Rapport sur les nouvelles mobilités sereines et durables : une autre automobile est possible

J’ai remis le 13 mai dernier à la ministre de l’écologie Ségolène Royal un rapport sur « Les nouvelles mobilités sereines et durables: concevoir et utiliser des véhicules écologiques », un rapport dont la charge m’a été confiée, ainsi qu’à la sénatrice (UMP) Fabienne Keller, par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Nos préconisations ont vocation à venir enrichir la future loi sur la transition énergétique, sachant que la mobilité est un levier majeur pour diminuer nos consommations énergétiques et nos émissions de gaz à effet de serre.

Pourquoi ce rapport?

Je suis, comme chacun sait, un fervent partisan du développement des transports collectifs et des modes de déplacements doux comme le vélo. Mais je pense que ces modes de déplacements vertueux ne peuvent combler à eux seuls les besoins de mobilité. Beaucoup de gens ne peuvent se passer d’un véhicule, notamment dans les zones périurbaines en plein développement. Mais le modèle automobile tel qu’il existe actuellement est totalement inadapté : trop gros, trop consommateur, trop cher à l’achat et à l’usage, trop polluant, trop encombrant….. Absence de prise en compte des impératifs de préservation de l’environnement, (pollution de l’air et dérèglement climatique) et de la santé, mais également des impératifs sociaux pour les automobilistes qui voient leurs dépenses d’achat, d’entretien et de carburant amputer leur pouvoir d’achat : le modèle actuel du véhicule a atteint ses limites et les conséquences en sont tangibles pour la filière automobile confrontée à une crise majeure et ses salariés menacés par des plans sociaux massifs.

Pourtant une autre automobile est possible….

Le modèle automobile est aujourd’hui face à une mutation qui peut s’apparenter à celle du passage de la machine à écrire à l’ordinateur. Car le domaine du possible s’est élargi avec la multiplication des options techniques (motorisation, taille, poids) et les nouvelles technologies de l’information et de communication.

Ce rapport, rédigé après plus d’un an d’auditions d’un grand nombre d’acteurs, explore énormément de pistes et formule une centaine de recommandations que l’on pourrait synthétiser ainsi :

Il faut faire évoluer le modèle automobile, en soutenant les innovations en matière de véhicules de petite taille, faisant le lien entre 2 – 3 -4 roues, utilisant des carburants renouvelables avec une moindre consommation et une moindre occupation de l’espace. Au-delà de ces évolutions sur le plan technique, l’un des enjeux majeurs est également la meilleure occupation des véhicules. Nous proposons donc de fixer un objectif national de 2 personnes par voiture qui soit au même niveau d’ambition que celui des 2 litres au 100 km fixé par le Président de la République. Co-voiturage, autopartage sont clairement des voies à privilégier.

Il faut donner dès maintenant des avantages aux pionniers : fiscalité incitative aux carburants alternatifs (gaz, électricité, hybride, agrocarburants de 2^ème ou 3^ème génération), voies de circulation réservées en ville aux véhicules sobres ou au co-voiturage, tarification préférentielle sur les routes à péage, stationnement moins cher, etc.

Enfin, selon nous, il faut raisonner en termes de complémentarité des modes de déplacement et non de concurrence, et organiser cette complémentarité pour permettre une multiplicité de choix adaptés aux différents besoins. Cela passe outre par des offres diversifiées et économes de mobilité par des dispositifs de tarification multi-modaux, la création de hubs multimodaux, etc. Il faut également privilégier l’utilisation optimale des infrastructures existantes (ferroviaires, routières, etc) à la construction d’infrastructures nouvelles, par exemple par des voies réservées aux véhicules les plus écologiques (transports collectifs, covoiturage, voitures sobres ou à motorisation basée sur des énergies renouvelables…).

Pour consulter le rapport sur le site de l’Assemblée nationale ou autre lien