SEM Energie, la Ville a lancé un contrat de partenariat de performance énergétique pour la rénovation de cent écoles. Où en est la procédure ?
Quatre groupements (2) ont été retenus. L’opérateur sera choisi à l’été. Début des travaux en 2012.
L’objectif des 200 000 m2 de panneaux solaires à Paris d’ici à 2014 va-t-il pouvoir être tenu ?
Il n’existe aucune impossibilité technique à atteindre cet objectif. Environ 145 000 m2 de toitures seraient disponibles pour la pose des panneaux solaires. Nous regardons aussi la possibilité d’utiliser les réservoirs d’eau : le potentiel s’élèverait à 120 000 m2, tout, bien sûr, n’étant pas exploitable. En revanche, l’équilibre économique est difficile à trouver sans subvention publique, surtout après la baisse des tarifs de rachat de l’électricité. De plus, à Paris, nous nous heurtons à trois difficultés : un moindre ensoleillement, la petite taille des toitures et les aspects patrimoniaux. Tout dépendra donc de l’argent que la Ville est prête à investir. En attendant, nous poursuivons ce travail technique et économico-financier.
Quel est le potentiel des énergies renouvelables à Paris ?
A technologie constante, nous l’estimons entre 5 et 7 % de la consommation énergétique totale. La géothermie est une autre source importante d’énergie renouvelable. En revanche, les microéoliennes, en cours de test, se heurtent à pas mal de difficultés techniques. Mais nous devons explorer toutes les
pistes. Nous nous intéressons également à la récupération de chaleur des eaux usées, des eaux grises et du métro…
Autre dossier, celui de la rénovation thermique des copropriétés…
Il est encore trop tôt pour dresser un bilan de l’Opération programmée d’amélioration thermique du bâtiment (OPATB) lancée dans le XIIIe arrondissement. Cela constitue un bon outil pour toucher un grand nombre de copropriétés. Dans le projet de PLH (Programme local de l’habitat), nous avons obtenu de pouvoir en mener quatre autres, à Belleville, dans le XVe arrondissement, le XIXe et à République. La Ville va aussi étudier la possibilité de créer une aide supplémentaire aux copropriétés. Ma préoccupation n’est pas simplement de réaliser quelques opérations pilotes et emblématiques, elle est surtout de faire du quantitatif pour atteindre la réduction de 25 % des consommations énergétiques en 2020. Le contexte actuel n’est pas très porteur. Mais nous devons anticiper pour être prêts si la situation redevient plus favorable. Nous prenons le risque de travailler pour rien mais au moins nous aurons essayé !
Propos recueillis par Nathalie Moutarde