Publié le 17 novembre, 2008
0Mediapart : Les Verts se préparent à un congrès apaisé
L’anti-PS. A l’ombre des déchirements socialistes, les Verts sont eux aussi entrés dans leur congrès, mais gèrent la division de leurs motions avec une maturité nouvelle. Malgré des résultats similaires à ceux des socialistes, le désir de synthèse semblent résonner comme une évidence, alors qu’ils œuvrent en parallèle au rassemblement de la galaxie écolo autour de Daniel Cohn-Bendit, en vue des européennes de juin prochain.
Grand vainqueur du scrutin, la secrétaire nationale sortante Cécile Duflot a créé la surprise avec sa motion, arrivée en tête avec 27,8% des 5.068 votants. Elle loue «le climat des débats, où se sont exprimées des nuances mais pas de fracture» et y voit «un encouragement à la méthode de travail et à la construction collective».
Les proches de Dominique Voynet (25,3%) ne sont plus majoritaires, mais sont beaux joueurs. Le porte-parole des Verts, Jean-Louis Roumégas, note «la prime à la secrétaire sortante dans un contexte qui plaide pour la continuité. Elle a réussi à mobiliser davantage que ce que l’on pensait et elle a toute légitimité pour mener une synthèse à laquelle nous ne sommes pas du tout hostile».
Désormais, à deux semaines de leur congrès de Lille, les Verts vont tenter de se retrouver «autour d’une orientation qui satisfasse une majorité la plus large possible», espère Cécile Duflot. Le débat devrait porter sur «la définition d’une ligne politique claire et sans ambiguïté», explique Jean-Louis Roumégas: «OK pour le rassemblement écologiste aux européennes et même au-delà, mais il nous faut confirmer un ancrage à gauche, et avec toute la gauche. On ne veut pas de repli identitaire environnementaliste. Si nous parvenons à redevenir forts, il nous faut à tout prix refonder la dimension politique de l’écologie. Avec la crise économique qui arrive, il ne faut pas abandonner les questions sociales.»
Penser «aux luttes sociales»
Denis Baupin, arrivé en troisième position avec 14,6%, dit lui aussi son «envie de participer au rassemblement», mais pour «pour porter comme enjeux essentiels les questions de décroissance solidaire et d’empreinte écologique».
Selon l’adjoint au maire de Paris, «ce qui se passe au PS est une motivation supplémentaire et il nous faut faire en sorte d’en être l’antithèse et d’être responsable pour deux. Il va aussi falloir occuper correctement l’espace politique que vont délaisser les socialistes. Si Ségolène Royal est élue, il va y avoir un recentrage qui doit nous persuader de ne pas abandonner les luttes sociales et environnementales».
Pour Baupin, «il n’y aura pas de sang sur les murs», même pas pour se disputer la tête du mouvement, pourtant une habitude chez les Verts, habitués à changer de dirigeant à chaque congrès. «Il faut être lucide, les leaders connus ne se battent pas pour être secrétaire national, ça n’a pas la même envergure qu’au PS», ne peut-il toutefois pas s’empêcher de tacler.
Cécile Duflot évacue vite les minces suspicions qui pèsent sur elle, quant à un retour à un «ni-droite ni-gauche»: «Il n’y aura pas d’ambiguïté sur notre positionnement à gauche. L’autonomie de l’écologie politique ne méconnaît pas la nécessité de passer des alliances politiques avec les partis de gauche sur le fond, et l’écologie politique est incompatible avec la droite autoritaire et libérale.»
Si elle ne se permet «surtout pas de donner des leçons au PS on sait d’où on vient, elle regrette toutefois qu’il n’y ait pas eu d’accord entre les socialistes sur leur orientation, car il est toujours plus compliqué de discuter avec un partenaire, quand tout repose sur les épaules d’un seul».
Sereinement, les Verts exsangues à la sortie de la présidentielle ont choisi de se reconstruire, avant de se refonder, en misant sur les européennes dès leurs journées d’été d’août dernier. Ensuite, s’ils redeviennent grands électoralement (ils visent autour de 10%), il sera alors temps de se battre contre le retour des divisions.