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Publié le 1 février, 2012

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Revue de presse : Rapport de la cour des Comptes sur le nucléaire

Rapport de la cour des Comptes : « le mythe du nucléaire pas cher s’effondre », selon Eva Joly

PARIS (AFP) – La candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, a salué mardi le rapport de la cour des comptes sur le coût du nucléaire, estimant qu’il donnait de « très solides arguments » pour la sortie du nucléaire, en faisant s’effondrer « un dernier mythe », celui d' »une énergie pas chère ».

« Je salue ce rapport et l’effort de transparence qui est réalisé », a déclaré Mme Joly lors d’une conférence de presse, jugeant que la cour des comptes y « donne de très solides arguments » pour une sortie du nuclaire.

Selon la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts, après le « mythe de l’indépendance énergétique » et celui « de la technologie sûre », avec ce rapport « c’est le mythe du nucléaire énergie pas chère qui s’effondre ».

Selon ce document, « lorsqu’on tient compte de l’ensemble des dépenses (…) le coût du mégawatt/heure » produit par le nucléaire se situe « entre 70 et 90 euros, un prix égal ou supérieur au prix des énergies renouvelables », a détaillé Mme Joly.

« Ce rapport nous apprend également que pour prolonger la durée de vie des centrales de 40 à 60 ans il va falloir investir 50 milliards, qui s’ajoutent aux 10 milliards nécessaires pour mettre les centrales aux normes Fukushima », ce qui fait « un montant global de 60 millards », a-t-elle aussi argumenté.

De surcroît, a-t-elle noté, « en investissant ces 60 milliards nous ne sommes pas sûrs que les centrales puissent continuer à fonctionner car aujourd’hui personne ne sait si les cuves (des centrales) qui sont construites pour 40 ans peuvent être prolongéeee jusqu’à 60 ans ». « Les cuves ne sont pas échangeables, on ne peut pas les réparer, c’est point le plus vulnérable et aujourd’hui deux de nos centrales ont des micro-fissures dans les cuves », a poursuivi la candidate.

Ce rapport souligne aussi « combien le coût du démantèlement est aléatoire », a-t-elle jugé.

« Il y aura un avant et un après rapport de la cour des comptes en matière nucléaire « , a pour sa part déclaré Denis Baupin, membre du comité stratégique d’EELV.

Pour lui, « l’enseignement le plus évident, c’est que cette stratégie énergétique de la France fonctionne à l’aveuglette: on ne sait rien sur le coût du démantèlement, sur la gestion des déchets, on sait très peu de choses en ce qui concerne les conséquences d’un accident nucléaire » et « sur ce qu’il faut faire pour mettre aux normes les centrales en matière de sécurité post-Fukushima ».

Avec ce rapport, on sait que « le nucléaire a mangé son pain blanc et que sa poursuite coûtera plus cher que ce qu’il a coûté jusque-là » et il faut donc organiser « un débat transparent, contradictoire » sur le choix entre la sortie ou la poursuite du nucléaire, a dit aussi M. Baupin.

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Le dogme du nucléaire pas cher est brisé, disent ses opposants

PARIS (Reuters) – Le rapport de la Cour des comptes publié mardi en France brise le dogme du « nucléaire pas cher » et balaie les vertus supposées de l’atome, estiment des écologistes, centristes et membres de la gauche radicale.
L’étude souligne que prolonger la durée de vie des centrales nucléaires au-delà de 40 ans semble inévitable sauf à accepter des investissements difficilement réalisables ou une baisse de la consommation d’électricité.

Dans l’hypothèse d’une durée de vie de 40 ans et d’un maintien de la production à son niveau actuel, il faudrait « un effort très considérable d’investissement équivalent à la construction de 11 (réacteurs de type) EPR d’ici la fin de 2022 », écrit la Cour.
En tenant compte des dépenses de recherche, publiques et privées, qui représentent 55 milliards d’euros, le montant total des investissements passés ressort à 188 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter les futures dépenses de démantèlement des 58 réacteurs du parc actuel, estimées à 18,4 milliards.

Dans un communiqué, le ministre de l’Industrie, Eric Besson, assure qu’au vu de ce rapport, le coût de l’électricité d’origine nucléaire « reste nettement inférieur à celui des autres sources de production dans toutes les hypothèses et quelle que soit la méthode de calcul. »

Selon lui, la première conclusion de ce rapport « est que le mythe du coût caché du nucléaire s’effondre. » « La deuxième c’est qu’il y a certes des incertitudes sur les coûts du démantèlement et des déchets, que nous nous efforçons d’ailleurs de réduire, mais surtout que ces incertitudes ne font évoluer que marginalement le coût du nucléaire », ajoute-t-il.

Mais pour l’Observatoire du nucléaire, un organisme indépendant, l’étude de la Cour des comptes marque « la fin de 50 ans de mensonges » des promoteurs de l’atome « qui n’ont cessé de prétendre que l’électricité d’origine nucléaire était de loin la moins chère. »

« Ce rapport fera date car il confirme le coût faramineux du nucléaire futur », souligne l’adjoint au maire écologiste de Paris, Denis Baupin, sur son blog.

« Qu’on choisisse de prolonger la durée de vie des réacteurs existants (en les sécurisant et en tentant de les faire tenir dix ou vingt ans de plus), ou que l’on choisisse de construire des réacteurs de nouvelle génération EPR pour les remplacer, le coût du kWh produit sera près de deux fois plus élevé que le prix artificiel actuel », ajoute-t-il.

INCERTITUDES SUR LE CHIFFRAGE FUTUR

Greenpeace estime pour sa part que le « verdict » de la Cour des comptes « est sans appel pour l’EPR », puisque le mégawattheure produit par Flamanville « coûtera entre 70 et 90 euros, soit aussi cher que l’éolien terrestre. »

« De quoi sérieusement compromettre l’avenir de ce type de réacteurs », dit l’organisation dans un communiqué.

Jean-Luc Bennahmias, vice-président du MoDem de François Bayrou et écologiste, estime lui aussi que le rapport de la Cour des comptes « vient ouvrir une nouvelle brèche dans l’argumentaire du gouvernement et des opérateurs. »

« Le nucléaire coûte cher – les investissements déjà réalisés sont de l’ordre de 228 milliards d’euros – et cela ne risque pas de s’arranger », écrit-il.

Il souligne que la Cour des comptes « fait état des incertitudes qui règnent quant au chiffrage des investissements et opérations futures. »

« Combien coûte le démantèlement ? A combien s’élève la gestion des déchets radioactifs ? Ou encore, à combien reviendra la prolongation de la durée de vie des centrales ? », demande-t-il.

Pour le Parti de gauche, tous ces éléments sont « autant d’arguments à prendre en compte pour le grand débat citoyen » que le Front de Gauche et son candidat à la présidentielle, Jean Luc Mélenchon, appellent instamment sur la politique énergétique de la France.

Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser

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« La fin du mythe du nucléaire bon marché »

NOuvelObs – Créé le 31-01-2012 à 18h12 Par Morgane Bertrand

Le rapport de la Cour des comptes sur le coût de la filière nucléaire est considéré à gauche comme un point de repère salutaire.

Serge Orru, directeur général du WWF, jubile. Ce rapport de la Cour des comptes sur le coût de la filière nucléaire, c’est lui qui l’a arraché au Président Nicolas Sarkozy, à la surprise de tous, lors d’un déjeuner avec les grandes associations environnementales à l’Elysée le 2 mai dernier. Il raconte :
A la fin du repas, Sarko venait de raccrocher avec Carla, il était tout ému. Il m’a dit : ‘Oui, bien sûr, le nucléaire mérite la transparence’. L’assemblée avait les yeux écarquillés ! »
Un document de référence

Rendu public après huit mois de travail, ce rapport doit faire taire les fantasmes sur le nucléaire. Sorte de « base de données » selon le premier président de la Cour des Comptes Didier Migaud, il doit civiliser un débat ouvert aux explosifs par la catastrophe de Fukushima et resté depuis passionnel.

Pour Serge Orru :
Le temps est venu de sortir de la guerre des tranchées. On est enfin entrés dans le débat. EDF ne peut plus être juge et partie. Tout le monde écolo va s’en emparer pour demander des audits indépendants. Sur le démantèlement, le stockage des déchets, les investissements à réaliser sur le réseau, l’impact environnemental… »

Au QG de François Hollande, le député PS François Brottes, en charge des questions énergétiques pour le candidat du PS, se félicite également de ce « document de référence ».
La fin du « mythe du nucléaire bon marché »

Dans les rangs d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), le rapport est la preuve qu’il est urgent de sortir du nucléaire. Selon Denis Baupin :
Il réévalue le coût du MWh de 20%, il constate qu’on ne connaît pas le coût du démantèlement, ni celui de la gestion des déchets, que les assurances sont sous-dimensionnées par rapport à la réalité d’un accident… Et par-dessus tout que le nucléaire coûtera plus cher que par le passé! On est face à des paris financiers d’une ampleur considérable, bien plus risqués que les mesures que prône EELV, à savoir le développement des économies d’énergies et des énergies renouvelables. »

Michèle Rivasi, députée européenne EELV, abonde : « On a la confirmation que le nucléaire coûte très cher, et que l’EPR coûte plus cher que l’éolien ». Selon les écologistes, un mégawattheure (MWh) à 90 euros – somme estimée par la Cour des comptes pour l’EPR de Flamanville- n’est guère plus cher que le MWh éolien.

Le débat sur le bon mix énergétique est ouvert

Dans son rapport, la Cour des comptes ne privilégie aucun scénario de mix-énergétique. Mais l’un d’eux se dessine : celui de la prolongation de la durée de vie des centrales, solution la moins coûteuse financièrement. Denis Baupin le dénonce :
Les autorités françaises ont pris une décision implicite : en n’investissant pas suffisamment pour produire des EPR au rythme nécessaire, elles ont décidé tacitement de prolonger la durée de vie des centrales. Sans que le Parlement ne soit jamais consulté. »

Christian Bataille, député PS, membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et défenseur de la filière du nucléaire, y voit surtout des avantages :
Mieux vaut pousser les centrales jusqu’à 50 ans car l’étalement des fermetures se répercutera plus faiblement sur le coût du KWh. Ensuite, le problème est de savoir si nous aurons les financements pour remplacer les centrales par des EPR, ou si nous irons vers des centrales à gaz, moins coûteuses financièrement mais plus coûteuses pour le réchauffement climatique. »

François Brottes, pour sa part, estime que le rapport de la Cour des Comptes conforte le scénario de François Hollande, qui prévoit de passer de 75% à 50% d’énergie nucléaire d’ici 2025 :
Ce rapport montre que la question du renouvellement du parc est incompatible avec la non décision. Il conforte donc la position de François Hollande, qui s’engage sur les économies d’énergie, dans l’habitat notamment, et sur le lancement des filières du renouvelable quand le gros du parc aura atteint les 40 ans. On sera alors à maturité pour décider de la suite. »

Trancher en 2025 ? Voilà qui n’est pas franchement de l’avis de Michèle Rivasi :
C’est la solution la plus chère, parce qu’elle ne fait pas de choix. Des économies d’énergie, une réduction du parc nucléaire actuel, la construction d’un EPR… A force de ne pas franchir le Rubicon, Hollande risque de tout faire mal. »

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