Polluer nuit gravement à la santé - Denis Baupin

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Publié le 26 août, 2009

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Polluer nuit gravement à la santé

Le 15 juin 1999, une étude européenne réalisée en France, en Autriche et en Suisse, intitulée « les coûts sanitaires de la pollution de l’air due au trafic automobile » est publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est une véritable bombe. Chiffres à l’appui, l’OMS révèle que l’exposition à long terme des adultes âgés de plus de 30 ans à un air pollué par le trafic automobile entraîne 21 000 morts prématurées par an, de maladies respiratoires ou cardiaques. Surtout, souligne l’étude : « C’est plus que le nombre de morts par accidents de la route dans les trois pays étudiés. » Pour la première fois, une étude fournit une estimation des effets sur la santé d’une exposition, quotidienne et à long terme, à une pollution due aux particules fines, réputées cancérigènes, contenues notamment dans les gaz d’échappement des moteurs diesel.

Les auteurs de l’étude comparent les dégâts consécutifs à la pollution de l’air et celle liée exclusivement au trafic automobile. On y apprend ainsi qu’en France le nombre annuel total de décès anticipés attribuables à la pollution s’élève à 31 692 et que la mortalité est de 17 629 pour la seule pollution automobile. C’est le double des morts par accidents de la route.

Même si les chiffres de l’OMS doivent être pris avec précaution, les écologistes montent immédiatement au créneau. « La sécurité routière a été déclarée priorité politique nationale, la lutte contre la pollution de l’air doit aussi devenir une priorité majeure sanitaire et environnementale des pouvoirs publics au niveau national comme au niveau local », lance à l’époque Denis Baupin, porte-parole des Verts. Le mouvement écologiste propose même la création d’un fonds de lutte contre la pollution de l’air abondé par l’accroissement annuel de la fiscalité sur le gazole. Il ne verra pas le jour.

FILTRATION

Chez PSA, on se souvient toujours dix ans plus tard de cette étude et aussi de la place que Le Monde lui avait accordée… « C’est précisément à ce moment-là que Jean-Martin Folz (nommé président du directoire) a décidé qu’il fallait installer des filtres à particules (FAP) sur tous les véhicules diesel », rappelle Hugues Dufour, au service communication du constructeur. Ce système de filtration permet d’éliminer les fines particules. En mai 2000, il est lancé sur la Peugeot 607. Neuf ans plus tard, 3,2 millions de véhicules équipés de ce système ont été produits par PSA, faisant de lui le leader mondial de cette technologie.

Mais dix ans plus tard, la pollution aux particules fines reste préoccupante. « Les particules présentent un casse-tête difficile à régler puisque leur origine, parfois lointaine, leur formation et leur composition sont mal connues », souligne Philippe Lameloise, le directeur de la société Airparif.

Pour Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie, « les particules fines seront à l’avenir l’un des plus gros problèmes à gérer en matière de qualité de l’air car elles sont responsables de 30 000 décès prématurés en France et 300 000 en Europe, et touchent les plus fragiles ». Selon l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), le niveau de particules dans l’air n’a pas baissé depuis des années, en dépit des actions entreprises sur les pots d’échappement ou dans les usines. « On peut estimer que sur 90 % de l’année, la population aura été soumise au quotidien à un niveau de particules fines trop important au regard de ce que préconise l’OMS », déclarait récemment M. Baupin.

En 2007, sept constructeurs automobiles japonais, dont Toyota, Nissan et Mazda avaient accepté d’indemniser des victimes de la pollution atmosphérique à hauteur de 1,2 milliard de yens (7,4 milliards d’euros à l’époque). Plus de 500 plaignants habitant à Tokyo avaient demandé à la justice de reconnaître que les maladies respiratoires dont ils souffraient étaient causées par les émanations des moteurs diesel. L’automobile n’est pas le seul responsable des émissions de particules fines. Selon les données 2007 du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les particules fines sont émises par plusieurs facteurs : les combustions industrielles (30 %), l’agriculture (30 %) ou les transports routiers (11 %)…

Le bonus-malus « vert » pour les voitures neuves, introduit le 1er janvier 2007, pour doper les ventes de voitures propres qui émettent moins de 130 grammes de CO2 au kilomètre, a beaucoup profité aux véhicules diesel qui en émettent peu.

Le gouvernement a décidé de s’attaquer aux particules fines. L’objectif est de réduire de 30 % en 2015 la teneur de l’air en particules fines. Le « plan particules », doté de 12 millions d’euros sur cinq ans, devrait permettre de mieux comprendre leur fonctionnement et leur nuisance. Enfin, à partir de septembre 2009, la norme Euro 5 adoptée par le Parlement européen imposera l’installation d’un filtre à particules sur tous les nouveaux véhicules diesel. En 2011, tous les véhicules, même ceux lancés avant septembre 2009, devront s’y conformer.

Nathalie Brafman

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