L’Ump : une bande organisée face à la Justice
Juppé, Tiberi, Chirac, Pasqua, Villepin – Sarkozy, on ne se lasse plus d’énumérer les dirigeants Ump amenés à rendre des comptes – mais aussi à en régler – face à la Justice.
A tout seigneur, tout honneur, Jacques Chirac inaugure certes une nouvelle catégorie : celle des ex-Présidents de la République renvoyés devant les juges, qui plus est pour « détournement de fonds publics ».
Certaines bonnes âmes estimeront sans doute que, tant d’années après les fautes, il faudrait passer l’éponge, une sorte d’amnistie politico-judiciaire qui ne dirait pas son nom.
A n’en point douter, il aurait été hautement préférable que la Justice passe beaucoup plus tôt, notamment si les présumés emplois fictifs ont d’une façon ou d’une autre contribué à l’ascension politique aux plus hautes responsabilités de l’ex-Président, jetant un trouble sur la légitimité même de son accession à cette fonction. Mais ceux-là mêmes qui ont tout fait pour retarder l’échéance judiciaire sont de loin les moins bien placés pour regretter qu’elle arrive si tard !
Alors, à tout prendre, mieux vaut tard que jamais ! La lumière doit être faite, la Justice doit passer. Exonérer des dirigeants politiques de rendre des comptes serait d’autant plus insupportable dans un pays où, au nom du respect même de la loi, on renvoie des réfugiés sans défense vers un pays en guerre, où on multiplie les caméras pour surveiller les citoyens , et où aligne les uns derrière les autres des textes de loi tous plus liberticides.
Cette affaire, une de plus dans la longue liste de celles qui ont émaillé la Chiraquie et ses successeurs, illustre la façon dont le Pouvoir – notamment à la Ville de Paris – a été mis en coupe réglée au service d’un clan, fonctionnant en bande organisée. Et c’est cette logique là, plus encore que tel ou tel, qui devrait être mise en accusation.
Car la satisfaction de voir ainsi la Justice enfin saisie ne saurait dissimuler un profond malaise : et si n’émergeait de ce marécage nauséabond que ce qui fait l’affaire du Pouvoir en place, réglant ses comptes avec ses anciens amis ? Et si c’était la Justice elle-meme qui était instrumentalisée, par le choix même de ce qui est jugé et de ce qui ne l’est pas ?
Il suffit de voir le regard gourmand d’un Pasqua, sous-entendant au 20h d’une télévision publique qu’il pourrait lâcher beaucoup de noms – ou avant lui un Président de la République désigner les « coupables » avant même la tenue d’un procès – pour mesurer à quel point certaines moeurs politiques aux plus hautes responsabilités nous ont éloigné et nous éloigne encore d’une « République exemplaire » décidément reléguée aux artifices de discours de campagne.
Denis Baupin
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