Publié le 7 juillet, 2010
0Paris veut aménager les voies sur berges, le préfet calme ses ardeurs
PARIS – Le débat a été houleux mardi au Conseil de Paris sur l’aménagement des berges de la Seine, le préfet de police émettant en plus des réserves sur ce projet cher au maire PS Bertrand Delanoë qui entend avoir le dernier mot sur ce dossier qui faisait partie de son programme électoral.
Après une matinée de débats, les conseillers de Paris ont voté pour l’aménagement des berges ainsi que pour une phase de concertation devant durer jusqu’à fin 2010. 98 voix ont voté pour, 57 contre, quatre se sont abstenus.
« Les bords de Seine sont un site unique au monde, classés au patrimoine mondiale de l’humanité par l’Unesco. Or sur 26 km de berges, sept sont exclusivement dédiés à la circulation automobile », a rappelé le maire dont la piétonisation des berges était une promesse de campagne avant sa réélection en 2008. Paris « doit se réapproprier son fleuve », a-t-il souligné.
La mairie veut modifier la rive droite en transformant cette « autoroute urbaine » en boulevard parisien, en limitant les files de circulation à 6 m de largeur, en y laissant de l’espace aux piétons. Rive gauche, les quais bas seront entièrement fermés à la voiture sur 2,3 km entre Solferino et l’Alma, et sur 4,5 ha il y aura des espaces pour la culture, le sport, les promenades, ainsi que des commerces, selon sa première adjointe Anne Hidalgo.
La droite est montée au créneau, le président du groupe UMP Jean-François Lamour dénonçant une « croisade destructrice et démagogique contre la voiture à Paris » et demandant au maire de « faire confiance comme (eux) à l’industrie automobile », ce qui a provoqué les éclats de rire des élus Verts.
Porte-parole sur le thème des transports au Nouveau Centre, Edith Cuignache Gallois a jugé qu' »un aménagement, réfléchi, concerté, élargi à l’ensemble des berges parisiennes, aurait pu être une très belle occasion de rééquilibrer les quartiers les plus favorisés et les autres ».
Mais la douche froide est surtout venue du préfet de police. Michel Gaudin a fait état devant le Conseil municipal de ses réserves en demandant des « approfondissements nécessaires » et des « tests de réalité ». Il a estimé que la fermeture totale aux voitures rive gauche « constitu(ait) un bouleversement nettement plus radical » et que ses « services nourriss(aient) des interrogations réelles » autour de deux axes. Le boulevard St-Germain et la rue de Rivoli auraient des capacité d’absorption « assez réduites », selon le préfet.
Les conclusions « théoriques » qui lui ont été fournies ne suffisent pas. Elles « méritent des tests de réalité », a-t-il jugé.
Bertrand Delanoë lui a répondu que « les Parisiens » l’avaient « mandaté en 2001 pour remettre en cause l’hégémonie automobile ». « Je me souviens, a-t-il dit, que lorsque nous avons fait les travaux du tramway j’étais très critiqué. Si à l’époque nous avions fait des expérimentations, on n’aurait jamais fait le tramway ».
« Je suis revenu devant les électeurs en 2008 après avoir fait cela et enlevé 20% des automobiles de Paris et les électeurs ont mandaté un projet y compris pour réaménager les voies sur berge », a-t-il rappelé au préfet, soulignant que « c’est le Conseil de Paris représentatif des Parisiens qui décidera de l’avenir des bords de la Seine ».
Adjoint Vert à l’environnement, Denis Baupin a dénoncé le fait que « dans toute autre ville c’est le choix majoritaire qui prévaut sauf à Paris ! ».
« Au regard de notre système institutionnel archaïque, le Préfet de Police dispose de fait d’un droit de veto sur une grande partie de la voirie parisienne », a-t-il encore déploré.
(©AFP / 06 juillet 2010 17h22)