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Publié le 4 mai, 2011

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Metro : Chat avec Denis Baupin aujourd’hui

Les politiques peuvent-ils encore sauver la planète ? Quel projet pour EELV en 2012 ? Posez vos questions à Denis Baupin mercredi 4 mai à 15h.

A l’occasion de la sortie de « La planète brûle, que font les politiques » Denis Baupin a chaté avec les metronautes en direct mercredi 4 mai à 15h. Vous pouvez aussi lui posez vos questions dès maintenant nous lui transmettrons.

L’intégralité du chat :

  • Moderateur : Bonjour. Bienvenue à Denis Baupin et aux metronautes, le chat va commencer.
  • Denis Baupin : Bonjour à tous et toutes

  • Mémo : Bonjour. Un livre sert-il encore face à l’urgence écologique ? Et n’est-ce pas pardoxal d’en faire imprimer un, alors que le numérique permet désormais d’économiser des arbres.
  • Denis Baupin : Dans la multitude des signaux de la société de communication dans laquelle nous baignons, on a parfois besoin de faire le point plus globalement. C’est ce que j’ai essayé de faire, tout en cherchant à pousser un cri d’alarme sur l’état dramatique de la crise, et surtout l’inaction des politiques. Quant à la question du numérique, c’est une bonne question… sauf qu’aujourd’hui il y a encore beaucoup de gens qui n’y ont pas accès /
  • Sam : Ok on ferme les centrales demain mais on remplace par quoi là de suite ? Et on fait quoi des mecs qui travaillent dans les centrales ?
  • Denis Baupin : 1) on ne ferme pas demain : on décide dès aujourd’hui d’un programme de sortie progressive (sur une génération, 20 à 25 ans) comme l’ont fait les belges et les allemands. C’est cette décision de sortie qui a permis de lancer sérieusement une politique d’économies d’énergies et d’énergies renouvelables, alors qu’en France la logique nucléaire bloque systématiquement les politiques alternatives (on l’a vu avec le solaire, l’éolien, etc.). 2) Même dans une fermeture progressive, il restera de nombreux emplois sur les sites pour gérer les déchets, organiser le démantèlement, etc. Il y a d’ailleurs une véritable filière industrielle du démantèlement à développer. 3) Les renouvelables et les économies d’énergie créent environ 7 fois plus d’emplois par euro investi que le nucléaire. En Allemagne, déjà 240 000 emplois dans les renouvelables.
  • K. : Les deux candidats Eva Joly et Nicolas Hulot semblent en retrait sur un certain nombre de points du programme d’EELV (Joly sur le taux marginal de l’impôt, Hulot sur le nucléaire ou la légalisation des drogues douces). Est-ce parce que n’étant pas écologistes de longue date, ils ne connaissent pas le programme d’EELV? Ou sont-ils en désaccord?
  • Denis Baupin : On n’en est encore qu’en début de campagne. Les candidats développent les sujets prioritaires sur lesquels ils sont interrogés. Moi-même je ne sais pas exactement tout ce qu’ils ont pu dire dans chacun de leurs déplacements, et ce n’est pas forcément ce que retiennent les médias qui permet de tout savoir de ce qu’ils disent. En tous cas, sur le nucléaire, Nicolas Hulot a pris une position très claire à plusieurs reprises depuis 15 jours : l’arrêt progressif du nucléaire. Le projet d’EELV sera de toutes façons le projet que nous défendrons en 2012 /

  • Sonja : La maison brûle et nous regardons ailleurs… On le sait depuis un petit moment. Quelles ont vos propositions pour changer concrètement les choses maintenant ?
  • Denis Baupin : Je vais avoir du mal à résumer un livre de 335 pages dans un Chat ;-). Car dans ce livre, je tire un signal d’alarme mais je fais aussi beaucoup de propositions : des propositions globales (une révolution énergétique, une politique industrielle, construire une économie qui ne soit plus basée sur la croissance, une nouvelle philosophie de vie moins consumériste, une solidarité planétaire entre tous les humains, une société plus robuste) et beaucoup de propositions concrètes dont un certain nombre ont déjà commencé à être mises en oeuvre par les écologistes là où ils sont élus, en terme énergétique, de transports, de solidarités, de culture, etc. Et je ne serais pas complet en ne parlant que des élus. Ce sont des multitudes d’initiatives associatives, individuelles et collectives, un peu partout dans le monde qui construisent le changement /

  • Ines : Franchement pourquoi avez-vous décidé de soutenir la candidature de Nicolas Hulot à l’élection présidentielle ?
  • Denis Baupin : Parce que je pense que c’est le meilleur candidat. Je ne le pensais pas en 2007. Mais j’ai suivi son parcours, son évolution, l’ai écouté dans des conférences, lu ses livres, vu son film, etc. et suis convaincu de ses convictions. Par ailleurs il incarne parfaitement ce que nous voulons dire à la société : vous n’avez pas forcément toujours été écologiste, mais maintenant c’est le moment de le devenir. Enfin, sa notoriété, le fait qu’il ait animé 20 ans une émission sur TF1, lui permettent de toucher un public que nous, les politiques, avons beaucoup de mal à toucher. C’est aussi une des raisons de mon livre : dire à quel point le système politique lui-même secrète ses propres impuissances. C’est aussi pour ça qu’on a besoin de quelques coups de pieds dans la fourmillère. /

  • Busho : EELV est plutôt de gauche… donc je ne comprends pas bien comment un mec qui ne s’est jamais prononcé comme tel pourrez vous représenter l’élection présidentielle ?
  • Denis Baupin : Ma conviction est en effet que nos alliés sont à gauche, et que les valeurs naturelles de la gauche font partie du corpus des écologistes. J’ai la conviction que c’est ce que pense Nicolas… et la confirmation en a été donnée par lui-même hier, à la fois dans son entretien où Stéphane Hessel lui a apporté son soutien, et lors du Grand Journal de Canal +. Ca ne veut pas dire qu’on signe un chèque en blanc aux organisations de la gauche traditionnelle ! Pour travailler avec eux depuis 10 ans à Paris, je sais à quel point leurs logiciels intègrent difficilement la contrainte et la logique écologiques. C’est donc aux électeurs de leur faire passer le message qu’on veut vraiment de l’écologie dans la politique qui sera menée entre 2012 et 2017. Ils peuvent le faire avec leur bulletin de vote /

  • Ggég : Les relations entre Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit se dégradent. Vous êtes de quel côté ? Vous ne craignez pas que ça donne une mauvaise image du parti ?
  • Denis Baupin : Si ! Je le crains. C’est pour cela que j’aurais souhaité qu’on évite la division et qu’on se rassemble derrière Cécile. Dany dit d’ailleurs que son leadership n’est pas en question. Et en dehors de l’éventuelle question de la présence des écologistes à la Présidentielle (Dany semblant s’interroger sur la question), je ne vois pas de vrai désaccord stratégique. Mais le droit de déposer des motions fait partie du débat démocratique. Dont acte du dépôt de plusieurs motions. Pour ma part, afin de consolider l’écologie politique à moins d’un an de la Présidentielle, je soutiens Cécile qui a assuré dans la transition vers notre nouvelle organisation politique, qui sait rassembler, et qui incarne l’avenir. /

  • Nric : Votre livre est préfacé par Nicolas Hulot, vous êtes la tête et lui les jambes ?
  • Denis Baupin : ;-))) J’ai été très honoré qu’il accepte d’en faire la préface, et ce qu’il y dit. Je crois qu’il l’a accepté pour adresser le signal qu’il reprend à son compte ce que font aujourd’hui les élus écologistes comme exemple de ce que peuvent faire des écologistes en responsabilité. A part ça, je vous confirme que non seulement Nicolas a des jambes, mais aussi une tête bien faite ;-))

  • Malop : J’ai vu sur twitter, votre indignation face aux réfugiés tunisiens… Mais quelles solutions soutenez-vous ?
  • Denis Baupin : Le premier élément est de remettre la question à sa juste place : on nous dit que 20 à 25 000 Tunisiens entrent en Europe. Dans le même temps, la Tunisie accueille 250 000 réfugiés libyens ! On doit être capables de prendre notre part à l’aide à la transition démocratique dans ce pays, non ? Surtout après l’aide qu’on a apporté à Ben Ali si longtemps. Par ailleurs, plus globalement, on a à s’interroger sur la dette que nous avons vis-à-vis des pays du Sud de la planète que nous avons si longtemps exploités et que nous continuons d’exploiter pour leurs ressources. Si nous voulons éviter que les gens émigrent, il faut leur permettre de vivre dans de bonnes conditions dans leurs propres pays, par exemple en assurant leur souveraineté alimentaire plutôt que de les faire dépendre de la spéculation sur les prix des denrées et l’accroissement des prix du pétrole. Je ne prends pas souvent pour référence l’Eglise catholique, mais puisque le Premier ministre de la France a cru bon de se rendre à la béatification de JP2, il aurait pu écouter que même Benoit 16 dit qu’on a un devoir de solidarité et d’humanité pour l’accueil ! /

  • Moliette : A part crier au loup, que faites vous concrètement ?
  • Denis Baupin : Moi, personnellement ? Je crois, depuis 10 ans, contribuer à faire évoluer la ville dans laquelle je suis élu. On y a réduit de 25 % la circulation automobile, et donc la pollution et les gaz à effet de serre, on y a créé vélib, mis en place le tramway, créé des couloirs de bus, des pistes cyclables, des trottoirs élargis, des boulevards réaménagés, on isole thermiquement les écoles et les logements sociaux, on va réduire la consommation énergétique de l’éclairage public, on développe les énergies renouvelables, on vient de créer une agence parisienne du climat, etc. J’ai bien conscience que tout cela n’est qu’une goutte d’eau, et c’est justement parce qu’il faut amplifier le mouvement que j’écris ce livre, et que j’aurais souhaité qu’à Copenhague par exemple les politiques prennent leurs responsabilités. /

  • Yano : Ca consiste en quoi exactement le Paris durable ?
  • Denis Baupin : Ca consisterait en une ville où l’empreinte écologique de chaque habitant soit de « 1 ». C’est-à-dire de diviser par 3 nos gaspillages et nos surconsommations, car si aujourd’hui tout le monde vivait comme un Parisien, il faudrait 3 planètes. Mais ça consiste aussi à réduire les inégalités insupportables dans cette ville parmi les plus riches du monde, et où pourtant des gens meurent encore dans la rue. La responsabilité première est celle des politiques qui doivent modifier les règles du jeu, le mode de développement de nos sociétés qui organise le gaspillage et les inégalités. Mais on n’y arrivera que si, en même temps, chacun prend sa part en changeant ce qu’il peut changer de ses comportements. Et nous devons y aider. C’est pour cela qu’on a lancé les « Acteurs du Paris Durable ». Allez voir sur le site pour plus d’infos /

  • Ali : Un récation à la mort de Ben Laden ?
  • Denis Baupin : Forcément on ne va pas pleurer la mort de cet horrible personnage, même si j’aurais préféré qu’il soit arrêté et jugé. Mais de mon point de vue ça n’est que la partie immergée de l’iceberg. La question qu’on doit se poser est de savoir comment on en est arrivé à une situation où des jeunes gens acceptents de devenir kamikazes, de se faire exploser, ou de se jeter sur des immeubles en avion. Ma conviction est que l’accumulation des injustices, des pauvretés, mais aussi des humiliations, de ces idées de « guerre des civilisations » y sont pour beaucoup. Il faut mettre fin au terrorisme, mais je pense qu’on n’y arrivera pas par la force, mais plutôt par plus de justice /

  • Sylvaine.Gouzelle : Politiques et crise planétaire… Vous soutenez N. Hulot contre E. Joly, mais n’est-il pas celui qui a le plus contribué à dépolitiser la question écologique ces dernières années, avec son gentil Pacte que tout le monde voulait bien signer ? Parler du bilan positif de Sarkozy, n’est-ce pas une énorme c… quand on veut défendre l’écologie politique ?
  • Denis Baupin : C’est justement parce que Nicolas Hulot fait le bilan de cette expérience qu’il a décidé de passer à une nouvelle étape : non plus influencer de façon « consensuelle » de l’extérieur, mais réellement s’engager dans l’arène. Il est certain qu’en 2007 je faisais partie de ceux qui criaient « casse-cou » face à son initiative. Mais paradoxalement, elle a permis de montrer qu’on ne pouvait rien attendre de politiques qui considèrent l’écologie uniquement comme un supplément d’âme, un outil clientéliste de plus, et qui finissent par dire « l’environnement ça commence à bien faire ». C’est parce que Nicolas Hulot tire le bilan de cela qu’il a fermé la porte à toute possibilité d’entente avec la droite et fait un bilan sans concession de l'(in)action de Sarkozy /

  • Lapino : Est ce vrai que EELV exige des socialistes quatre-vingts circonscriptions réservées pour les législatives de 2012
  • Denis Baupin : Nous sommes pour la proportionnelle. C’est le mode de scrutin de la plupart des pays démocratiques. C’est celui qui permet une juste représentation des électeurs, c’est-à-dire de dire qu’un électeur écologiste a les mêmes droits qu’un électeur socialiste ou de droite, par exemple. Malheureusement, ce n’est pas le mode de scrutin en vigueur (y compris parce que les socialistes n’ont pas voulu le mettre en place). En conséquence, on envisage de passer un accord avec eux pour les prochaines élections, à la fois sur le contenu de ce qu’on ferait au pouvoir, et sur une juste représentation des écologistes à l’Assemblée. Je ne sais pas exactement ce que ça fait en nombre de circonscriptions, mais à 5% on devrait avoir une trentaine de députés, à 10% une soixantaine. Ce serait ça la démocratie. /

  • Jack : « S’il n’ y a pas pas d’accord, je continuerai seul » a averti Nicolas Hulot en parlant de l’organisation de vos primaires (et notamment du cout de participation pour y voter). Comment vous ferez dans ce cas là ?
  • Denis Baupin : Je ne l’ai jamais entendu dire ça. Je l’ai même entendu dire exactement l’inverse. Il sait bien qu’on ne réussira pas si on est divisés. Donc attention aux intox ;-))

  • Moderateur : Le chat est terminé. Un dernier mot Denis Baupin ?
  • Denis Baupin : Merci beaucoup de ces questions qui m’ont permis d’exprimer une part de mes convictions et de ce que je crois juste pour la période qui vient. Pour en savoir plus, je ne peux que vous conseiller de lire « la planète brûle, où sont les politiques ? » aux Editions Hoebeke. Il y a encore plein d’autres choses ;-). Et puis, en 2012, faîtes le bon choix pour la planète ! Bien amicalement. Denis Baupin /
  • Moderateur : Merci à Denis Baupin et aux metronautes.
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