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Publié le 10 novembre, 2011

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Un référendum sur la sortie du nucléaire ?

Réponse de Denis Baupin publiée dans Politis.

Je suis allé à Fukushima avec Eva Joly. J’y ai vu les conséquences dramatiques de la catastrophe : ce poison invisible qui s’insinue partout, dans l’air, l’eau, l’alimentation, les corps. J’y ai vu l’angoisse dans les yeux des parents, pour leurs enfants, leur capacité à les protéger en les éloignant de la zone dangereuse et en tentant de leur fournir une alimentation non contaminée. J’y ai vu l’incapacité des pouvoirs publics à gérer la situation, ­incapables d’évacuer la population, autorisant à la vente des aliments 15 fois plus contaminés que ce qui était autorisé en Ukraine après Tchernobyl.

J’y ai vu ces dirigeants qui, une fois la catastrophe survenue, n’ont plus fait que de mauvais choix tant l’ampleur du défi est insurmontable. J’ai vu la défiance croissante de la population, des institutions déstabilisées, une société en proie au doute comme jamais. Sans oublier tout ce que nous n’avons pu voir, une zone grande comme le Luxembourg morte, inaccessible, au milieu de laquelle réacteurs nucléaires et piscines hors contrôle continuent de cracher heure après heure leur poison, malgré les efforts des « liquidateurs » envoyés sur place. Quand on a vu Fukushima, on n’a plus le droit de parler du nucléaire avec légèreté, comme le font trop de politiques français. Qu’ils aillent voir sur place. Alors seulement ils pourront dire en conscience s’il faut continuer de prendre de tels risques insensés ou si, comme nous le proposons, il faut décider au plus vite de sortir du nucléaire.

Au lendemain de la catastrophe, nombre d’entre nous ont interpellé le président Sarkozy pour qu’il organise en urgence un référendum. Puisque, de lui-même, il n’était pas prêt à tirer les conséquences, seul le vote du peuple français pouvait le lui imposer. Ce référendum n’ayant pas eu lieu, l’élection présidentielle sera donc l’occasion pour les citoyens de se prononcer. Il revient à chaque candidat de dire quelle politique énergétique il mènera et notamment ce qu’il fera de l’énergie atomique, pas de se retrancher derrière un référendum. Quand l’électeur va voter, il veut le faire en connaissance de cause : sur les retraites, les institutions, la fiscalité. Mais aussi sur le nucléaire. Imagine-t-on un candidat qui, par habileté, de peur de perdre une partie de ses soutiens, dirait sur chaque sujet qu’il se contente d’organiser un référendum ? On vient de célébrer le 30e anniversaire de l’abolition de la peine de mort : heureusement que le candidat Mitterrand a osé ne pas renvoyer la question à un référendum.

Savoir si on continue à prendre le risque inouï du nucléaire, si on lègue à nos enfants des installations indémantelables, des millions de tonnes de déchets radioactifs, voire des territoires sacrifiés pour des générations, est un choix qui ne supporte ni la légèreté ni l’habileté. On n’a plus le droit de se défausser. Si un candidat n’est pas prêt à s’engager sur cette question majeure, à quoi bon être ­candidat ?

L’article complet : http://www.politis.fr/Un-referendum-sur-la-sortie-du,15973.html

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